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Expéditions

Auteur

Jean-Mathieu Chénier

Coucher de soleil en expedition

L’éveil des aventuriers

Le soleil commence à peine à se pointer le nez que nous sommes déjà debout. Malgré une certaine fatigue accumulée et une courte nuit de sommeil, tout le groupe semble de bonne humeur et rempli d’énergie.

La lumière du matin transperce tranquillement l’espace entre les branches et la nature semble avoir décidé d’y aller « all in » pour notre dernière journée.

Ce sera juste parfait pour profiter encore un peu du calme dont Mélorie parlait hier soir autour du feu. Ce calme intérieur si agréable que nous avons ressenti tout au long de l’expé. Ce calme que seules la nature et l’absence des bruits de la civilisation peuvent procurer.

Le paradoxe

C’est pourtant un peu paradoxal de parler de calme en ce moment, car tout se passe tellement vite ce matin. Pas le choix. : nous devons être prêts à partir assez tôt si nous voulons avoir le temps de vivre tous les moments que cette dernière journée nous réserve.

Ce paradoxe fait écho à celui qui nous habite depuis que nous nous affairons à défaire le campement afin de pouvoir quitter le site. Paradoxe un peu déchirant mettant en compétition notre envie d’aider le groupe, d’être partie prenante de cette entraide si solidement efficace que nous avons développée au cours des derniers jours et cette autre envie de profiter du moment. Ce que, comme nous l’a fait remarquer Linda, l’infirmière du groupe, nous réussissons avec brio depuis le début de l’expé, tel de véritables aventuriers.

Ce paradoxe fait en sorte que tout le monde contribue à l’effort collectif tout en déviant un peu de ses tâches de temps à autre.

Pour Andrei, Evan, Vincent et Samuel, ces déviations prennent la forme de « natural pauses » qui sont loin de l’être. Tout prétexte est bon pour s’arrêter et prendre une pause exagérée sous prétexte qu’ils sont dans la « nature ». Evan excelle particulièrement dans l’art de trouver les meilleurs endroits pour prendre ses pauses.

La nature et l’aventure pour créer des liens

Ces moments sont un bel exemple des connexions qu’Andrei disait avoir pu créer lors de notre dernier retour. Connexions qu’il avouait avoir de la difficulté à créer avec ses amis à la maison, mais qui étaient presque instantanées ici. En grande partie dû au fait que chacun d’entre nous peut plus facilement comprendre ce que l’autre vit présentement.

Mention spéciale à Vincent ici qui semble avoir été un élément-clé de cette fusion entre les participants anglophones et francophones. Dire qu’initialement il ne voulait même pas venir en expédition…

Comme il l’a dit lui-même, notre aventure lui a fait vivre beaucoup de moments positifs qui ont grandement influencés certains de ses comportements et qui lui ont permis de surpasser son anxiété et d’aller à la rencontre des autres.

Et il n’est pas le seul d’entre nous qui a été influencé par ce que nous vivons depuis que nous sommes arrivés au Poisson-Blanc. L’attitude de tout le monde lors de l’ouverture du « package » (à prononcer avec un accent québécois pour une raison inconnue) qu’Elissa a si bien gardé lors des deux journées de rabaska exhalait l’empathie et l’ouverture à l’autre.

Petit secret : ce « package » était une surprise que les facilitatrices nous avaient donnée en début d’expé et que nous pouvions décider de déballer à tout moment. Pour nous réconforter aussi bien que pour accentuer un moment de grande joie. Nous avions décidé de l’ouvrir après le retour chargé d’émotions d’hier. Une bien bonne décision avec un peu de recul.

Au campement, les déviations de certaines révèlent une créativité débordante. C’est plus qu’évident pour tous ceux ayant eu la chance d’observer Loryanne et Arielle dans la peau de vieilles madames roulant leurs « r ». Si mes informations sont exactes, l’une d’entre elles a malheureusement perdu son mari à la guerre tandis que l’autre a aidé ses frères à éviter la conscription.

Ce délire commun partagé par ces deux nouvelles amies contribue certainement à l’apaisement qu’Arielle ressent depuis quelque temps.

Malgré toutes ces déviations, nous réussissons tout de même à défaire le campement et à réunir tout le groupe sur la pointe du Natjelem pour les traditionnelles photos de groupe.

Le tout n’est toutefois pas encore gagné, car les déviations se perpétuent. Rendu là, il vaut mieux les accepter et en rire plutôt que d’essayer de réprimer ces envies de profiter encore un peu de la présence de tout un chacun.

De toute façon, nous contribuons tous un peu à notre manière à ralentir le processus.

Ce n’est pas vraiment de notre faute. Nous avons développé une telle complicité que nous avons comme l’impression de nous connaitre depuis longtemps. Quoi de plus normal que des amis de longue date s’en permettant toujours un peu plus lorsqu’ils se retrouvent ensemble.

Comme l’a exprimé Evan lors du dernier retour, ce que nous vivons ensemble depuis notre départ semble si familier, même si c’est aussi loin de l’être.

It’s really weird. It’s like a deja vu even though we do all most of these things for the first time

En plus, le soleil et le ciel bleu au-dessus de nous contribuent sûrement à nous rendre encore plus taquins.

Nous devons avouer que, même si Marie-Michelle a totalement raison quand elle dit qu’une journée grise en camping c’est quand même une belle journée, rien n’arrive à la cheville d’une journée ensoleillée comme celle que nous avons la chance de vivre aujourd’hui.

Une fois les photos prises, nous séparons le groupe en deux et nous nous préparons à faire une course de rabaska entre un groupe formé des participants et de Mario et un autre regroupant le reste des « adultes ».

Précisons ici que la course a été remportée par le groupe des participants grâce à une manœuvre que nous qualifierons, pour être polis, de compétitive de la part de Mario.

Le retour au camp de base

Maintenant revenus au camp, nous nous changeons, nous trions notre équipement et nous prenons une douche bien méritée question d’être proche pour notre dernier diner ensemble et la route qui nous reste à faire avant de nous dire au revoir.

Juste avant de partir, nos facilitatrices nous surprennent une fois de plus par une tradition de la fondation en nous remettant un diplôme afin de souligner ce que nous venons d’accomplir. Une grande fierté émane du cercle que nous formons lors de cette petite cérémonie.

Maintenant que notre aventure tire à sa fin, il ne nous reste plus à nous souhaiter la piqure dont parlait André et la révélation que Charles-Antoine nous a souhaitée.

Il ne nous reste plus qu’à, pour paraphraser Mario, continuer à nous émerveiller de ce que nous avons accompli, du défi que nous avons relevé, du courage dont nous avons fait preuve, des liens que nous avons créés, de la force que nous avons réussi à avoir en travaillant en équipe, du futur qui nous attend, de notre résilience et de nos yeux qui brillent.

Nous sommes maintenant des aventuriers, voire de véritables voyageurs.

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