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Expéditions

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Jean-Mathieu Chénier

Ça y est. C’est aujourd’hui mercredi que notre expé se termine. Et même si l’appel de la douche se fait sentir - dans tous les sens du terme - , je ne crois pas que nous ayons réellement hâte que notre aventure se termine. Ne reste plus qu’à espérer que nous profiterons au maximum de ces derniers instants partagés en si bonne compagnie.

Cette fatidique journée débute vers 5h du matin avec le son attachant de l’harmonica d’André. Le petit coquin a attendu jusqu’à la dernière minute pour nous partager ses talents musicaux. Une bien belle surprise.

Se préparer à l’inévitable départ

Après avoir préparé notre équipement pour aller pêcher une dernière fois avant de revenir à la civilisation, Mario nous invite à penser à un mot qui résumerait en lui-même la diversité et la richesse des expériences que nous avons vécues au courant des derniers jours. Pas besoin de vous dire que ce ne sera pas facile.

Ensuite, nous sautons dans nos mini-fourgonnettes avec nos équipes de transport respectives. Ces équipes sont devenues au fil des jours de véritables micro-familles unies par des référents communs existant à l’intérieur d’une plus grande famille toute aussi significative. Nous profitons donc de la route pour apprécier une dernière fois le plaisir que nous avons à rouler ensemble.

Arrivés dans le stationnement aux abords de la chute et des fosses à saumon, le hasard de la vie nous réserve un moment d’une intensité rare. En sortant de nos véhicules, la chanson « I’m Alive » de Céline Dion (encore!) commence à jouer à la radio. La musique, les paroles, l’environnement nous entourant, tout cela est juste parfait. Nous nous laissons donc aller dans une danse contagieuse et rassembleuse bercés par la pop enivrante et les premiers rayons du soleil.

Vivre à fond ce qui nous reste

Le ton est maintenant donné. Nous nous laissons porter jusqu’à la rivière par la joie et la force fournies par ce moment unique et nous nous rassemblons tous ensemble à la fosse 23. Celle tout près des chutes et de loin l’endroit le plus idyllique que nous avons eu la chance d’explorer lors de notre expé.

Nous jasons assis confortablement dans les pierres longeant la rivière. Rapidement un grand cercle de discussion se forme et nous continuons nos partages en sirotant nos cafés avec le sentiment d’urgence que seulement la dernière journée d’un tel voyage peut nous faire vivre.

Je ne sais pas si c’est l’eau plus froide que la veille ou simplement l’envie de ne pas manquer aucune discussion, mais plusieurs d’entre nous pêchent beaucoup moins que prévu. Nous sommes tous tombés en amour avec la pêche à la mouche durant les derniers jours, et pourtant… En vérité, je pourrais essayer de décrire toutes les émotions qui nous traversent en ce moment sur plus de 10 pages, mais je dois admettre que je ne m’en crois pas capable. Ce qui nous habite à ce moment est tellement beau, tellement fort, que je doute qu’une langue ait à ce jour développé le vocabulaire pour le décrire.

Désolé.

Comment décrire l’indescriptible

Le mieux que je puisse faire pour vous est de vous énumérer en rafale des mots qui vont peut-être vous faire ressentir quelque chose ou non. Du moins, j’aurai essayé.

  • Vivante comme Céline dans sa chanson.
  • Privilégiée d’avoir vécu quelque chose de si unique.
  • Reconnaissance envers tout ce qui a contribué à l’intensité de ce périple.
  • Inspirée par toutes celles et ceux que j’ai côtoyés.
  • Connexion avec toutes ces personnes de cœur.
  • Apprentissage à la suite de toutes ces rencontres et ces expériences.
  • Rire comme nous avons si fréquemment ri.
  • Communion avec la nature, avec chaque personne du groupe, avec soi-même.
  • Déconnexion de tout ce qui nous pèse et nous avale au quotidien.

Juste avant de quitter la plage, nous apercevons deux saumons sauter dans la chute. Preuve indéniable que nos mentors ne nous avaient pas menti et qu’il y avait réellement du poisson dans cette rivière.

Comme un devoir de mémoire

Puis avant de quitter notre campement, Marie-Michelle, facilitatrice extraordinaire, nous donne à chacune un bracelet fait à partir d’une seule et unique cordelette.

Ce bracelet a sûrement une signification un peu différente pour nous tous.

Pour ma part, ce bracelet sera pour toujours un rappel d’essayer bien fort de rapporter un morceau de ce que nous avons réussi à créer ici dans ma vie quotidienne. L’amour que j’ai ressenti et reçu, l’aisance dans les partages que nous avons eu tout au long de nos conversations, la solidarité face à l’adversité, l’ouverture d’esprit et l’absence de jugement vis-à-vis le bagage et la vie de l’autre.

Je ne peux ici parler pour les autres. Ce sera donc à vous de leur demander.

La seule certitude qui m’habite par rapport à cela est que les rivières ne seront plus jamais les mêmes et nous non plus.

Jean-Mathieu, un tantinet émotif en écrivant ces derniers mots.

Blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds