Des gouttes tintent sur le toit de la tente, des petits éclats qui rebondissent sur le lac… C’est sous une douce pluie que nous nous réveillons ce matin. Il fait bon, mais ça mouille!
Un cinnamon roll pour Kayla
Le feu fume. L’eau chauffe. Lysianne et Kayla sont assises sous un mini chapiteau. Avant de s’enfoncer plus creux dans le bois pour les prochains jours, les responsables de l’expédition ont dû prendre la décision d’évacuer Kayla vers un hôpital, par précaution.
On l’annonce au groupe réunit sur la plage. Kayla peine à retenir ses larmes de devoir quitter l’aventure pour un temps indéterminé et plusieurs d’entre nous aussi. On souhaite très fort qu’elle nous rejoigne d’ici 48 h. Mario lui commande du chocolat à nous rapporter; Vincent lance « j’ai hâte de revoir ces beaux pantalons!» – voir photos J; et Alice suggère que c’est un bon moment pour ouvrir le High and Low. Tout le monde approuve et Kayla déballe le paquet-surprise : des friandises. Aussitôt Charles propose de faire un ziplock mélangé pour accompagner Kayla dans sa journée. Deux jeux bien drôles qui font retrouver un peu de légèreté et on encercle Kayla collé-serré dans un cinnamon roll plein de chaleur et de soutien, initié par Jessica.
Hippo, Mario, Eve-Marie et Lysianne l’accompagnent en canot vers la sortie d’évacuation où Anne-Sophie, notre ange-gardien l’attend en voiture.
De notre côté, ce sont 11 km qui nous attendent!
Vent de dos, on file à bonne allure. Afin de profiter de la nature, faire une pause de conversation ou rentrer dans sa bulle, la troupe pagaie en silence pour un temps. Le calme, le tempo des pagaies, un léger roulis du canot, l’esprit libre et serein dans l’instant présent face à la nature sauvage de la Vérendrye.
Traverses de barrage de castor
En file indienne, les canots se faufilent vers une marche à franchir dans un rétrécissement d’eau. Petit rush de pagayage, et Jessica les pieds dans l’eau, hisse nos bateaux les uns après les autres. Ça passe facile! Félicitations à tous pour l’exécution des manœuvres!
Midi pique-nique autour d’un feu allumé à l’écorce de bouleau… Merci Vincent et Jérémie. Les pieds sèchent et le velouté de champignons reste brulant. Pour finir de nous crinquer, un bon chocolat chaud! Côté plage, Rania, Paul et Jhelisa s’entraînent au lancer léger. C’est Charles aujourd’hui qui leur donne un cours de pêche en l’absence de Mario; pour l’heure. Il est rebaptisé «Baby Mario».
Les paysages de l’après-midi sont superbes. Un serpentin de canots dans de hautes herbes aux trois nuances de vert. De notre canot, on aperçoit juste des petites têtes colorées qui flottent au-dessus d’un champ mi-végétal, mi-aquatique. Jesse, pilote de notre embarcation, me promène telle une princesse, répondant à mes caprices de photographe : « Peux-tu nous arrêter? À droite s’il te plaît! Attention je me lève! » Et même pendant que je sirote un café (merci Cathe) les pieds croisés sur la pointe du bateau, Jesse pagaie, attirant mon attention sur les jolies vues à photographier. Une perle cette Jesse, aussi généreuse que bienveillante!
Un deuxième barrage à traverser, également très bien exécuté. Cette fois-ci, il faut viser juste pour atteindre l’étroite ouverture dans l’amas de branchage. Et c’est au tour de Jérémie, les pieds dans l’eau de réajuster les enlignements et d’aider nos canots à franchir l’obstacle. High five, tout le monde s’en sort suber bien.
Souper pluvieux, souper heureux
À l’arrivée au campement – une belle plage et des emplacements de choix pour faire changement! – on est rejoint par Lysianne, Hyppolyte et Mario qui n’ont pas chômé sur la pagaie pour nous retrouver. Chacun s’empresse de faire sécher son linge et sa tente. Vaine tentative, la pluie reprend au souper. Je cours remettre un toit dégoulinant sur ma tente avec l’aide de Coralie, par ailleurs apprentie-scieuse de bûche de la soirée!
Au fait, un grand merci aussi à la douce Marylou, qui discrètement seconde l’équipe logistique tous les jours; et ce soir, surveille le réchaud magique (dont seul Hyppo peut vulgariser le fonctionnement ingénieux). À travers le campement, Marylou distribue tisanes et sourires, panse bobos et autres, prodigue des soins et conseils à qui en a besoin. Et il est certain que je n’ai vu qu’une infime portion de ce qu’elle fait depuis le début!
C’est sous le fameux chapiteau jaune, lovés autour de deux pagaies en gise de poteau central que nous avalons goulument notre spaghetti sauce bolo ou pesto, baniques en prime.La pluie redouble et Paul déclare : « I don’t want to go home! » comprendre « je ne veux pas retourner à ma tente !»
Rencontre au sommet
À mi-voyage, l’équipe de la fondation convoque une réunion pour permettre aux participants de s’exprimer sur ce qu’ils vivent. Puisque les jeunes manifestent beaucoup de reconnaissance et de satisfaction, Catherine parle – crie presque à cause de la pluie qui forcit – d’une montée au sommet en milieu d’aventures. C’est pourquoi elle rappelle que dans la descente vers l’arrivée, il faudra saisir toute occasion de tirer le meilleur de l’expé pour atteindre les objectifs individuels exprimés le premier soir.
Mario, le grand sage au regard tendre et pétillant, admire particulièrement que le groupe soit soudé, respectueux les uns des autres et qu’ils aient beaucoup de fun entre eux et avec toute l’équipe aussi.
Et une bataille de thank you s’ensuit, ainsi que des recommandations sur la tension du toit de la tente pour éviter l’inondation. Tout le monde part se coucher avec confiance pour un repos bien mérité.
Fabienne Macé, Blogueuse et photographe bénévole pour la fondation Sur la pointe des pieds