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Fabienne Macé

Catherine a lu son livre de messages d’amour jusqu’au petites heures de la nuit, signe qu’ils ont répondu nombreux à l’appel pour lui rendre un peu de tout ce qu’elle donne. Cette explosion d’amour et de reconnaissance, c’est le meilleur exemple de ce que peut offrir la fondation.

Alors ce matin, pour sonner le réveil, Eve-Marie et Catherine  ont entonné la vraie version des « Chats sauvages » avec leurs ukulélés. Ça « jase d’amour et de liberté ». Les duos aléatoires des jeunes qui émergent de leurs tentes papotent, rigolent et continuent les conversations de la veille. Kaylee, toujours assez matinale, est en charge du feu. Elle met avec grande joie toutes les bûches qu’elle a coupées hier soir.

Aujourd’hui, c’est plus une journée portage qu’une journée canotage. Un portage, c’est quand on ne peut pas passer sur l’eau ou quand on ne veut pas passer sur l’eau parce que les rapides sont trop puissants. Le premier, c’est 165 mètres. Ce n’est pas énorme, mais c’était notre premier. Il faut qu’on mette en pratique ce qu’on a appris ce matin avec Jessica et Hippolyte. En fait, il faut revirer le bateau à deux sans s’emmêler les pieds ni les mains, et ensuite faire l’étoile, le dresser au-dessus de notre tête et le mettre en équilibre sur l’un d’entre nous qui doit marcher avec à priori, une douleur sur les épaules et pas mal d’efforts à faire. Je n’ai pas testé, je ne peux pas vous dire, mais les ai vus. La plupart ont voulu essayer. Et tout s’est fait avec beaucoup d’efficacité. On a encore eu les félicitations de Jessica. Tous les barils, parfois deux sur une même personne, un sur les épaules, l’autre en travers par-dessus avec des sacs dans les mains. Quelques allers-retours dans le sentier plein de racines : tout s’est bien passé.

Deuxième portage, c’est un peu plus court, mais c’est une autre technique. On doit porter les canots un peu comme une valise. Donc on se met à plusieurs et on se les passe. Il y a un travail à la chaîne super efficace qui se fait. On traverse un endroit assez escarpé. Il faut monter le canot puis le relancer dans un nouveau lac. Tous le monde participe, tout le monde est super bien organisé et nos logisticiens Jessica, Jérémie et Hippolyte nous encadrent très bien. Il y a encore des félicitations et tout se passe dans la bonne humeur et l’efficacité.

On débarque dans un lac magnifique. On est seul, c’est superbe. On entend des chansons qui passent d’un canot à l’autre. Mario qui chante une version revisitée d’À la claire fontaine que les voyageurs Français entonnaient lorsqu’ils ont découvert l’immensité du Québec. Dans mon canot, c’est Paul inspiré par Mario qui se met à chanter On the Street Where You Live de Dean Martin, l’ambiance est vraiment agréable. Il fait très chaud par contre. Jessica nous demande de boire beaucoup, de mouiller nos casquettes à chaque fois et on se recrème régulièrement.

Le midi on a une quasi-obligation de se baigner et on se baigne avec nos vestes de flottaisons comme ça elles vont garder toute la fraicheur. On a l’air d’un petit banc de phoques qui flottent au milieu du lac, c’est assez comique.

Dans mon canot avec Paul et Charles, j’en ai appris beaucoup sur la finance que tous les deux étudient. Je sais maintenant comment j’aurais dû prévoir ma retraite! J’ai appris aussi que l’Everest était couvert d’excrément humains, mais on était très fiers parce que nous on en laissera traîner aucun dans la Parc de la Vérendrye. J’ai appris qu’ils avaient tous les deux chanté de l’opéra quand ils étaient jeunes ce qui aura motivé tous les chants sur le lac cet après-midi. Ce que j’ai appris de super intéressant, c’est le projet de Charles. un rêve qu’il a à long terme. Un projet d’OBNL pour aider les patients en oncologie à se nourrir sainement. Un projet qu’il a entamé et sur lequel il va travailler tranquillement pour bien le faire et bien le réussir.

Le troisième portage est assez long, ça a demandé beaucoup d’efforts à tout le monde. On sent la bonne volonté, on sent l’énergie. Chacun fait des allers-retours pour voir s’il y a encore quelque chose à porter. Personne ne se plaint, tout le monde a le sourire.

On se rapproche de notre bivouac pour le soir. On arrive presque trop vite tellement c’est beau. On débarque dans une belle crique avec une jolie plage tout au fond. C’est là qu’on va passer la nuit. Il y a encore une forêt de cèdres avec pleins de petits emplacements. Chacun trouve sa place, chacun s’y installe.

L’équipe logistique toujours rapide comme l’éclair retourne deux canots pour faire deux tables et installer la petite cuisine. C’est joli comme tout. À peine arrivé, Marylou, notre douce infirmière, s’est attelé à la vaisselle du midi tandis qu’Hippolyte était assisté de Romane pour lancer le feu. Il y a Jhelisa et Michael qui commencent à couper les légumes pour le pad thaï au poulet. Un poulet aux saveurs boisées à la façon Hippolyte et pour le dessert on aura des bananes campeurs. J’ai découvert ça, c’est pas mal bon! Vincent fait son tour tout revigoré pour aller couper du bois et manipuler la hache pour alimenter le feu, ça lui a fait grand bien. Il mérite bien son repos ce soir face à la lune qui est rosée au-dessus du lac avec un reflet qui bouge à peine puisque le lac est très calme sur notre jolie plage de sable fin.

Il y a eu un jeu autour du feu ce soir, à priori je les entendais prononcer des choses comme s’ils avaient de l’eau dans la bouche. Je ne sais pas ce que c’était comme jeu, mais j’entendais des rires et ça m’aidait beaucoup à passer une belle soirée.

 

Fabienne Macé, blogueuse et photographe bénévole pour la fondation Sur la pointe des pieds