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Jean-Charles Fortin

J’ai de la difficulté à croire que je réussirais à mettre en mots l’émotion qui a marqué cette journée.

Essentiellement, le plan du jour était d’atteindre le sommet du Mont Cautley. Celui-ci culmine à une hauteur de 2880 mètres, ce qui veut donc dire que nous devions gravir 750 mètres depuis notre camp de base. Il s’agit d’un dénivelé très considérable qui représente une élévation supérieure à celle du domaine skiable du Mont-Tremblant au du Mont-Ste-Anne, des destinations que les skieurs québécois connaissent bien.

La tâche n’était pas de tout repos mais elle en valait largement la chandelle. Nous avons tout d’abord traversé des prairies alpines qui n’ont vraiment rien à envier aux plus beaux jardins botaniques de la planète. De fait, celles-ci sont reconnues pour être particulièrement spectaculaires. Qui plus est, la grande quantité de neige qui est tombée sur les Rocheuses l’hiver dernier combinée à un été chaud font en sorte que les fleurs sauvages sont encore plus nombreuses qu’à l’habitude. Grandiose!

Nous avons par la suite amorcé l’ascension proprement dite. Une montée ardue notamment ponctuée de ruisseaux à traverser et de secteur enneigés. On s’arrête à quelques reprises, le temps de reprendre notre souffle, puis on monte. Et on monte. Et on monte. Peu à peu apparaissent quelques sommets environnants. Jeunes et adultes jubilent. On doit pratiquement se pincer pour s’assurer que l’on ne rêve pas!

On arrive finalement à la crête sommitale. D’un coté, la vallée de Bryant Creek que nous avons arpentée au cours des jours précédent, d’un autre côté les prairies entourant le massif du mont Assiniboine. On marche littéralement sur la frontière de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. C’est pratiquement comme si nous avions un pied de chaque côté de la frontière puisque la crête sur laquelle nous marchons sépare les deux provinces. Fascinant (comme dirait sûrement Charles Tyserre)!

Le sommet est enfin à portée de vue!… Quelques pas encore et on y est!…
Voilà, c’est fait! On s’enlace, on se félicite, on est fier! C’est la fête au sommet! Et, surprise (à tout le moins pour moi), tout le monde se met à chanter « Bonne fête Jean-Charles ». Et oui, aujourd’hui est mon anniversaire. Je suis vraiment touché, sincèrement ému, c’est assurément la plus exotique des chansons d’anniversaire que l’on m’ait chanté. À 2880 mètres d’altitude, avec une vue à 360 degrés sur les Rocheuses, sous un superbe ciel, et surtout entouré de si beaux jeunes. Un très beau moment. Je me rappellerai toujours de mon 24e anniversaire. (Bon, OK, 38e anniversaire…).
On est bien au sommet mais une fois le lunch avalé on doit redescendre. La température y est fraîche. Entre autres choses, nous descendrons une bonne partie de la montagne sur du scree, eun quelques sortes de la roche concassée sur laquelle on pourrait pratiquement skier. Mémorable! On retraverse des superbes prairies puis on revient on camps de base. Exténués mais fiers et heureux de cet accomplissement.

Une autre belle surprise m’attendait au camp de base. François, directeur de la Fondation, avait choisi de demeurer au chalet pour soigner son genou âgé d’un peu plus d’un demi-siècle. Zoé et Laurence avaient elles aussi opté pour une journée de repos sachant qu’on se refait un autre sommet demain. Ils ont profité de notre absence pour faire une sculpture de branches me représentant (assez fidèlement d’ailleurs!) de même qu’un « Bonne fête JC » en cocottes de pin. Pour couronner le tout, ils m’ont également fabriqué (ce que je croyais être) un collier qu’ils ont accroché à l’entrée du chalet. C’était une très belle attention qui m’a vraiment fait chaud au cœur. Jusqu’à ce que je tente de m’approprier ledit collier qui était attaché à un seau d’eau qui m’a tombé dessus!  On a bien rigolé, moi le premier.
Nous avons terminé l’après-midi en allant nous laver au lac Magog toujours aussi glacial. Quel bonheur toutefois d’enlever ces couches de sueur, de crème solaire, de lotion anti-moustique, bref, de crasse, n’ayons pas peur des mots!

À mon grand bonheur, j’ai eu droit à un excellent gâteau de fête couronné de chandelles que j’ai soufflées d’un seul coup. Puis en soirée, nous avons procédé à un cercle de parole de mi-parcours, tel que nous le faisons pour chaque expédition. Tous les participants ont donc eu l’occasion de faire le point sur l’atteinte de leurs objectifs et leurs craintes. Tout semble sous contrôle et tous ont déjà hâte au sommet de demain!
PS Merci de vos commentaires sur mes billets et mes photos, c’est très apprécié. Merci aussi à François Berthelot qui se charge de mettre le tout en ligne et de traduire du français vers l’anglais.

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