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Lorsque l’infirmière de l’hôpital m’a parlé la première fois des expéditions de la fondation Sur la pointe des pieds, je ne pensais pas que c’était pour moi cette aventure. Partir en canot pendant quatre jours en pleine nature? Moi qui suis habitué d’avoir les deux pieds sur l’asphalte? Moi qui ai passé plus de temps à l’ôpital qu’à l’école depuis un an?
Mes parents ont tenté de m’encourager à m’inscrire, mais en vain. Puis l’infirmière est revenue à la charge et elle a fini pas me convaincre. Pourquoi ne pas essayer? D’un coup que j’aime ça?
Et me voilà, pour de vrai, au premier jour de cette expédition.
Ce matin, quand j’ai rejoint le reste du groupe, je dois dire que j’ai eu un gros moment d’hésitation. D’un coup que je n’arrive pas à me faire des amis? D’un coup que je n’aie pas la force pour soulever le rabaska avec les autres ou de pagayer pour le faire avancer? Je n’étais plus trop sûr d’avoir pris la bonne décision.
En entrant dans l’autobus à Montréal, je ne savais pas trop où regarder. En plus, la moitié du monde ne parle pas la même langue que moi. Je ne pige pas tout ce qui se dit et quand je dois parler, je vois que ce n’est pas tout le monde qui comprend ce que je dis. En plus, il a fallu qu’on remette nos cellulaires. Y’en aura pas de facile….
Heureusement, les gens de la fondation ont eu le tour pour me mettre à l’aise. Déjà pendant le trajet entre Montréal et l’Outaouais, j’ai commencé à me sentir plus à mon aise. Madeline a sorti son jeu de cartes et nous avons joué un bout de temps. C’était cool de pouvoir rire ensemble!
On a fait une pause pour le diner à Gatineau puis le dernier petit bout vers le nord et la base de plein air Air-Eau-Bois qui est juste sur le bord du réservoir du Poisson Blanc. Quel calme cet endroit! Nous avons déposé nos sacs dans nos chambres dortoirs, puis avons descendu le long escalier vers le bord du lac où nous attendaient patiemment les rabaskas.
Quelques conseils d’usages plus tard, et nous voilà sur l’eau, séparés dans deux grands rabaskas. Ce sont de grosses et lourdes embarcations, mais tous ensemble nous n’avons pas eu de difficulté à les mettre à l’eau et à les faire glisser sur l’eau. Nous avons fait une courte sortie sur l’eau pour apprivoiser les bateaux et pour apprendre à pagayer en cadence, en harmonie. C’est comme ça que nous avançons le plus vite et avec le moins d’efforts.
Au beau milieu du lac, Catherine, une des responsables de la fondation, nous a demandé de faire une minute de silence. Pas de vent, pas de vague. Pas de bruit. À peine, très loin, un bateau moteur que je n’avais pas remarqué auparavant.
Sylvie, de la base de plein air, nous attendait avec une bonne soupe chaude et un ragout de boulettes qui m’a redonné de l’énergie! Même si là, je suis un peu fatigué. La journée a quand même été bien remplie.
Là, nous sommes tous réunis dans la grande salle. Marie-Michelle nous distribue notre matériel pour le reste de la fin de semaine. Je me rends compte, en parlant aux autres que nous partageons pas mal les mêmes buts pour notre expédition : sortir de notre routine, se faire des nouveaux amis, faire du canot, partager avec des gens qui ont un peu vécu la même chose que moi et aussi, un peu quand même, manquer quelques jours d’école.
C’est rassurant de voir d’autres jeunes comme Félix et Émilie qui ont déjà fait des expéditions, qu’ils ont trippé et qu’ils ont eu le goût de revenir!
Marie-Michelle nous invite à oser, pour profiter au maximum de l’expérience, tout en sachant respecter nos limites. C’est une aventure et il y aura des imprévus. Nos plans changeront peut-être rapidement. Comme par exemple, demain, un orage et de forts vents sont prévus. Les organisateurs ont tout prévu pour assurer notre sécurité mais aussi pour s’assurer qu’on vive une super aventure. Ainsi, peut-être que nous ferons de la rando au lieu de faire du canot. On verra.
Ça commence bien notre escapade et tout compte fait, je pense que je suis bien content d’avoir accepté cette offre de l’infirmière à l’hôpital.
Bon, là il faut que j’aille me coucher, parce que demain sera une grosse journée!
Bonne nuit, pas de puce pas de punaise, comme dit ma mère.