Ce matin, on se réveille, pour la première fois, allongés dans nos sacs de couchage dans les tentes prospecteur. C’est frisquet, il a plu un petit peu cette nuit, ce qui veut dire qu’il n’a pas fait sous zéro. Il faut dire que nous sommes équipés pour des nuits en camping d’hiver en plus des poêles présents dans les tentes. Tout le monde est donc resté bien au chaud tout au long de la nuit.
C’est le son des ukulélés de Catherine et Marie-Michelle qui nous réveillent accompagnés de leur voix et de celle d’Eve-Marie. Ça fait partie de l’expérience en expédition. On ne pourrait pas demander mieux.
Aux fourneaux, Mauricio est déjà à la tâche. Il nous prépare des œufs et des saucisses que nous placerons dans des pitas avec de la salsa. C’est bon, ça fait du bien! Une fois que nous avons mangé, les participants responsables de la vaisselle s’activent avant que tous ne préparent leurs sacs à dos pour notre première journée d’expédition dans les bois.
Aujourd’hui, les participants sont divisés en deux groupes qui auront la charge de nous guider à travers la forêt. Armés d’une carte et de boussoles, ils doivent déterminer par où nous devons passer pour accomplir le trajet prévu. Aucun sentier n’est tracé, ce qui rend le tout encore plus complexe. Les équipes sont évidemment accompagnées par Mauricio qui possède toutes les connaissances nécessaires. Ils sont franchement très bons dans leur rôle de guide, c’est impressionnant de les voir aller. Tranquillement, ils adoptent la position de leader et n’hésitent pas à nous guider à travers les voies les plus cahoteuses. Ils nous demandent de nous arrêter quelques instants, question de pouvoir aller évaluer ce qui se présente devant et quel est le meilleur chemin à emprunter.
À un certain point, nous avons dû traverser un ruisseau assez large et c’est à ce moment que ça s’est quelque peu compliqué. Comme vous le savez, il fait particulièrement chaud pour ce temps-ci de l’année. La surface de glace qui couvrait le passage n’est plus fiable. Elle est couverte d’une neige fondante très pesante. Il faut se déplacer sur les petits amoncellements d’herbes qui parcellent la route. Ce n’est vraiment pas évident. Plusieurs ont traversé la glace et se sont retrouvé avec les pieds et même les jambes mouillées. La moins chanceuse fut Jillian. On pourrait dire qu’elle a fait une petite saucette!
On atteint notre site de dîner où le soleil nous accueille chaleureusement. On est vraiment gâté par dame nature. C’est en quelque sorte une expédition quatre saisons, on goûte un peu à tout : la neige, la pluie, la bouette, le soleil. Avant de repartir, on honore la nature par un moment de silence et d’introspection.
Tout au long de notre randonnée, Mauricio nous partage ses riches connaissances. Il nous parle des traces que l’on voit dans la neige, de certains types d’arbres, des champignons qui poussent sur les arbres et de l’orientation naturelle. Sur certains pans de montagne il n’y a pas de neige alors que sur certains oui. Des apprentissages riches pour les aventuriers qui voudront poursuivre leurs parcours en nature une fois de retour à la maison.
Sur le chemin du retour, la deuxième équipe de guides s’affaire à la tâche. Ils ont eu une excellente démonstration de la part de la première équipe au préalable. C’est presque naturel.
Aux deux tiers du parcours, on s’arrête pour un cercle de discussion unique. Marie-Michelle ouvre la porte à une discussion sur le cancer. C’est l’occasion pour les participants de témoigner à d’autres jeunes qui les comprennent vraiment, un moment significatif de leur vécu avec le cancer. Être un adolescent atteint de cancer, c’est être différent, c’est parfois se sentir à l’écart et souvent incompris. Ce cercle de discussion est un lieu de confiance, de respect et d’empathie les uns envers les autres. C’est la chance de s’exprimer sans craindre de choquer qui que ce soit. Le respect accompagne la discussion. Les participants sont à l’écoute des uns et des autres sans jugement. C’est vraiment touchant.
On parcourt ensuite le reste du chemin pour se rendre au site où se trouve notre campement. Une fois arrivés, ceux qui ont toujours les pieds mouillés vont se mettre au sec. On repart le feu de camp, on profite du soleil sur la berge et on prépare le souper. On se régale puis on clôt le tout avec une fondue au chocolat. Manger en camping c’est magique. Il n’y a pas de limites à ce qui est possible de faire, ou presque!
La soirée se poursuit ensuite autour du feu. Le groupe y est présentement rassemblé pour une partie de Loup-Garou, un grand classique en termes de jeu à jouer autour d’un feu de camp. Je les entends rire à l’unisson au loin. Le tout s’annonce pour être une autre belle soirée!
À demain 🙂
Laurence Yelle, photographe blogueuse pour la fondation Sur la pointe des pieds