On planifie, on s’adapte et on improvise? Non, on va plutôt au plan « C » qui était dans les cartons. On devait parcourir une distance un peu plus grande aujourd’hui si la météo le permettait et si les crues printanières n’avaient pas fait disparaître les plages qui représentent notre cible aujourd’hui. Mais, bon, comme vous le lirez, nous sommes à l’aventure…
La routine s’installe et déjà certaines initiatives sont prises. Ce jeudi matin, les barils se remplissent plus rapidement et s’il faut rappeler de se laver les mains avant le déjeuner, en revanche on sait exactement comment faire. Mathew prend le contrôle du pistolet et assiste tout le monde dans son lavage de mains.
Les équipages du jour sont distribués et Kara sera ma co-équipière du jour. La flottille est plus regroupée aujourd’hui. On passe de l’avant à l’arrière rapidement dépendamment avec qui on veut parler. Le jeu qui a beaucoup de succès est Contact. On nomme une lettre, quelqu’un donne une catégorie et tous ceux qui croient avoir deviné appellent le Contact et disent le mot simultanément. C’est beaucoup plus intéressant d’y participer que de tenter de l’expliquer.
Le ciel est couvert toute la journée et la rivière a perdu ses méandres, et on commence à apercevoir des chalets ici et là sur la berge. On aborde sur une île en attendant le dîner. Deux groupes se forment : l’un qui va se faire des bracelets avec des cordelettes et l’autre qui se lance le Frisbee; rapidement une petite partie d’Ultimate est mise en place. Malheureusement, on ne connaîtra jamais les gagnants parce que le dîner est servi par l’équipe des guides.
Après le repas, Catherine initie une conversation de groupe avec comme thème leurs expériences personnelles avec le cancer, en insistant que la participation est totalement volontaire. Un des participants souligne qu’ils ont déjà eu de telles conversations sur des bases individuelles. Quelques-uns font part de leur expérience et des conséquences sur leur vie, et ce, même en rémission. Après avoir clos cette discussion et englouti les biscuits et le chocolat du dessert, on repart à nouveau. On est de plus en plus efficace comme groupe, c’est beau à voir.
Les chanteuses et chanteurs du groupe se relancent de canot en canot et malgré le temps qui demeure gris, l’atmosphère est très joyeuse. On arrive assez tôt là où on devrait camper mais… la crue printanière a été particulièrement violente cette année et l’eau est encore haute. Donc notre site prévu est réduit à un banc de sable. Gilles le guide en chef et son fils Neal vont voir un peu plus loin sur la rivière si un autre site habituellement acceptable est toujours disponible. Durant l’attente Catherine met en place un tournoi de combat de poule. Ça donne des affrontements plutôt comiques. Je ne vous en dis pas plus, vous devrez interroger vous-même les gens qui participent à cette expédition.
Le plan « B » ne fonctionne pas non plus et on se replie donc sur le plan « C » , soit un site qui est derrière nous. Même pas besoin de donner une définition, ce qui vient de se produire, c’est ça l’aventure. Mère Nature se fout aussi de notre gueule, mais juste au bon moment: on finit de monter les tentes, et là, quatre ou cinq averses se succèdent l’une après l’autre, entrecoupées de percées de soleil. Ça aussi c’est l’aventure.
Dernière surprise de la journée, Raphaël a pris un brochet de bonne taille et tous ceux qui le veulent peuvent goûter un poisson frais pêché du jour. Le temps se rafraîchit, tout le monde porte son polar ou son duvet et une tuque.
C’est l’heure du souper, je vous laisse pour aller savourer l’entrée de « brochet sur Triscuit » et de « fromage haloumi grillé biscotte », suivi du risotto au saumon. J’allais oublier, nous avions eu auparavant une crème de champignon. Ça aussi c’est l’aventure.
– Louis-Étienne Prévost, blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds
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