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Expéditions

Auteur

Valerian Mazataud

Hier, au moment d’aller nous coucher, la neige s’est mise à tomber, encore ! Au réveil, un pied de neige fraiche nous attendait alors que le soleil se décidait enfin à sortir. La neige a pris tout le monde par surprise, car elle n’était pas annoncée avant notre départ de Sunridge.

Au déjeuner de ce matin, nous devions donc nous préparer pour une grosse journée où il allait falloir tracer notre propre route. Pour l’énergie, rien de tel qu’une bonne alimentation de coureur des bois : lard, patates, pancakes, muffins anglais…

Le départ s’effectue en trois groupes très espacés, afin de laisser assez de distance à ceux qui ouvriront la piste. Aujourd’hui, c’est le groupe dans lequel je me suis retrouvé, en compagnie de Noah, Merceades, Étienne et Nicolas. Quelle épopée… Devant le premier traineau, Seppe ouvre la route avec ses grosses raquettes aux pieds, et nous nous engouffrons à sa suite dans l’étroit sentier de neige épaisse bordé de haute murailles de pins aux branches enneigées.

La route d’aujourd’hui est la plus vallonnée depuis le début de notre aventure. Parfois il nous faut monter pendant plus de 30 minutes ! Sur les 23 km que nous avons parcouru, il me semble que nous avons dû pousser les traineaux au moins la moitié du temps. Et pas question de rester assis, conducteur et passager sont tous deux debout derrière le traineau, prêts à courir, et si jamais on est pas assez rapide au gout des chiens, le leader se retourne pour nous regarder, l’air de dire : « au travail fainéants ».

Tous les jours nous changeons d’attelage, pour le plus grand plaisir de Merceades qui « adore rencontrer de nouveaux chiens », mais pas forcement pour Dawson qui confie, en blaguant, « la seule chose de ce voyage que je ne veux pas rapporter chez moi, c’est les odeurs ! »

Les odeurs des chiens font pourtant partie intégrante de nos tâches quotidiennes. Munis d’une bêche, d’un seau et d’une pelle, il faut ramasser matin et soir les quelques kg de crottes produits par nos moteurs à fourrure. Pour nous assurer que les chiens aient leur dose de sommeil réparateur, nous leur fabriquons de petites litières en paille dans lesquelles les moins poilus peuvent s’enfoncer jusqu’au cou pour ne pas avoir froid. Cette nuit, on annonce -27°C!  Bien sure il faut également nourrir toute la petite troupe, deux fois par jour en leur distribuant leur ration de 2,5 livres de poulet broyé et congelé. Ça ressemble à de grosses barres granola, mais en beaucoup moins appétissants…

Voilà nous en sommes déjà à la moitié de cette expédition. Le temps passe vite et nous avons le sentiment d’avoir laissé derrière nous nos mondes respectifs, nos habitudes, nos attitudes, nos soucis.

Nous avons parlé à ceux à qui nous ne pensions pas parler, nous avons échangé sur tout et sur rien, avons poussé des traineaux ensemble, charrié des troncs d’arbres. « J’aime la complicité de groupe qu’on a développé » souligne Étienne. Et c’est vrai, la neige semble avoir enseveli nos préjugés pour ne laisser qu’un groupe de voyageurs unis dans la nature.

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