
Le présage ensoleillé s’est avéré. Le groupe s’est éveillé au traditionnel son du ukulélé et à la chaude lumière du soleil. En plus, le petit déjeuner était composé de bagels BLT de luxe, genre va te rhabiller la marque canadienne de café au nom d’un joueur de hockey. La vue, un café, son BLT pis le soleil : des ingrédients essentiels pour allumer le jukebox collectif. Mettons que ça part une journée en feu.
Moment logistique. Pour faire à manger pour 21 personnes, ça prend du fuel. Et notre fuel dans le bois, c’est le feu. Parce que Jessica, notre cheffe guide, connaît l’importance d’un repas réconfortant en contexte d’expédition, elle a concocté un délicieux menu. Tout cela est cuit sur le feu. Tous les jours, les participantes et les participants mangent des repas trois services qu’ils et elles contribuent à cuisiner à tour de rôles. Et il y a aussi les gens qui s’occupent du feu! J’ai vu Quentin gérer la cueillette du bois, son entretien, sa coupe et puis la gestion du feu d’une main de maître. Subtilement, doucement, il a fait de même avec une grande aisance dans cette gestion complexe. Rigueur, douceur, force tranquille qui nous tient au chaud. Merci!
Retour au campement le matin. Les vêtements sèchent et se gorgent de chaleur, tout comme nos cœurs, sous le soleil du matin, tandis que chacun.e plie bagages, tentes et autres artéfacts d’expédition. Ça brille dans les yeux et on sent l’excitation. Pourquoi une telle excitation?
Parce qu’aujourd’hui, il y aura deux premiers portages, plus un barrage de castor à traverser! L’aventure s’enrichit, comme une gradation complexe et savamment organisée. L’expertise à l’œuvre dans le staff de la Fondation et les compétences extraordinaires des guides en témoignent.
À la demande générale, Marie-Ève anime une séance d’échauffement et de yoga afin de préparer nos corps un peu endoloris de la veille. Cela accentue l’ambiance festive et prépare les participant.e.s à naviguer environ 6 km plus loin dans la Réserve, mais surtout à déplacer l’ensemble du matériel et des canots sur la terre ferme deux fois plutôt qu’une.
La météo est de notre bord, comme on dit, et nous lançons notre randonnée nautique de bon bras, plein soleil, avec un vent de face qui nous garde au frais. On atteint le premier portage en une heure? 45 minutes? Je ne sais pas. Le temps ne compte plus : nous allons là-bas et arriverons en temps et lieu. Au bon moment.
Un portage requiert de vider les canots, transporter le matériel, transporter les canots, remettre le matériel dans les canots pour mieux repartir. Ben nous l’avons fait deux fois : sur environ 200 et 350 mètres. Le premier portage nous a pratiqué·e·s pour le second. Tous et toutes s’y sont mis à cœur, en transportant du matériel lourd, aller-retour, plusieurs fois de suite. C’était notamment une première fois pour Manu, qui a porté son deuxième canot sur les 350 mètres du second portage.
Après ces efforts importants, nous avons atteint le campement. Ze campement! Une immense plage de sable magnifique, avec un site vraiment grand et bien aménagé. Les guides se sont dédiés à monter la cuisine, tandis que les participant.e.s ont été invité.e.s à dépaqueter leurs effets personnels et barils, pour ensuite se baigner et se laver! Pour un lavage corporel sans trace, la technique consiste à se mouiller, sortir de l’eau et s’en éloigner, se savonner, puis demander à un.e comparse de nous rincer à grande eau avec des contenants à portée de main (ici, les bacs en plastique servant à vider l’eau des bateaux).
Je vous laisse imaginer la scène : une quinzaine d’adultes qui se baignent, sortent de l’eau, se savonnent un peu partout (en costume de bain), puis deux-trois collègues qui les aspergent d’eau en continu pour les rincer. Des éclats de rire qui devaient résonner à des kilomètres à la ronde.
Marie-Michelle et Catherine ont avisé le groupe que c’était une soirée libre. Cela veut dire : souper délicieux (sandwiches grillés au pulled pork et brioches maison cuisinées sur place et cuites sur le feu – oui-oui!), jasette autour du feu, chant, tarot et jeu fou. Je ne peux malheureusement vous révéler le nom du jeu, puisque je suis dans ma tente à vous écrire ces lignes. Mais j’entends le niveau de rires le plus intense jusqu’à maintenant.
Et puis, je ne peux pas tout vous révéler, car ils et elles auront un plaisir fou à vous raconter leurs anecdotes les plus drôles et palpitantes. Là, je vous laisse, parce que j’entends une chanson à répondre « … une charrette de bois … », mais en hurlant de plus en plus fort. Je pense qu’ils et elles veulent établir un record de décibels contre l’autre groupe campé un peu plus loin. C’est clair qu’on va gagner. À demain!
Gabrielle