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Expéditions

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Jean-Charles Fortin

Pour la toute première fois du voyage, les vents se sont véritablement calmés. L’onde frémissait à peine à l’aube. Sur la berge, les dryades avaient cessé de valser. Fini le ressac, exit les chevelures en batailles. Éole s’était tût. C’est donc devant un tableau d’une grande beauté mais d’un calme plat que nous avons dégusté nos succulentes crêpes Nutella-bananes- kiwi-sirop d’érable-amandes-faites-avec-amour-par-Marc-André.

Au programme aujourd’hui, randonnée pédestre de presque 10 kilomètres sur le pourtour de l’Île Niapiskau. Congé de kayak! Nous partons à pied à la conquête des célèbres monolithes qui peuplent l’archipel de Mingan. C’est un fort joli et étroit sentier qui nous mène de-ci à travers des tourbières, de-là au cœur d’une forêt d’épinettes noires dont la densité rappelle le métro de Tokyo. À la ligne d’arrivée de celui-ci (non, pas le métro de Tokyo, le sentier…), nous faisons la rencontre de Laurence, une guide naturaliste de Parcs Canada qui nous servira d’interprète. Elle nous explique l’histoire de la formation des îles et de ses étranges monolithes qui peuplent L’Anse-aux-bonnes-femmes,  tout en parcourant le sentier du poète, nommé ainsi en l’honneur de Roland Jomphe, poète de Havre St-Pierre en bonne partie responsable de la popularité du site, pratiquement inconnu du public avant les années ‘80. Notre guide nous fait goûter des feuilles de martencie maritime, une plante comestible au goût salé qui porte aussi – et à juste titre – le nom de oyster leaf. Elle nous explique que Niapiskau signifie ‘rochers pointus’ dans la langue des Innus, peuple autochtone de la Côte-Nord du St-Laurent. Bref, elle nous en apprend beaucoup!

De retour au campement, la chaleur nous assaille. Les jeunes se lancent des défis pour savoir qui osera braver l’eau froide du golfe St-Laurent… Au final, presque tout le monde se jettera à l’eau…et tout le monde en ressortira aussitôt! Puisqu’il s’agit d’eau salée, il faut maintenant se rincer. Nous organisons donc une station douche avec des bidons remplis d’eau douce puisée à même un l’étang de la tourbière adjacente à notre campement. Joie! Fous rires! Bonheur! On a l’impression de revivre, débarrassés de nos couches successives de crème solaire, de lotion anti-moustique et de sueur accumulées au fil des derniers jours. (Parce que c’est aussi ça, la vie en expé…)

Potins et autres nouvelles du jour :

Y’a Madison qui trouvait que ses lunettes lui donnaient mal à la tête et la rendent étourdie. Notre infirmière Naila lui fait passer quelques tests – pas de problème avec les yeux – et lui donne des cachets. Le mal de tête passe mais les étourdissements persistent. Plus tard dans l’après-midi, Naila cherche ses lunettes et ne les trouve pas. C’est Madison qui les portait… Elles ont toutes deux exactement les mêmes lunettes mais pas la même prescription!

Y’a Caroline notre médecin qui, depuis maintenant 33 ans, pensait sérieusement que ‘grille-pain’ se prononce ‘gril-pain’!

Y’a Charles-Henri qui a lancé un défi de nage à Virginie (qui a déjà traversé le lac St-Jean à la nage…) et celle-ci a sérieusement peur de perdre car ils nageront en style papillon. À voir donc, lors de notre dernier jour d’expé!

Grand, grand merci à Boréal Service Maritime qui a transporté gratuitement notre génératrice de même que notre ravitaillement d’eau douce! Ils ont aussi gracieusement pris à bord Marc-André et Jacob (qui se remet d’une vieille blessure au talon) pour les amener de notre site de camping au site des monolithes. C’est vraiment très apprécié!