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Expéditions

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Jean-Mathieu Chénier

Le ciel gris peut bien nous passer dix pieds au-dessus de la tête car après plusieurs mois d’attente, voire des années, c’est ce matin que nous nous rencontrons finalement en personne. Enfin! Notre groupe composé de neuf femmes dans la trentaine et des membres de l’équipe de la fondation Sur la pointe des pieds sont plus que prêts pour cette première expédition d’aventure thérapeutique en contexte de pandémie. Pour l’occasion, rien de mieux que de se lancer dans un tout nouveau projet et découvrir les plaisirs et bienfaits de la pêche à la mouche sur la rivière Escoumins.

La route fait elle aussi partie de l’aventure

Nous étant tous rejoints à Québec jeudi soir 1er juillet, nous avons encore plusieurs heures de route devant nous avant d’arriver à notre campement. Cela étant dit, les liens entre nous n’attendent pas le départ des mini-fourgonnettes pour rapidement commencer à se tisser au travers de nos échanges sincères et de nos rires contagieux.

Une fois en chemin en ce vendredi matin, la route est aussi belle à voir que la chimie naissante entre les différentes équipes de transport. Chaque petite chose semble une raison valable pour se réjouir. Allant de l’arrivée tardive du soleil réchauffant nos visages, en passant par l’image de Louis le logisticien, un véritable colosse, utilisant la minuscule toilette du restaurant Fourchette et vinaigrette. Sans oublier les eaux turquoise du fleuve à la hauteur du Cap à l’aigle et la majestueuse traversée de l’estuaire du Saguenay. Monica, qui en est à sa première expérience de traversier, nous confie même se croire en croisière sur le bateau.

Force est de croire que notre aventure part dans la bonne direction.

Les intéressantes similitudes entre la pêche et l’artisanat

Arrivés à la Zec de la rivière Escoumins, nous sommes pris en charge par Benoit, un moucheur professionnel dont l’amour de la pêche imprègne chacune de ses explications. De main de maître, c’est le cas de le dire, il nous confie ses trucs et astuces en nous guidant dans la confection de nos premières mouches.

Cet apprentissage d’un aspect moins connu de la pêche rappelle à Marie-Claude l’artisanat et la confection de boucle d’oreilles. Il faut cependant avouer qu’il est parfois déchirant de sacrifier l’aspect esthétique de nos leurres au profit de leur efficacité en coupant une belle plume que nous avons soigneusement placée sur nos hameçons.

Comme nous le rappelle Benoit, le premier client de la mouche n’est pas le pêcheur, mais bien le poisson. Ce n’est donc pas à nous de juger l’apparence du résultat final. Les saumons et les truites s’en chargeront avec plaisir au courant des prochains jours. 

Organiser notre un campement 5 étoiles

Le fruit de notre travail ajouté à notre arsenal de mouches qui nous a été généreusement offert, nous nous dirigeons vers le camping Rapide-Blanc en admirant les falaises et les rivières peu profondes de la Côte-Nord.

Finalement arrivés sur le site défriché spécialement pour notre projet, le montage des tentes commence avec une certaine perplexité. Admettons que plusieurs d’entre nous n’ont pas tant l’habitude de dormir dans ces petits abris. Avec un peu d’effort et beaucoup d’entraide, nous finissons tous par nous installer confortablement pour les jours à venir. Difficile de ne pas apprécier le moment malgré tout, étant donné que chacun d’entre nous jouit de sa propre tente et que nous sommes constamment émerveillés par les fleurs, les papillons et le doux rugissement de la rivière qui accompagnent chacun de nos déplacements.

Pendant ce temps, les cuisiniers du Café Chez Karl (surnom donné à notre cuisine de camp) nous ont préparé un délicieux repas. Au menu pour ce premier soir, soupe miso et pad thaï aux arachides apprêtés avec autant d’amour que de coriandre. Chez Karl commence son entreprise de séduction en donnant un grand coup et nos estomacs les en remercient.

Que la nature commence son travail

Une fois bien rassasiés et notre vaisselle bien lavée, nous nous réunissons autour du feu pour entendre Mario nous raconter les origines et les raisons d’être de la fondation Sur la pointe des pieds. Inspirés par les talents de raconteur de cette légende sur deux pattes et co-fondateur de Sur la pointe des pieds, nous terminons la soirée en partageant nos attentes et appréhensions en vue des prochains jours.

C’est donc fin prêts à laisser la nature effectuer son travail, à vivre ce retour aux sources, à entrer en contact intime avec le monde, avec les autres et avec soi que nous nous blottissons dans nos sacs de couchage à la fin de cette première journée réussie.

Jean-Mathieu surnommé l’ours polaire par les participantes

Blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds