Date

Catégories

Expéditions

Auteur

Jean-Charles Fortin

Je vous ai menti. Mardi dernier, j’écrivais que nous avions connu une journée de rêve et qu’il serait difficile de faire mieux. Et bien…c’était faux. Ce n’était pas du tout difficile. J’ai encore peine à croire que les dernières heures que nous venons de vivre sont bel et bien réelles. Que je n’ai pas rêvé. Que je n’ai pas imaginé ce périple. Et pourtant.

Pour une 6e journée consécutive, le soleil s’est fait omniprésent. Les forts vents des derniers jours ont laissé place à une légère brise, véritable caresse sur nos peaux délicieusement brunies par notre constante exposition aux éléments. Hormis quelques vagues surplombant les hauts fonds de la baie Georgienne, l’onde n’était que frise. Toutefois, si le plan d’eau s’est révélé relativement calme, il en a été tout autrement de nos déplacements. Plusieurs guerres ont éclaté au long du parcours : guerre d’arrosage à coups de pagaies, guerre d’arrosage à coups de pompe à eau, courses de kayak, et j’en passe. Nous avons également pris part à une autre activité haute en couleur : des sauts de falaise! Perchés à environ 20 pieds de haut, jeunes et adultes se sont balancés dans le vide pour amerrir dans une eau des plus rafraîchissantes. Je me permettrai également d’ajouter que les jeunes ont fait preuve de plus de bravoure que certains adultes à cet égard…

De plus, si la journée de mardi s’était démarquée par le défi technique, celle d’aujourd’hui l’a été par la magnificence des paysages. Longeant les passages intérieurs rocheux spectaculaires, slalomant entre îles, pointes et presqu’îles dénudées, on se serait presque crus dans un lagon d’une localité tropicale. Du reste, notre souper (entrée de galettes de tapenade suivi de poulet et riz sauvage aux portobellos puis poires au caramel) est une fois de plus agrémenté d’un achigan bien frais, cette fois-ci pêché par Sébastien qui s’est levé de bon matin pour taquiner la faune piscicole.

Pour couronner le tout, nous avons établi campement sur Phoebe Point, l’un des plus beaux sites de camping que j’ai vus de ma vie. Pour de vrai. Et celui qui écrit ça cumule au moins 1000 nuits en camping (j’étais et suis encore guide avant d’être blogueur et photographe…) dont 90% de celles-ci se sont passées sur des sites de camping sauvages du même type que celui-ci. Vraiment, c’est à tomber par terre. Déjà que nous étions très, mais alors là très gâtés par les sites des soirs précédents, celui-ci les supplante à plate couture. On y trouve tout ce qu’on peut chercher : « stationnement » pour kayaks dans une petite anse à l’abri du vent, une petite zone de pins gris en arrière-plan offrant de l’ombre pour se reposer, une grande plate-forme rocheuse en partie ombragée nous servant de cuisine, des tablettes de pierres naturellement sculptée pour y déposer l’équipement collectif, des monticules rocheux hautement panoramiques sur lesquels on établit les tentes, une anse ouverte vers le large qui constitue une véritable piscine naturelle d’une limpidité déconcertante, des formations rocheuses dignes des fantasmes les plus fous de Dali, un marais d’où émane un concert de batraciens de toutes sortes…et ma description ne me semble pas rendre justice à la beauté des lieux ni à l’aspect pratico-pratique de la disposition des éléments naturels.

Et là, à notre droite, le soleil qui se couche dans une eau rosée tandis qu’à notre gauche se lève une lune gonflée de lumière…

Découvrez en :