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Jean-Charles Fortin

La journée avait pourtant bien commencé. Les nuages avaient déserté l’aurore. Une brise légère éloignait les moustiques. Puis de jolies taches blanches teintèrent l’azur. Puis des grises. Foncées. Lourdes. À 9 heures, les taches larmoyaient abondamment.

Le moral est à son plus bas. Les vêtements sont trempés. Des tentes mal montées fuient. Il fait froid. Vanessa veut retourner à la maison. Mario, Bertrand, Héléna et JF tiennent un conciliabule. Les jeunes ont besoin d’un exutoire. Tour à tour, ils nous livrent les raisons de leur présence – rencontrer des gens, pratiquer le français, repousser ses limites, se remettre en forme, vivre une aventure. Tour à tour, ils nous parlent de leurs qualités – persévérance, positivisme, force de caractère, patience. Sara s’interroge. S’agit-il d’un « low moment »? Indubitablement.

Parmi nos bagages se trouvent deux mystérieuses patates géantes enrobées de ruban de toile, mieux connues sous le nom de « duct tape ».  Leur contenu est inconnu et difficile à déterminer. Ils serviront de câbles de survoltage lors d’un éventuel « low moment » ou encore de turbo lors d’un « high moment ». Les jeunes décident de leur utilisation. Ce matin, ils arracheront vigoureusement les bandes de ruban de la patate pour y découvrir une quantité phénoménale de jujubes. Ils dévorent. Littéralement. La magie s’opére. Littéralement. Alors que le glucose explose, les nuages se dissipent. Alors que les papilles salivent, les pupilles se dilatent : le vent du nord se lève et chasse la grisaille.

On décampe. On méandre. On affronte aussi. En aval, la rivière grommèle quelque chose. Le Rapide du céleri se dresse devant nous. La première difficulté technique du voyage suscite des cris. D’abord de stupeur puis de joie, de fierté. Des secondes d’éternité. On arrête pour le repas du midi. Derrière nous, se forme un violent orage. Nous l’évitons de justesse. Il s’abat en amont, sur la Pointe-aux-Fraises. Les jeunes sont triomphants. Une fois de plus.
Le tapis roulant de la Mistassini nous mène jusqu’à l’Île-à-la-ciboulette. En effet, Marie-Claude et Catherine L. y  ont fait la découverte d’une talle de cette herbe fine. Elles garniront un lit riz sur lequel repose une brochette de poulet qui ferait mourir de jalousie n’importe quel restaurateur Grec. Autour du feu, Bob revient nous hanter. Toute la journée il nous aura accompagné. « Don’t you now worry – about a thing. Cause e’very little thing – s’gonna be a-right ».

Ce soir Vanessa veut dormir à la belle étoile. Elle ne voudrait quitter cette expé pour rien au monde.
NDLR : Vous n’avez pas idée de l’impact des commentaires que vous envoyez aux jeunes via courriel. N’hésitez pas!

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