Un mot, trois lettres : WOW!

Dans la catégorie des faits divers, une mention bien spéciale doit être accordée à Morgan. Celle-ci s’est réveillé et a cru comprendre qu’elle devait faire ses bagages; ce qu’elle fit, les yeux demi-clos.  Elle sortit par la suite de sa tente avec tout son équipement…pour se retrouver sous un ciel parfaitement étoilé. Et bien évidemment seule, au beau milieu du campement… C’est alors qu’elle a réalisé que… il n’était en fait que 3h du matin et qu’elle venait de rêver que nous devions démonter le campement!

Le véritable réveil se produisit quelques heures plus tard. La Voie lactée qui tapissait l’ardoise avait disparu; elle a cédé le passage à un azur parfaitement bleuté. Le petit matin est tiède; j’ai moi-même passé une bonne partie de la nuit hors de mon sac de couchage. La rivière bruisse sous une brise sucrée, gorgée d’arômes de conifères. La gent ailée chante son bonheur à s’en rompre le coffre.  Les participants rigolent, sirotent leur café, dégustent leur déjeuner, savourent le moment. Un matin d’expé comme on les aime.

On prend quelques instants pour scruter la carte de la rivière et partager le plan du jour avec le groupe. C’est aujourd’hui que nous affronterons nos premiers rapides! Motivés par cette bonne nouvelle, les participants s’empressent de charger les canots et de larguer les amarres.

Ce n’est pas sans raison que la rivière Noire fait partie des parcours de canot prisés de l’est du pays. Son eau limpide caresse des rives ici ornées de plages dorées, là-bas bordées de majestueux pins dont certains friseraient les 600-700 ans selon les spécialistes. Nous sommes les acteurs principaux d’un film aux décors somptueux.

Aux termes d’une portion relativement rectiligne de la rivière, une consigne est annoncée : on accoste! La première section du rapide ‘The Wall’ se dresse devant nous! Il s’agit d’une courte section, relativement simple à négocier, mais le fait demeure : il s’agit pour la très grande majorité des participants de leur baptême d’eau vive… Un mélange d’excitation, de nervosité et de stress transcende notre brigade…

Dirigés de mains de maîtres par l’équipe de guides, tous réussiront ce premier test avec brio. On célèbre en accostant tout juste en bas de cette première section afin de savourer cette victoire et notre repas du midi composé de bagels au saumon fumé.

Nous passerons le reste de la journée à cet endroit. De fait, ce campement est magnifique – une plage de sable fin bordée d’un plateau ceint de grands pins qui n’attend que nos tentes – mais surtout, cette section d’eau vive nous servira de terrain de jeu pour enseigner les techniques de canotage et de nage en eau vive. Cet atelier s’inscrit en ligne directe avec le concept d’aventure thérapeutique en amenant les participants à sortir encore un peu plus loin de leur zone de confort et à réaliser qu’ils ont en eux des forces, talents et compétences insoupçonnés…

Demain, un défi encore plus grand nous attend : un premier portage nous permettant de contourner la fin du rapide ‘The Wall’ qui est encombré d’arbres emportés par la crue, puis le rapide MacDonald… En sortirons-nous au sec?…

J-Charles Fortin, blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds