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Mélanie Villeneuve

Il est impossible pour moi de débuter la rédaction du déroulement de ce dernier jour sans d’abord vous parler des témoignages présentés samedi soir sous la tente.

Quelques 70 personnes blotties dans une tente d’expédition pour entendre les riches partages de Catherine et Roxanne. En effet, elles ont toutes deux tenu à nous confier de quelle façon la fondation avait changé leur vie, à la suite de la maladie.

Catherine souligne que pendant ses traitements, l’encadrement médical et les multiples visites à l’hôpital ont tenu son horaire bien chargé. Elle avoue qu’une fois cette grosse vague passée, le vide s’installe. Elle a donc vu passer cette annonce d’expédition qui était destinée aux jeunes adultes de 30 à 39 ans qui sont en traitement ou en rémission. Malgré ses hésitations et ce sentiment de ne pas être à la bonne place, elle a osé et est revenue, à ses dires, transformée. Le contact de la nature, celle qui a le pouvoir de guérison, a permis à cette charmante femme de remettre l’activité physique au cœur de sa vie. Elle nous confie qu’elle s’étonne elle-même d’être rendu à sa deuxième expérience de traversée des 2 Mario. Des applaudissements étouffés par le son des mitaines, sont venu confirmer à Catherine de continuer d’explorer et de défier la nature.

Roxanne quant à elle nous indique que sans cette organisation et tous les beaux humains de la Fondation, sa vie ne serait pas la même. Son expédition est gravée à jamais dans ses plus beaux souvenirs. Les pensées, les échanges, les partages, les connections avec les gens, qui demandent tous du courage et de la détermination, sont ancrés dans son cœur pour l’éternité. Elle évoque même qu’elle songe souvent aux paroles d’encouragement que Mario partageait en expédition qui continuent de raisonner dans l’adversité. Roxanne ajoute que la fondation est sa deuxième famille. Attachante, curieuse, volubile et sensible, elle termine en affirmant que son attachement envers la fondation n’aura pas de fin. Tous l’acclament chaudement.

Les 2 Mario prennent la parole. Ils sont convaincus et convainquant : l’aventure thérapeutique guérit. Ils reconnaissent qu’avec l’aide de médecins, d’infirmières, d’intervenant sociaux et de toute l’équipe d’oncologie, le jeune a besoin d’avancer et de croire. Ces jeunes qui vivent injustement la maladie, doivent rencontrer la vie et l’espoir de meilleurs jours. L’auditoire est tout ouïe. Ils nous traduisent si bien la croyance en une cause.

Les Mario nous parlent de la place que prend la nature dans leur vie. Ils incarnent cet art de vivre et depuis plusieurs décennies en ressentent les bienfaits et en redemandent comme jamais. En 2024, la science le confirme : l’aventure thérapeutique a des bienfaits indiscutables tant pour le cœur que pour l’âme. Devant ses messies, ses messagers, ses porteurs d’espoir, ses allumeurs de flammes, ses piliers de soutien, ses gardiens de fierté, ses cultivateurs de bonne humeur, PROSTERNATION : ils sont grands. J’ai vu dans chaque regard à l’écoute ce soir de la joie, de la satisfaction et du soulagement de voir qu’encore tellement de bon existe. Merci.

Mario Cantin traverse le défi avec sa belle gang de la Banque Nationale, fière partenaire. On le sait : sans argent et levée de fond, ces miracles d’expéditions seraient impensables.

Au-delà de l’aspect pécunier, il y a les dons de tout ordre qui assurent aussi la pérennité d’une cause aussi humaine: ceux de l’espoir, des judicieux conseils, d’énergie, d’amour, de convictions, de possibilités. Je reprends les paroles d’une bonne amie: vous allez donner votre courage, de

votre temps. Hommage à tous les bénévoles en 2024, si on considère l’inflation, ça n’aurait pas de prix.

