
Il y avait le plan A, mais la pluie verglaçante a traversé la province, alors on est passé au plan B. Et ce plan B là nous a permis de partager tous ensemble, de mieux nous rencontrer, de nous tester doucement, et de découvrir notre matériel, tout en admirant le fleuve.
Le verglas
Hey gang, j’ai une bonne pis une mauvaise nouvelle.
La bonne c’est que la nuit de sommeil a été un peu plus longue que prévue. Par contre la mauvaise c’est qu’on est bloqués à Baie-Comeau car la route 389 qui nous mènera vers le Nord et les Monts Groulx est fermée pour cause de verglas extrême…
Un peu triste, un peu déçu ? Oui bien sûr, mais en fait l’important est déjà avec nous. Comme aime à le dire Mario, l’âme de la fondation sur la pointe des pieds : «Monter dans le bus c’est déjà l’aventure». Et surtout, partager une épreuve ensemble, quoi de mieux pour souder un groupe.
Et si ce groupe-là se soude très vite, c’est aussi que tous ont eu à traverser des épreuves semblables face à la maladie. En témoigne Gabrielle lors de la pause de midi : «Je suis venue ici pour me déconnecter du téléphone et pouvoir rencontrer des gens qui ont vécu les mêmes choses que moi, car il n’y a pas beaucoup de personnes dans mon entourage à qui en parler vraiment.»
Ne pas suer
À la pause lunch on s’est assis tous ensemble, face au fleuve, gigantesque, et entre deux bouchées de sandwich, chacun a pu partager ses motivations, mais aussi ses craintes faces aux défis de l’expé.
Combien de temps est-on resté assis ? On ne le sait pas exactement car nous avons été débarrassés de nos cellulaire hier, et depuis, on vit sans horaires. On est resté assez longtemps pour que plusieurs d’entre nous commencent à avoir froid. Marie-Michelle en a profité pour nous rappeler quelques trucs de plein air en hiver.
On en avait parlé hier : la gestion des couches est capitale. Aujourd’hui par exemple, le verglas nous a forcé à chausser des crampons ou des raquettes plutôt que des skis. Cela dit, peu importe le moyen de déplacement, il faut respecter une règle d’or : «Ne pas suer». Sueur = eau = froid, une équation à éviter en hiver… Dès que l’on sent son corps se réchauffer, on s’arrête et on enlève une couche, puis on repart. Et inversement, à la pause, on rajoute une couche.
À l’écoute
C’est simple en fait. D’un côté il faut s’écouter soi, et les signes de son corps. D’un autre il faut être attentif aux autres, quand ils ont besoin de s’arrêter par exemple. Une autre règle d’or de la randonnée : «on marche au rythme du plus lent».
Pour plusieurs ça va aussi un peu plus loin. Aurélie par exemple nous a partagé son besoin de «s’offrir un cadeau avec cette expé», après avoir été un peu trop dur avec elle-même ces dernières années.
Et un des cadeaux de cette journée nous a été offert par le boisée de la Pointe St-Gilles, avec son petit sentier qui monte et descend doucement en longeant le fleuve. Oui l’aventure a bel et bien commencé. Demain, départ à l’aube pour le réservoir Manicouagan. Pas de plan A, pas de plan B, juste la vie.
Valérian Mazataud, photographe-blogueur bénévole pour la fondation Sur la pointe des pieds