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Mélanie Villeneuve

En ce beau samedi après-midi, nous venons tout juste de poser les pieds au deuxième campement après 13 km. Mais tout d’abord je me permet de revenir un tantinet à notre première nuit en camping d’hiver.

Évidement, comme dans toutes activités il y a des vétérans et des initiés. Julien dans sa plus grande délicatesse s’assure que cette nuit ne sera pas trop déstabilisante et surtout sécuritaire pour tous.

Dans le calme les participants se réfugient dans leur tente, afin d’y installer leur petit nid, le plus douillet possible.

Après avoir goulument englouti un repas bien chaud, naturellement les participants se rassemblent autour d’un petit feu rustique. Il s’installe à cet instant la détente, la rigolade et quelques anecdotes marquantes de la journée.

Pendant ce temps, les plus vaillants se sont affairés à la tâche moins commune, la vaisselle de banquise.

L’heure du coucher est un moment paradoxal : remplie de bonheur d’étaler enfin ce corps debout depuis 5h45 et en même temps une logistique sans fin pour s’assurer de ne pas avoir à chercher trop pendant la nuit. Un baume à lèvres dans une poche, une tuque dans l’autre, des bas chauds au fond du sac de couchage au cas où, ma doudoune en guise d’oreiller, des barres tendres près du corps, des bouchons pour aider au roupillon, la lampe frontale pour les besoins moins banals (comme se lever 2 fois dans la nuit pour aller au bloc sanitaire)… J’oubliais : à titre de bouillottes, une Nalgene remplie d’eau chaude entre mes 2 cuisses et l’autre aux pieds.

J’installe mon sac de couchage. Un prêt que la fondation a obtenu auprès des Forces. Il s’agit d’un sac de militaire qui me permet d’être confortable jusqu’à -40. Franchement je me suis sentie comme une vraie comando déterminée à faire dodo et vaincre les impondérables de la nuit.

Nous sommes debout assez tôt en ce samedi matin! Se faisant attendre, le roi soleil nous présente son plus beau pilier. La foule admiratrice de ce spectacle unique, que la ville se garde de nous offrir. Un super dejeuner café gracieuseté de café Cambio, oeuf à l’espagnol et fèves au lard (je redoute la promiscuité de la tente ce soir…).

Les troupes se préparent. La journée s’annonce parfaite pour glisser. La luminosité, la chaleur, ces doses vitaminées qui ont tout pour ravir les marcheurs.

Un arrêt pour diner. Mario nous confie que même si on n’a pas soif, on boit et même si on n’a pas faim, on mange. Moi qui a pour habitude d’être à l’écoute de mon corps, je bois donc les conseils d’un expert et enfile des succulentes grignotines riches, variées et équilibrées. Julien nous ramène en nous spécifiant que si nous ne voulons pas avoir de retard sur le coucher de soleil, le diner sera de 30 minutes.

On en profite pour soigner les petits pieds qui tranquillement nous font savoir qu’on les exploite.

On reprend la marche. Pour ma plus grande joie, Julien nous propose de débuter les 30 prochaines minutes.en silence. La gratitude m’envahit. Habiter ce noble territoire dans le plus grand silence est un honneur.

Les pas croustillants, les traîneaux lancinants m’ hypnotisent. Je pars rapidement en introspection. Une énergie envahie ce mur de marcheurs. J’ai l’impression de faire une sieste debout tant c’est reposant. La plupart apprécie, tandis que d’autres commencent à chuchoter que le 30 minutes est terminé.

Le second campement nous attends au bout de 13 km. Quel bonheur, ce n’est pas un mirage! Je vous avoue que plusieurs facteurs nourrissent mon épuisement. Douleur lombaire, douleur aux pieds, gestion du moral, le poids du traîneau. La haie d’honneur organisée par l’équipe est fidèle à nous attendre, nous sourire et nous faire savoir que l’on est hot.

Quelle fierté m’habite, j’ai juste le goût de pleurer. Je le fais, discrètement.

Je suis gelée de tout le corps. Rapidement il faut vite se changer et générer une nouvelle chaleur. L’équipe se mobilise à m’installer confortablement pour que je rédige une correspondance pour vous, chaise, chauffrette, je suis aux petits soins.

J’ai mangé ma soupe chaude. J’attends le reste du repas. Je dois quitter pour poursuivre ce soir. Événement spécial : témoignages sous la tente.

Allez, on se reparle plus tard!

Mélanie Villeneuve, blogueuse pour la fondation Sur la pointe des pieds