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Gabrielle Desbiens

Je ne sais pas quelle sera la chanson finale de cette expédition, mais je vous garantis que la liste consignée de toutes les chansons chantées pendant ces 10 jours est looooonnguueeee ! Encore live pendant que je rédige ces lignes, les participant.e.s chantent les BB, le groupe des années 1980. Incroyable.

Mais je saute des étapes de la journée.

Nous avons été réveillé.e.s ce matin à 6 h 30 par Ho Hey du groupe The Lumineers au ukulélé. Nous devions démonter le campement rapidement pour faire les huit kilomètres prévus à l’horaire dans les temps requis pour notre sortie de l’eau.

La journée s’annonçait encore une fois ensoleillée, un peu venteuse, mais avec un vent du sud, donc pas trop frais. Je tiens d’ailleurs à souligner que nous avons été des plus chanceux.se.s pour la température pendant notre expédition. Un seul jour de pluie complet ; sinon, généralement du beau temps, en tout cas, suffisamment pour ne pas vivre dans du linge et des gréements mouillés perpétuellement. Même si toustes ont conservé leur belle humeur pendant la journée de pluie, peut-être que le moral aurait tari quelque peu s’il y avait eu plusieurs jours de pluie consécutifs. Bref, merci Pachamama !

Après sept jours de canot quotidien, naviguer huit kilomètres est qualifié de petite journée, et cela se fait aussi gaiement que possible, dans la bonne humeur, avec des paires qui discutent, approfondissent leur connaissance mutuelle, tout en contrôlant leur embarcation.

Partis à 9 h du site de campement, nous avons atteint le portage final vers 11 h. Les participant.e.s ont pu expérimenter une autre technique de portage qui consiste à soulever les canots à six personnes, avec le matériel qui reste à l’intérieur. Cela évite de sortir et de rentrer le matériel pour un petit 25 mètres de marche.

Cet arrêt rapide a été l’occasion de prendre la photo de groupe officielle et de faire un moment de silence au pied des rapides. Un moment pour aider les participant.e.s (et un peu l’équipe aussi) à revenir le plus doucement possible dans la « civilisation », car déjà la route apparaissait de l’autre côté de la rive, si proche.

C’est un moment qui peut susciter de l’appréhension pour toustes, car la connexion avec la nature, celle qui a permis une forme de déconnexion avec le quotidien, les obligations, les tracas, le stress, les défis, était la norme depuis ces quelques journées. Une norme qui s’incarnait en une synergie entre nous, avec nos embarcations, le rythme de vie sur les camps, les tâches et rôles partagés et la simple vie d’explorateur.trice.s de ce petit bout de pays.

Les derniers 250 mètres de navigation se sont faits en silence et très lentement. Cet étrange sentiment de se dire qu’on aurait bien continué à naviguer, malgré que, la veille, on commençait à parler du fait qu’on s’ennuyait de nos chums, nos blondes, des enfants, amis, parents, etc. Ce n’est pas qu’on ne veut pas revenir, c’est plutôt qu’on trouve difficile de quitter l’état d’esprit paisible, la connexion qu’on s’est créée.

À l’arrivée à terre, c’est le temps des câlins, des mots doux, de partager notre appréciation les un.e.s des autres. On se fait des colleux individuels et un gros colleux collectif en forme de brioche (on est toustes fan de brioches grâce à Annie).

Enfin, on se remet en mode groupe-qui-fonctionne et on transporte les canots près des voitures, on charrie nos barils, on dîne de délicieux et simples wraps au thon, puis on embarque les barils dans la remorque de la SÉPAQ, pour revenir au point de départ, à Pine Grove.

L’heure et demie que prend le chemin du retour est électrique dans la navette SÉPAQ : les participant.e.s ont chanté non-stop pendant 90 minutes. Même le chauffeur de la navette s’y est mis. Quand Mathieu lui a demandé comment il avait trouvé sa ride, il a répondu : « Bien calme »… on peut prendre ça avec ironie, je pense.

Jessica, Marie-Ève, Catherine et moi étions dans la même voiture à l’arrivée à Pine Grove et nous avons été vraiment enchantées de voir la gang sortir de la navette en train de danser et chanter « Big Fat Poney », le jeu d’échauffement fait un matin précédent. Ils et elles sont incroyables et pleins d’amour !

En attendant le souper préparé par les guides, les participant.e.s ont procédé au retour du matériel prêté par la Fondation. Ensuite est venu le temps de la douche rédemptrice, eau chaude incluse. Quel bonheur de retrouver des vêtements propres et 100 % secs.

Nous nous sommes régalé.e.s avec des souvlakis cuits sur les réchauds. Encore une fois, Jessica et son équipe de Désir de découvrir se sont dépassées !

Est venu le temps de célébrer la fin de ce voyage incroyable. C’est par un jeu simple que Catherine et Marie-Michelle ont proposé de clore le tout. Chaque participant.e devait offrir sa part de dessert (un merveilleux brownie – avec de la crème glacée, c’est bien la seule chose que nous n’avions pas encore mangée dans cette expé…) à un.e autre participant.e et/ou membre de l’équipe, en nommant ses forces ou un moment spécial passé avec la personne choisie.

À tour de rôle, chacun.e a pu exprimer un mot ou un événement touchant sur quelqu’un.e du groupe. Que de beaux mots ont été dits, quelles belles rencontres partagées, et oh ! combien ce moment de se reconnaître fut touchant. Mais toujours dans le rire, la bonne humeur, avec une ou deux tunes sur le bord des lèvres.

Des diplômes d’expédition ont été remis à chacun.e, et la fin de la soirée a été dédiée à partager une dernière fois autour du feu non seulement la chaleur de la combustion, mais la grande chaleur humaine.

Je les entends encore chanter à plein cœur. Ce soir, nous dormirons toustes dans la grande salle communautaire : 17 personnes dans la même pièce, à partager pour la dernière fois un espace commun. On va s’entendre ronfler, parler dans la nuit, péter (oui, oui, après sept jours ensemble, on peut dire ça dans un blogue), et on va toustes se réveiller avec notre face bouffie demain.

Et je vous garantis que ce sera avec un grand sourire, de bon matin, à partager encore ces quelques bribes d’instants ensemble, together, pour le meilleur, car on a toustes laissé un peu de ce pire derrière nous.

Je garde la fin pour demain, car nous avons encore de la route à faire jusqu’à Montréal. À bientôt !

Gabrielle