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Expédition traversée des deux Mario

Faire face à l’immensité et la force de la nature, ça nous remet à sa place comme petit humain. L’Humain, cet être à la fois si grand et si fragile. Un paradoxe si mystique et cruel.

Faire face au cancer est une dure réalité qui nous rattrape par le collet et nous rappelle que chaque seconde compte. Nous ne sommes pas des êtres de fer et d’acier. Bien souvent, on préfère croire qu’on est invincible et que ça arrive seulement aux autres. Quand le cancer frappe, c’est comme un vent froid qui se lève et qui nous claque au visage. On a beau se couvrir, l’humidité a déjà fait ses dommage et tout le corps tremble, gèle jusqu’au os.

À mon sens, le Double Défi des deux Mario, c’est aussi une métaphore de ce que vivent les jeunes atteints de cancer. Le Défi, c’est ensemble qu’on le vit, mais surtout à l’intérieur de soi. C’est un retour aux sources, à cette vulnérabilité propre à l’humain. C’est arrêter de courir un instant pour prendre le temps de se connecter à l’essentiel.

Sur le lac, la température est clémente comparativement à d’autres traversées par le passé. Les participants se contaminent mutuellement entre eux avec leur bonne humeur et leur sourire. C’est du bonbon pour les yeux et le cœur. Ça goûte le bonheur.

Le groupe progresse rapidement. Rapide et fluide. On se tient en groupe. La fête se poursuit et les blagues fusent de partout de la part des participants durant la matinée. Une belle gang de bons vivants et de conteurs d’histoire de toutes sortes.

Après le dîner, le vent et la neige sont venus se joindre à nous, sans invitation. Les yeux rivés sur le campement au loin qui attend patiemment les participants, chacun se recentre sur soi, resserre son anorak et s’arme de patience, de force et de détermination.

« C’est juste un cancer… » La stoïque et résiliente affirmation de Marie-Hélène Côté, prononcée à la suite de sa 3e récidive, résonne encore dans notre tête et notre cœur. Ils alimentent notre flamme intérieure qui nous pousse à serrer les dents et à poursuivre la traversée. « C’est juste du vent… ». Certains d’entre nous échangent sur leur vie qui va trop vite, la perte de sens, la déconnexion avec soi, avec l’essentiel et avec la nature.

Un participant s’indigne : « Les jeunes ne sortent plus dehors. Ils sont envahis par la technologie. Et quand on leur demande de se concentrer en classe, ils explosent… puis, on les médicamente… Moi dans mon temps, il n’y avait pas Facebook et les réseaux sociaux. On passait notre temps dehors… Ce qu’on vit là, c’est ce que les jeunes devraient vivre. Envoyez-les dehors! C’est la meilleure thérapie qui soit. ». Le plein air a assurément ses vertus. Et le Double défi nous permet d’en profiter : on se gorge de nature et on se connecte à soi.

En arrivant au campement, le vent nous rappelle qu’il faut bien s’hydrater, boire, manger, bouger… bref, la gestion de soi est essentielle lors du Défi. Toujours en gardant le sourire, chacun se retrouve dans son campement afin d’assurer une saine gestion avant le coucher. On entend encore les conteurs d’histoires semer des rires parmi les tentes. On voit déjà toute la force de ce groupe du fait de leur humour, leur force et leur détermination.

« Le défi se passe aussi à l’intérieur de vous-même avant toute chose» nous répète Mario Cantin avant la fin de la journée.

Oui, parcourir le Lac, c’est aussi cheminer à l’intérieur de soi. Et ça, les participants l’ont vécu à plusieurs degrés aujourd’hui.

Laura Ducharme

Photographe et blogueuse pour la fondation Sur la pointe des pieds

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