Avant dernière journée de notre expédition. Ça veut dire que nous venons déjà de passer cinq jours dans le bois. C’est le moment où on se souvient bien qu’on a une vie ailleurs, avec un lit, une douche et une TV, que ça nous manque vaguement, mais qu’on commence aussi à prendre goût à cette nouvelle routine, si différente.
On commence à prendre nos petites habitudes. C’est ici qu’on accroche nos gants, c’est là qu’on suspend nos chaussettes. On sait déjà quel chien gardera un peu de bouffe de côté pour plus tard et quel autre il faudra ensevelir sous la paille, parce que son poil est trop court. On sait où ranger le bois et à quel moment il faut aider pour la bouffe. Chacun a son endroit favori pour manger dans la tente commune, et son matelas préféré pour passer la nuit. On sait à quel moment il faut dérouler son sleeping et où sont positionnés les ronfleurs.
Aujourd’hui, il règne un esprit familial sur le camp. La journée de traineau a été courte, mais il faut dire que les corps humains et animaux commencent à être fatigués. Une nouvelle fois, nous sommes repassés par Craig Creek camp, point central des pistes que nous suivons. Là, nous avons chargé quelques caisses de nourriture et des bottes de paille sur nos traineaux.
Les pistes que nous avons empruntées aujourd’hui étaient surpeuplées par rapport aux autres jours. Nous avons croisé deux autres groupes de traineaux, toute une troupe en ski de randonnée, des amateurs de raquettes et même un énorme camion qui s’en allait chercher du bois. Il ne s’est pas remis à neiger, et après avoir chuté à -30°C cette nuit, la température est devenue très agréable en journée à la faveur du soleil ! Avant d’arriver au camp de ce soir, nous avons traversé un vaste plateau enneigé, puis une longue descente vers la South River, qui donne son nom à la ville où nous retournerons demain.
Nous sommes arrivés au camp à 14h, une à deux heures plus tôt qu’à l’habitude, le temps d’allumer un grand feu et de profiter du soleil tout en effectuant nos tâches. Toute l’après-midi, on pouvait entendre des blagues et des rires, comme une grande famille au camping. En attendant le souper, nous nous sommes réunis autour du feu pour chanter ensemble l’hymne (sans parole) de la Fondation Sur la pointe des pieds, puis Marc-André nous a conté une version bilingue de la légende de la chasse-galerie.
Ce soir on nous a promis des hot-dogs et des guimauves, et puis ce sera le temps de faire un point tous ensemble sur notre aventure ici. Nous devrons choisir un mot pour résumer notre expérience et expliquer pourquoi nous avons choisi ce mot. C’est une tradition que nous entretenons depuis la première expédition de la Fondation Sur la pointe des pieds il y a 20 ans! Et puis, ce sera notre dernière nuit avant de rejoindre Northridge, et la civilisation…