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Expéditions

Auteur

Jean-Charles Fortin

Quel joli réveil… C’est au son de la douce voix de Catherine que nous quittons les bras de Morphée. S’accompagnant à l’ukulélé, elle entonne la pièce Acapulco de Bernard Adamus pour nous tirer d’un sommeil réparateur.

Il règne sur le bateau une ambiance bon enfant en cette dernière journée d’expé. On vide la table du déjeuner en compagnie de Serge Gainsbourg et de son obscur album Aux armes, etc., un opus reggae méconnu mais sublime. Plusieurs habitants de Summerside viennent nous saluer avant notre départ. Il semble que notre présence ait été signalée dans les medias sociaux. On avance même que nous y sommes aussi populaires que leur festival du homard qui bat son plein.

Nous quittons l’île-du-Prince-Édouard afin de traverser le passage Abgweit et ainsi nous rendre à notre destination finale, Shediac au Nouveau-Brunswick. On navigue d’abord à voile sous des vents sud-ouest de 20 nœuds mais nous devons naviguer à voile et à moteur pour la deuxième partie de la traversée. En effet, les vents ne nous poussent pas dans la bonne direction. Si certains sont ouverts à ne pas rentrer à bon port et à poursuivre l’expérience encore quelque jours (au moment d’écrire ces lignes, j’entends justement Camille raconter que le bateau, c’est un peu comme son 2e chez-soi…),  d’autres sont satisfaits et ont bien hâte de revoir leurs proches afin de leur raconter nos péripéties.

L’une des meilleures douches de l’univers nous attendait au Shediac Harbour… à tout le moins, pour la première moitié du groupe qui ont bénéficié d’eau chaude… Comme il est bon de nous débarrasser de notre odeur de moussaillon! De surcroît, on sort en ville pour notre dernier souper ensemble. Quoi de mieux qu’un restaurant de fruit de mers pour célébrer cette croisière épique?… (Sur une note bien personnelle, je dirais qu’il manquait à ce repas 1 ou 2 coupes de pinot gris, mais, bon, les expés de la Fondation sont bien évidemment sèches…). Benoît Cormier, un ancien participant originaire de Shediac, se joint à nous pour le repas. En moins de 2, il fait partie de la troupe.

De retour au bateau, l’atmosphère est résolument à la fête. Des locaux plongent du quai près du Roter Sand. Benoît, qui connaît bien cette coutume locale, entraîne nos jeunes dans la danse. Tomas, Justen et Alex N oseront sauter à l’eau, non sans avoir longuement hésité considérant les méduses qui baignent à proximité. Plusieurs dizaines de spectateurs, locaux et touristes, assistent à la scène; ça rit, ça crie, ça applaudit, ça jublie.
Le crépuscule ramène nos jeunes à bord. On se permet une soirée cinéma, profitant du projecteur et de l’écran géant qui était à bord. À l’image du générique de fin, on sent bel et bien que notre périple achève à entendre les conversations qui ont cours.

Mais est-ce vraiment une fin? Oui, ne soyons pas dupes, notre expé est bel et bien sur le point de se terminer. Qu’importe, je crois qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un nouveau départ. On met les voiles vers de nouveaux chapitres de nos vies respectives, dorénavant gréés de nouvelles forces et délestés de certains poids.

Allez groupe, on largue les amarres, chacun dans sa barque cette fois-ci. Et bon vent les jeunes! Merci pour l’énergie que vous nous insufflez. Merci pour les leçons de courage et de résilience que vous nous servez. Merci pour tous ces rires, tous ces moments de complicité. Vous allez me manquer

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