Après avoir prêté l’oreille à tant de vérité, il est temps d’accueillir la dure réalité. L’heure de la mise en nuit a sonné. C’est avec un jet d’eau chaude sur la brosse à dent que l’hygiène buccale s’exécute sous la barre des -20. Beaucoup d’humidité, paysage givré. Subitement impossible de reconnaître les villes autour, plus de repère. Même à l’intérieur de notre petit village nordique, de ma tente, j’ai peine à localiser la tente noire qui abrite nos toilettes.

Réunion au sommet dans notre tente, nous avons du retard. Les constats sont ramenés par Julien, Alpha du groupe. C’est non négociable, demain lever de scouts à 5h. Les anges-gardiens, grands-frères et grandes-sœurs sont informés, il faudra réveiller les participant avec ferveur et sans pitié. Avec un 9 km restant pour rejoindre la destination à 12h30, heure entendue avec les médias, le temps sera notre allié. La horde devra tenir le rythme et nous couperons l’heure du diner avec de petites collations en cours de route.

Une seconde nuit en camping d’hiver. On tente de s’acclimater mais malheureusement notre sac de couchage n’a pas eu la même chance que nous aujourd’hui, soit s’activer pour sécher. Donc nous devrons cohabiter avec l’humidité. Maintenant que vous me connaissez, je ne dors jamais légère. Ma table de nuit réside dans tout ce qui peut ressembler à une poche. La nuit a somme toute été bonne et courte. Rigidité du lever. J’évoque ici que tout est « crispy » mes articulations aussi.

Déjeuner sur le pouce, bouquet de légumes à l’étuvés, saucisse, bacon et fromage le tout nappé de sauce relevée. Au grand plaisir de tous, c’est la poutine réinventée qui va pimper notre journée. L’équipe cuisine est remarquable. Je profite de cette tribune pour souligner le travail colossal de logistique d’une cuisine magique. Celle où il ne fait jamais froid de par la chaleur des plats et la solidité des gars!

Départ dans un blanc immaculé. Le paysage est dénudé de frontière. On est comme des graines de biscuits dans un verre de lait. Le rythme est soutenu. Un pas fiable et confiant. Un bâton à la fois, un pas après l’autre. On sent la hâte, les esprits et les corps s’échauffent. Les discussions s’emballent, les rires confortables se déploient. Nous progressons naturellement comme nos connexions depuis 3 jours. C’est fort, c’est clair nous ne sommes plus les mêmes.

À la demande des 2 Mario, on prend une pause quelques minutes avant d’arriver devant les médias et les supporteurs. Pas besoin de se faire une beauté, la nature s’en est chargé. Après 3 jours sans se regarder dans la glace on se trouve chanceux d’avoir plutôt croisé les regards des autres. Mes perceptions ne sont plus les mêmes. En plein attention, dans ce pèlerinage, j’ai maintes fois pensé aux peuples des Premières Nations, à leur liberté, leur résistance, leur inventivité, leurs manières de soigner. Ils avaient raison.

L’heure de la victoire est là. La foule venue nous accueillir dans ses mots d’encouragement et cette fierté collective qui s’empare de la ligne d’arrivée me fait exister pour les vraies raisons, celle d’être dans l’action.

Au-delà du confort de ma maison, je suis quand même déçue de recommencer à penser à la planification des repas, puisque à ce niveau nous étions en réelles vacances.

Après de grandes mobilisations, nous devons regarder en avant. Mario nous a prévenu d’un possible cafard au retour. Il m’habite déjà. J’ai vu une famille, de la vraie bienveillance, du support, des objectifs communs. C’est grand. Il faut garder en tête ce qu’on décide de faire et ce qui n’a plus de place dans notre vie. Mario nous invite après l’aventure à se fixer un but, un rêve et ne pas tarder à le réaliser. La santé nous est prêtée, on ne sait pas de quoi sera fait demain.

En terminant, en tant que blogueuse, je tiens à remercier mon époux, Charles-David Robitaille, photographe, sans qui cette aventure aurait été impossible pour moi. Merci mon ange-gardien.

Félicitations à toute l’organisation du défi des 2 Mario. Même si nous étions sur une immense glace, personne ne pourrait se douter de notre passage car aucun déchet ne restera dans le paysage.

 

Mélanie Villeneuve, blogueuse bénévole pour la fondation Sur la pointe des pieds