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Guillaume Roy

Alors que le soleil commence à se pointer le bout du nez à travers les nuages en ce beau dimanche matin, de douces notes de ukulélé sonnent au loin, puis se rapprochent jusque dans les chambres des participantes. Avec Catherine et Marie-Michelle, c’est le réveil matin classique lors des séjours de la fondation Sur la pointe des pieds, qui fait le bonheur de tous.

Tout le monde se prépare tranquillement alors que l’équipe logistique prépare un petit déjeuner. Il suffit de s’habiller et de se pointer pour recevoir le service tout inclus.

Après le déjeuner, c’est le temps de se préparer pour la pêche avec un petit cours sur l’éthique de la pêche et sur la réglementation.

En écoutant les mentors de pêche qui accompagnent le groupe, les participantes apprennent qu’il existe une science de la pêche à la mouche. Lorsque l’eau est basse, il faut prendre une mouche plus colorée, et plus foncée lorsque l’eau est haute. Certains pêcheurs ouvrent aussi l’estomac des poissons pour voir quel genre d’insecte s’y trouve, puis ils prennent la mouche la plus ressemblante.

De plus, la truite et le saumon changent de couleur quelques semaines après être entrés dans la rivière. Le saumon, d’abord de couleur argentée, vire au noir, alors que la truite, qui est mouchetée, tire vers le bleu quand elle arrive en eau douce de la rivière. Fait à noter, à cette période de l’année, c’est seulement la truite de mer qui peut être pêchée. Avec le groupe de Lâcher prise, toutes les prises seront remises à l’eau.

« C’est incroyable de penser que le saumon vient du Groenland pour venir se reproduire ici », lance Faruq, un des mentors de pêche à la mouche. « Plusieurs personnes pensent que les saumons viennent se reproduire dans la rivière où ils sont nés, mais les études récentes ont démontré qu’ils se dispersent dans différentes rivières », renchérit Raynald, un autre mentor.

La science de la pêche à la mouche va bien au-delà des poissons, car des projets et des études ont aussi été menés sur le potentiel de la pêche à la mouche comme outil thérapeutique.

Des programmes comme « Casting for Healing » aident notamment les femmes atteintes du cancer aux États-Unis depuis plusieurs années. Pour les vétérans de guerre, qui ont subi des chocs post traumatiques, un programme dénommé Healing Waters, leur permet de retrouver une vie plus normale. La fondation s’est entre autres inspiré de ces programmes ayant cours au sud de la frontière pour développer son propre programme.

Vient ensuite le temps de passer à l’action et d’aller pêcher pour vrai. Sur la rive de la rivière Sainte-Marguerite, Raynald montre d’abord les techniques de base du lancer, puis l’équipe se sépare en quatre groupes, chacun accompagné d’un mentor de pêche.

Les participantes apprennent à monter leur canne, à installer la mouche, puis elles commencent à se pratiquer.

Au creux de la vallée de la rivière, le paysage est à couper le souffle, alors que les lignes à pêche esquissent de grands mouvements dans les airs, au pied de grandes falaises rocheuses. La couleur de feu des arbres en automne ajoute une couche de magie au moment.

« C’est très zen la pêche à la mouche, remarque Anik. Pour faire un beau lancer et visualiser où va aller la mouche, ça t’oblige à être dans le moment présent »

Avec toutes les pêcheuses en rangée sur le bord de la rivière, le tableau est magnifique. Après quelques heures de pratique, les lancers s’améliorent, et après le diner, les groupes se dispersent dans quatre fosses à poisson.

Le groupe composé de Joanie, Émilie, Marie-Michelle et Raynald, doit marcher dans la rivière pour atteindre un banc de roche où se trouve la fosse. « Avec un aussi beau décor, c’est facile de décrocher, souligne Joanie, en lançant sa mouche à l’eau. Et il y a tellement de choses à apprendre, sur les lancers, sur la rivière, sur les mouches, que ça permet de vraiment lâcher prise ».

Plus bas sur la rivière, Geneviève est bien installée dans la rivière Sainte-Marguerite, avec de l’eau à la mi-cuisse. Alors que sa mouche dérive dans le courant, elle saisit sa canne et la bascule vers l’arrière, avant de donner un coup vers l’avant pour projeter la soie (une partie de la ligne de pêche) vers l’avant. « C’est vraiment super, j’adore ça », dit-elle, alors que Catherine vient de réaliser que ses bottes-pantalons étanches…ne le sont pas totalement !

Dans une autre fosse en amont, Everard, Anna, Cécilia et l’infirmière, prennent une pose de pêche pour danser le floss alors qu’Yves pêche en riant. Puis, quand elles voient le photographe arriver, elles se lancent sur leurs cannes pour se remettre à pêcher en se bidonnant.

De l’autre côté de la rivière, un pêcheur a sorti trois truites, mais aucun membre du groupe n’a eu une telle chance. « Il ne manque qu’un poisson pour que tout soit parfait », souligne Mariève en soirée, autour du feu, tout sourire…

Guillaume Roy, blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds