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Marie Ledoux

Les deux Mario sur le lac Saint-Jean

6h30, dimanche matin. L’étape la plus cruciale était de sortir de nos sacs de couchage, alors que le thermomètre indiquait -30 degrés. Allez « up »! Quelques secondes plus tard, on enfilait nos doudounes, bas de laine, mouflons, tuques, mitaines et courions voir le lever du soleil plombant directement sur notre campement.

Déjà cela nous rendait tous bien heureux. De plus, nous avons été servis d’un déjeuner de luxe préparé par nos bénévoles : céréales chaudes « red river » avec compote de pomme et flocons d’érable. Nous avons été particulièrement gâtés! C’était LE remède pour nous réchauffer. Pour nous réchauffer le coeur et l’âme, du moins! Soulignons le travail remarquable des deux Mario, stagiaires et bénévoles sans qui l’événement ne pourrait tout simplement pas avoir lieu. Nous avons été traités aux petits oignons. En conclusion de notre routine matinale, nous avons pris le temps de décamper une dernière fois.

 

Nous avons parcouru les derniers kilomètres, vent de face. La crème anti-engelure était nécessaire. La journée a été assez brève, étant donné qu’il nous en restait peu à parcourir avant d’arriver à Roberval. Malgré le froid constant, nous avions tous le sourire aux lèvres et l’impatience d’accomplir notre mission.

 

Voilà, nous avons officiellement franchi le fil d’arrivée du Double Défi des Deux Mario 2020, au village de glace de Roberval, trois jours plus tard. Les bénévoles et les familles nous attendaient. Tapes dans les mains, accolades et quelques larmes. Malgré la fatigue et l’épuisement, nous étions ravis d’avoir réalisé le défi. Cela en était un bon! L’équipe de l’organisation a pris le temps de nous féliciter et remercier pour l’aventure. Après tout, l’objectif de l’expédition était d’amasser des sous pour la fondation sur la Pointe des Pieds. Les fonds en soit permettront aux jeunes en rémission et en traitement du cancer de se gâter à leur tour.

 

Dans mon cas, l’aventure a été au-delà de mes attentes. En quittant le large de Pointe-Taillon, vendredi passé, je n’avais aucune idée dans quoi je m’étais embarquée. Je me le suis redemandé plusieurs fois, d’ailleurs, alors que je croyais perdre mes orteils samedi matin.

 

Durant notre séjour, Mario Cantin a bien pris le temps de nous dire « on est fous de faire ça, mais ce n’est pas grave ». Je suis d’accord! Je crois que cela prend de bonnes têtes de guerrier pour affronter le climat hivernal du Lac Saint-Jean et penser à dormir sur celui-ci en plein mois de février. Les jours et nuits à -30 degrés nous ont grugé beaucoup d’énergie. On devait constamment trouver de multiples solutions, dans le but de se garder au chaud. Système de vêtements multicouches, doudoune, semelles chauffantes, chauffe-mains, eau chaude, rester en mouvement et j’en passe. Bien équipé, on s’en sort! Au-delà du froid, quand tu passes trois jours au grand air en autonomie complète, tu t’en tiens à l’essentiel. Tu penses à toi et à ton corps. En marchant sur le lac, j’ai réussi à faire le vide et à ne penser à rien de mon quotidien. J’ai réussi à ne penser qu’à mettre un pied devant l’autre. J’ai pensé à ma bonne santé que je suis chanceuse d’avoir, à ma tête, à mes articulations, au relief du sol, au vent tapant mes joues, à « pourquoi je fais ça? », à « pourquoi je suis là? », aux gens qui m’entouraient, au soleil qui réchauffait mon visage, au coucher du soleil et lever de lune de samedi après-midi. L’aventure, c’est l’aventure!

 

Le Double Défi des deux Mario nous a sans doute tous travaillé physiquement et mentalement. Nous en ressortons avec la satisfaction d’avoir accompli une mission de taille qui, au final, permettra aux jeunes guerriers de vivre à fond chaque petit moment de la vie à travers leurs expéditions aux côtés de la fondation sur la Pointe des Pieds.

 

Photos: Marie Ledoux