« Les matins se suivent et se ressemblent » chantaient Joe Dassin (et Marie-Michelle et Pascale ce matin). Pourtant, notre matin à nous semble un peu différent de ceux qui l’ont précédé. En effet, aujourd’hui lundi, nous défaisons notre campement pour nous déplacer un peu plus près des saumons tant convoités.
Quelques heures seulement après notre réveil, nous sommes fin prêts à quitter cet endroit auquel nous nous étions tout de même attachés. Adieu fleurs sauvages et papillons. Adieu doux rugissements de la rivière. Il est maintenant temps de vous quitter afin d’aller à la poursuite des saumons.
En route vers de nouvelles aventures
Nous voilà donc roulant dans la poussière en écoutant ce que les stations-radios de la Côte-Nord ont à nous offrir. Après avoir écouté un peu de Bob Marley et de Vilains Pingouins sur le chemin, nous nous arrêtons pour ce qui se veut une courte randonnée jusqu’à une chute apparemment d’une rare beauté.
Avant de commencer notre petite aventure, arrêtons-nous le temps d’un instant et réalisons à quel point nous sommes gâtés d’avoir un ciel bleu et un soleil de plomb pour une quatrième journée d’affilée… Admettons néanmoins que la température actuelle est un tantinet plus chaude et que nous aurions bien pris quelques degrés de moins question de rendre moins exigeants les quelques kilomètres que nous nous apprêtons à marcher.
S’émerveiller devant la chute à Pinel
Nous nous mettons donc en chemin vers la chute à Pinel dans une chaleur difficile à ignorer. De plus, le sentier que nous empruntons s’apprête à nous offrir plusieurs défis sous forme de sections boueuses et d’ascensions plutôt escarpées.
Le tout débute dans une atmosphère des plus agréables et nous atteignons rapidement une vitesse de déplacement permettant à chacune d’y trouver son compte.
L’aller se fait quand même assez bien et le spectacle une fois arrivés à destination est loin de décevoir nos plus hautes attentes. L’endroit est simplement paradisiaque. Nous en profitons aussitôt pour se rafraîchir un peu, assis confortablement sur les roches les pieds trainant nonchalamment dans l’eau.
Après un dîner rapide, Robert, notre intervenant psychosocial, nous propose de prendre un peu de temps pour repenser chacun de notre côté, aux objectifs que nous nous étions fixés au début du voyage.
Ce moment en silence nous fait d’autant plus apprécier le chant de la chute tout en nous faisant réaliser à quel point nous sommes sans cesse en train de parler entre nous. La magie de ce type d’expédition a définitivement fait son effet et nous ne pouvons nous empêcher de profiter au maximum de la présence de chacun d’entre nous.
Un retour un peu plus difficile
En dépit de la beauté de l’endroit, nous nous remettons en marche après cette pause bien méritée. En chemin, nous nous assurons d’arrêter à un ruisseau pour faire le plein d’eau de façon à en avoir assez pour continuer sous ce soleil ardent. L’eau ainsi récoltée se doit d’être traitée. Nous devons en conséquence attendre un bon 30 minutes afin de la boire et ainsi étancher notre soif.
En raison de la température et de la demande en énergie qu’un tel exercice demande, le retour nous semble beaucoup plus long sans vraiment l’être. Certains ne reconnaissent même plus le sentier à quel point l’atmosphère du retour est différente.
Quoi qu’il en soit, nous trouvons néanmoins des façons de se distraire et d’oublier la chaleur et la douleur que certains doivent surpasser. Nous commençons entre autres à parler de nourriture. Mylène rêve d’un jugo de sandilla (jus de melon d’eau) lui rappelant ses aventures au Mexique. Sophie, se laissant inspirée par ce cucurbitacée, s’imagine en train de manger une salade de melon d’eau accompagnée d’olives, de feta et de menthe. Cette idée en fait d’ailleurs rêver plusieurs.
Ces fantasmes alimentaires nous permettent de passer le temps avant de finalement revenir à notre point de départ. Une fois dans nos mini-fourgonnettes, nous profitons de l’air climatisée au maximum pour nous délecter de cette fraîcheur délectable quoique artificielle.
Se remettre de nos émotions
Nous ne pouvons malheureusement y passer tout le reste de la journée puisque nous devons remonter nos tentes à un nouvel endroit. L’installation de celles-ci est beaucoup plus efficace qu’à la première journée car nous avons appris à quel point il est beaucoup plus facile de piquer une tente à deux.
Une fois bien installés, nous prenons le temps de décompresser en petits groupes sur le bord de la rivière. C’est à ce moment que Sophie propose d’ouvrir le « high and low » – une sorte de paquet surprise que les participants peuvent ouvrir tous ensemble lors d’un moment incroyable ou d’une passe plus difficile. Ou bien les deux.
Les autres participants sont bien d’accord étant donné que la randonnée a été un grand high de plaisir, mais a aussi été suivi d’un gros low en énergie. Une vraie montagne russe à en croire les discussions qui s’en sont suivies.
Après avoir eux-mêmes ramassés du bois et partis un feu, les participants s’installent ensuite tous ensemble autour de celui-ci pour ouvrir leur petit remontant. Nous vivons alors un autre beau moment, un doux mélange de connexion et de soulagement, grâce à ces petites gâteries.
Suite à cet instant enivrant, nous soupons plus tôt que d’habitude. Nous nous retenons aussi de jaser trop tard avant d’aller nous coucher puisque le plan pour demain est de se lever tôt, très tôt, afin d’augmenter nos chances d’attraper un élusif saumon.
Bonne nuit, beaux rêves.
Jean-Mathieu qui devrait sûrement être déjà couché en ce moment
Blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds