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Expéditions

Auteur

Jean-Charles Fortin

Ouf… Quelle nuit nous avons passée! Le temps chaud et humide de la journée de dimanche a généré un orage mémorable, épique, déchaîné, particulièrement violent. Je vous raconte.

Pour la toute première fois de la semaine, le ciel s’est couvert en fin de soirée dimanche. Les moustiques sont même sortis plus tôt qu’à l’habitude, nous indiquant ainsi que la pression barométrique était anormalement basse. Vers 3AM, les vents se sont levés. Les éclairs se sont ensuite mis de la partie. D’abord sporadiques puis de plus en plus fréquents. Les vents ont alors gagné en force. En fait, je devrais écrire en FORCE. À partir de 3h25, la pluie s’est mise à tomber. Drue. Abondante. Dégoutante. Pendant une bonne vingtaine de minutes, on pouvait compter au moins un éclair à la seconde, parfois même plus. Je vous laisse imaginer le tonnerre… Un vrai film d’épouvante. Et les vents… Re-ouf! On estime que les vents ont atteint des pointes à 70 km /h, nous faisant douter que les tentes allaient tenir le coup. Fort heureusement, nous avions établi le campement à l’abri des vents dominants car les tentes se sont tour à tour écrasées momentanément sous les bourrasques, les pôles assurant la structure de la tente ne pouvant tenir le coup. On se retrouvait alors avec une toile de nylon dans le visage pour quelques secondes… Vers 4AM, ce véritable chaos météorologique a lentement commencé à s’amenuiser. Une demi-heure plus tard, tout était fini. Pour plusieurs membres du groupe, il s’agissait de l’orage le plus violent qu’ils aient connu. Disons que les jeunes, qui avaient établit leur campement à bonne distance des tentes des adultes, ont grandement apprécié que Mario les rejoignent durant l’orage pour les réconforter…

Puis au petit matin, plus rien. Pour une neuvième journée consécutive (!), nous nous sommes levés sous un ciel bleu baigné de soleil qui nous a permis de faire sécher les tentes et notre matériel avant de partir pour un dernier trajet de kayak. Au terme de ce dernier, notre arrivée à la plage de Kilcoursie fut par ailleurs grandiose. On aurait dit une armada espagnole (ici, vous êtes sensés fredonner le thème principal du film 1492 en lisant cette phrase) ou encore un essaim d’hélicoptères à la Apocalypse Now (entendez-vous les Valkyries?). De fait, les quelques plaisanciers installés à la plage semblaient un brin dépassés par les événements. Il faut dire que dix huit-personnes qui débarquent sur une plage après 8 jours d’expédition, ça crie, ça chante, ça célèbre haut et fort!

Puisque des vents favorables nous ont permis de regagner la terre ferme plus tôt que prévu, nous nous sommes permis une partie de ultimate frisbee dans l’eau. À grands regrets, je dois avouer que les jeunes ont gagné contre les adultes. Mais c’est uniquement parce que nous avions le soleil dans le visage et le vent contre nous. (Non, ne faites pas cet air dubitatif. Je vous jure que c’est vrai.)

En fin d’après-midi, soit après avoir établi notre tout dernier campement et nettoyé notre matériel, nous nous sommes permis un luxe qu’on avait presque oublié : des douches (chaudes) et de l’eau froide (à boire jusqu’à plus soif). Quel bonheur…

La soirée fut quant à elle marquée d’un cercle de fermeture, un passage obligé lors des expéditions de la Fondation. Tous les participants, jeunes comme adultes, devaient trouver un mot qui résumait leur expérience des derniers jours; on devait également expliquer pourquoi ce mot avait été retenu. Vrai. Grandir. Reconnaissant. Travail d’équipe. Force. Énergie. Renaître. Merveille. Audace. Amour. Rayon de soleil. Chance. Puissant. Beaux et belles. Inspiré. Sourires. Le cercle de discussion se révèle toujours un moment très émouvant. Celui-ci n’y fait pas exception.

Demain mardi, les jeunes rejoindront leurs proches. Nous nous permettons de croire que l’expé leur a permis de franchir un autre pas dans leur processus de guérison. D’ailleurs, tel que certains participants l’ont mentionné, si le milieu hospitalier leur a permis de guérir physiquement, ce sera cette aventure en plein air – au cœur d’un milieu parfois inhospitalier – qui leur aura permis de guérir bon nombre de leurs blessures psychologiques.

En terminant, j’aimerais remercier tous les lecteurs qui nous ont suivis durant notre périple; merci tout spécialement à celles et ceux qui ont pris le temps de nous faire parvenir leurs commentaires.

Et à vous, les jeunes qui avez participé à cette expédition et qui lirez ce billet à votre retour, merci de m’avoir accordé le privilège de vous côtoyer et surtout d’échanger avec vous en toute candeur. Vous êtes des combattants. Vous êtes mon inspiration, notre inspiration. Merci.

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