Date

Catégories

Expéditions

Auteur

Fabienne Macé

Retour sur la veille

Ça mordait beaucoup paraît-il, lors de la belle partie de pêche entre Rania, Paul, Lysianne et Mario. Résultats des prises : 1 brochet de 12 pouces et le premier poisson à vie de Rania!

Côté concert, pendant le canotage, Jérémie entonne une tune, qui est reprise au fur et à mesure d’un canot à l’autre. À peine débarqué sur la plage de notre campement, il sort son livret de chant et trouve les paroles au complet : Umbrella de Rihanna a dû résonner dans toute la Vérendrye tellement la dizaine d’interprètes s’est donné à fond!

« Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre séjour? »

À cette question, voici ce qui a été répondu au tour de table de la veillée. Premier à prendre la parole, Charles déclare que ce sont les gens par eux-mêmes, autant les participants que le staff de la fondation Sur la pointe des pieds ou celui de Désir de Découvrir qu’il apprécie le plus. Et se faufile une histoire de Big dogs aussi, joke récurrente! Pour Rania, ce sont les soirées de jeux et se faire réveiller par les belles musiques d’Eve-Marie et Catherine; pour Coralie, de pouvoir jouir du moment présent sans penser au reste; pour Kylie, de faire beaucoup de choses nouvelles comme le portage; pour Alice, tout est le fun : la répartition des tâches et l’organisation qui permettent de se préoccuper de rien, le bilinguisme qui se passe très facilement et aussi les activités; pour Vincent, de retrouver une force perdue; pour Romane, de ne pas avoir de repère de temps et de juste vivre sans s’occuper de l’heure et aussi ça lui rappelle les camps de vacances comme quand on est enfant; pour Paul, que le staff soit aussi passionné, qu’ils en fassent toujours plus que nécessaire comme tout démontrer même comment porter les barils; pour Nicole, de pouvoir parler du cancer librement jusqu’à en blaguer, ce que beaucoup approuvent; pour Kaylee, c’est plein de choses à la fois comme chanter dans le canot ou d’être si bien nourrie, même pour les végétariens, c’est savoureux et complet ajoute-t-elle. Et plusieurs renchérissent qu’ils sont impressionnés de manger de vrais repas sur autant de jours; un super menu et grande organisation de la part de Désir de Découvrir; pour Jhelisa, c’est de pouvoir compter sur une équipe médicale à disposition, mais aussi d’avoir tout le support du staff en ne les ayants pas sur le dos(!) ; Michael remercie les guides et le staff qui travaillent tout le temps pour que le groupe puisse s’amuser et profiter et il me remercie aussi de tout noter, tout photographier pour garder les souvenirs!

Gros défi, grande fierté

Aujourd’hui, nous avons enchaîné cinq portages et trois traversées de barrages de castors. Si on avait su à l’avance à quoi s’attendre, beaucoup, dont moi, auraient crié « Impossible que je fasse ça! ». Et pourtant, malgré les gestes nouvellement appris, malgré les charges lourdes, malgré les sentiers racineux en côtes et descentes glissantes, malgré la répétition des chargements et déchargements des canots, malgré tous ces efforts dont on ne se sentait pas capable, on l’a fait! Portager 10 canots de 80 livres sur le dos sur des centaines de mètres chaotiques, attraper un bidon d’eau pour ne pas partir les mains vides alors qu’on a déjà un baril voire deux sur les épaules… ajouter les 2 gros sacs médicaux, les provisions de nourriture pour 5 jours, les équipements de cuisine, les caissons de communication… Et j’en oublie.

Comme le souligne Mario à la pause dîner, alors que les troupes semblent bien fatiguées, ces jeunes étaient alités à cause de la maladie et des traitements il n’y a pas si longtemps encore; et la semaine dernière, ils ne soupçonnaient pas l’existence de ces ressources en eux. Pourtant, aujourd’hui, ils ont relevé un défi énorme. Ils se sont surpassés, encouragés, épaulés. Jessica a dû imposer un arrêt obligatoire pour manger une bouchée, avant de faire un aller-retour de plus à midi.  C’est aussi que la fondation veut leur permettre : reprendre confiance dans leurs corps et leurs forces pour accomplir ce qu’ils veulent, même des tâches exigeantes. Une entraide spontanée et une belle dynamique de groupe régnaient pour mener finalement à une super organisation. Les guides, Marylou, Lysianne… tous portaient des chargements dignes de mules népalaises… même Romane, avec son petit format s’est mérité le surnom de Petite Charrue par Catherine. Mario, le doyen du groupe, enchainait les tours forçant l’admiration de ceux qui le voyait à l’œuvre pour la première fois. Je ne peux nommer les performances de chacun, mais sachez que tous ont donné leur maximum avec beaucoup de volonté et dans la bonne humeur. J’avais noté toutes les distances et autres détails dans mon carnet résistant à l’eau – oui oui ça existe! – mais ces infos sont tout à fait secondaires au regard de l’accomplissement individuel et collectif qui s’est opéré aujourd’hui dans notre groupe et surtout parmi les jeunes.

En chanson pour savourer le travail bien fait

Les portages sont derrière nous… nous rassemblons les canots en radeau avant de reprendre le dernier pagayage pour une chanson. Certains feraient bien une sieste et relaxent sur les canots. Pour parfaire le moment de calme, Catherine propose de chanter l’hymne de la fondation. C’est un morceau rapporté d’une expé de la fondation en l’an 2000 à Elsmere Island en Arctique : ni mot, ni langue, ni sens, juste une mélodie tout en douceur sur un tempo envoutant. Nous repartons en silence histoire d’intégrer tout ce qui s’est vécu aujourd’hui.

Sous le signe des oiseaux

C’est Lysianne, amoureuse de la nature et érudite sur le sujet, qui me fait remarquer la chance que nous avons en cette fin de journée. Une envolée de trois jeunes grues du Canada vient de nous faire l’honneur de leur passage majestueux. C’est très rare, me dit-elle! Puis c’est un huard qui se manifeste et clame son territoire avec puissance. Et pour finir, quelques sternes aussi vives qu’immaculées virevoltent au-dessus de nous et plongent à tour de rôle pour pêcher, sans doute l’heure du souper pour ces délicats oiseaux aux allures d’anges.

Nous découvrons le site du campement pour ce soir… Devinez! Une grande plage de beau sable bordée de petites parois rocheuses. Le ciel s’assombrit et nous avons juste le temps de monter les tentes et de faire un brin de toilette avant que le vent ne se lève et que la bruine ne commence. En dessert, du popcorn à la casserole nappé de caramel façon Jessica,  c’est comme à la maison, quand la météo est maussade et qu’on s’organise une soirée cocooning. Mais ici, c’est dans un sac de couchage que l’on se pelotonne au son du vent qui siffle dans les arbres. Personne n’échangerait sa place.

 

Fabienne Macé, Blogueuse et photographe bénévole pour la fondation Sur la pointe des pieds