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Catégories

Expéditions

Auteur

Valérian Mazataud

Cri primal de groupe

Ça y est nous avons atteint le réservoir Manicouagan ! On s’est aussi littéralement jetés dans le vide (accrochés quand même) avant de s’embarquer pour une longue route droite vers le Nord et l’œil du Québec.

Cancer card

Je vous écris de la Station Uapishka. Enfin nous avons atteint le Réservoir Manicouagan, notre camp de base, notre point de départ, mais le voyage pour y arriver ne fut pas de tout repos. On le dit parfois, la vie c’est tout ce qui se passe entre les grands moments mémorables. Tous ces petits instants qu’on vit et que l’on oublie parfois aussi vite. C’est d’ailleurs pourquoi nous en consignons quelques-uns dans notre carnet d’expédition de groupe (c’est Aurélie qui le transporte, mais tout le monde y écrit). Au déjeuner par exemple, on échange des blagues et des anecdotes du type « le jour où mon chien a mangé ma pilule de chimio ». Puis la conversation s’oriente sur les meilleures manières d’utiliser sa « cancer card », entendez s’ouvrir quelques portes en faisant subtilement remarquer qu’on est un ado atteint de cancer. On y évoque aussi les éventuelles maladresses du système médical lorsqu’il s’agit d’annoncer un diagnostic de cancer.

Dans les airs

Comme hier, on est aussi passé par la déception de découvrir que la route pour l’expé était toujours fermée. Mais comme on a vendu le punch au début de l’article, vous savez qu’elle a fini par réouvrir. Ce que vous ne savez pas c’est où on était au moment de l’annonce de la bonne nouvelle, littéralement suspendus dans les airs, à dévaler une tyrolienne ou à traverser un pont suspendu. En effet, pour prendre notre mal en patience, nos guides d’Aventure Nordique, Fred et Coralie, nous ont ouvert les portes de leur aire de jeux aériens installée au-dessus de la Baie Saint-Pancrace : une vue sur le fleuve à couper le souffle, à attraper à toute vitesse en glissant le long d’un câble de plus de cent mètres, puis retour sur un pont suspendu au-dessus d’une cascade gelée. Mention spéciale à Vincent qui a affronté sa peur du vide par deux fois.

Au rayon des petits instant de vie on n’oublieras pas non plus une méditation matinale au bord du fleuve, un lunch en haut d’une falaise (sandwichs au poulet si vous vous posez la question), des dizaines de fous rires, quelques centaines de kilomètres en bus jaune, et même un coucher de soleil sur l’impressionnant barrage Manic 5.

Et puis enfin à la nuit tombée, nous atteignons la Station Uapishka, dont le nom signifie «la montagne où la neige ne fond jamais» en langue Innue. Cette nuit sera notre dernière dans un vrai lit avant de planter notre tente sur le réservoir gelé dès demain. Progressivement nous décrochons du confort de la ville pour nous ensauvager et nous redécouvrir. Voulez-vous savoir notre nouveau mot d’ordre chanté à tue-tête dans le bus jaune? « À nous les Monts Groulx ! »

 

Valérian Mazataud, photographe-blogueur bénévole pour la fondation Sur la pointe des pieds