Je ne suis pas une coureuse vedette, je ne brise aucun record, j’ai zéro notoriété. Mais voici le récit de mon expérience sur le lac. Je vous la partage parce qu’elle est positive!
Pendant toute ma préparation pour cette traversée, je savais qu’il fallait que j’entraîne autant mon mental que mon physique. Je savais qu’on a beau souhaiter que le sol soit bien ferme et le vent discret, le lac il s’en fouterait. Le lac il est ce qu’il est, sans dentelle.
Donc je me préparais à tout, mais surtout, au plaisir et à la gratitude, peu importe les conditions. Je voulais vivre ma course en l’appréciant. Courir avec les conditions telles qu’elles sont, en les accueillant plutôt qu’en les maudissant.
Et c’est ce qui est arrivé.
J’ai apprécié chaque pas de cette course.
Malgré, ou peut-être même à cause de ses difficultés. Je savais que ce serait tough, je pense en un sens que je le souhaitais.
Je suis contente de toutes les décisions que j’ai prises. Y aller lentement, à petits pas, exactement à mon rythme. Me changer au grand complet au km 16. Prendre le temps d’arrêter (un peu trop) longtemps au km 21 pour (encore) changer de chaussettes, réchauffer mes pieds, mettre des hotshots gratter patiemment la couche de glace qui s’était accumulée entre mes raquettes et mes chaussures… Traîner sur moi plusieurs variétés de mitaines. Marcher quand l’épuisement pointait. Économiser mon énergie, précieusement, pour arrivée heureuse, pas brisée.
J’ai apprécié chaque pas de cette course.
J’ai couru dans un aura de bonheur et d’émerveillement. Je me répétais: «C’est ça que tu cherchais. Tu y es, c’est ce que tu voulais. »
Oui le mal, la fatigue, le froid se sont invités. Mais ce n’est pas ce qu’il me reste au cœur au bout du compte.
Je suis reconnaissante pour le coucher de soleil incroyable, pour le pain aux bananes, le bacon, le bouillon, pour la chaleur humaine dans la tente du 21km, pour la noirceur et la bulle de ma frontale autour de moi, pour les étoiles, pour le vent de fou dans ma face, pour les rencontres sur le parcours, pour le spectacle de la poudrerie qui court au dessus du sol, affolée par le vent, dans la lumière du skidoo, pour tous les sourires et les encouragements magnifiques des bénévoles.
C’est essentiellement ce qui reste. La reconnaissance de pouvoir vivre tout ça.
Je suis arrivée au 31km euphorique. J’ai volé pendant les derniers quelques 100 mètres avec un sourire large de 32km qui me transportait. J’ai franchi l’arche avec un sentiment indescriptible d’intense bonheur, de force et de gratitude. Je suis privilégiée.
Merci de rendre possible ces émotions extraordinaires.
Si le privilège perdure, j’y serai assurément l’an prochain.