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Jean-Mathieu Chénier

Une bonne chance que les voix mélodieuses du petit cœur des Escoumins, composé de Marie-Michelle, Pascale et Anik sont là pour nous réveiller avec douceur ce mardi matin car ouvrir les yeux à 4h30 (même quand tu ne chantes pas) est assez brutal. Il faut croire qu’il y a un prix à payer pour vivre l’extase de pêcher un saumon.

Aussitôt levés, nous nous préparons, nous buvons avec empressement notre smoothie et nous sautons dans nos mini-fourgonnettes.

Deux chutes valent mieux qu’une

Arrivés aux fosses à saumon après avoir roulé sur une route plutôt cahoteuse, nous y sommes accueillis à bras ouverts par le soleil levant. La lumière qui perce les arbres est absolument sublime, même si Mario est un peu déçu de ne pas voir de pluie à l’horizon, les averses augmentant nos chances d’attraper du beau poisson.

Pour ajouter à tout cela, nous sommes stationnés juste à côté d’une chute et d’un bel escalier sculpté à même la pierre afin d’aider les saumons à remonter le courant. Toute cette beauté vient ajouter une couche de plus à notre fébrilité.

Compétition et entraide

Certains groupes approchent leur journée de pêche avec un petit esprit de compétition tandis que d’autres misent plutôt sur la force du groupe et choisissent des mouches différentes afin d’augmenter leur chance. La beauté de certains appâts impressionne beaucoup; reste maintenant à voir s’ils sont aussi efficaces.

Sur les rives, Roberto, notre mentor-artiste, attend avec impatience que l’eau boue en rêvant à son café pendant que Catherine B se fait aérer les fesses en baissant son wader (tout en gardant ses combines) entre deux séances de pêche.

Un peu plus tard, Chloé vient me chercher pour me montrer leur fosse à saumon au bas de la chute. Mais, quel endroit où se perdre dans ses pensées en attendant qu’un poisson morde!

La connais-tu celle-là?

Pour ce qui est de nos mentors, ils nous partagent avec une générosité déconcertante l’ampleur de leurs connaissances. Ils ne se gênent pas non plus pour prendre de petites pauses durant lesquelles ils se racontent des blagues, disons, différentes de ce à quoi nous pourrions être habituées.

En voici une. «Plaisir non partagé n’est qu’un plaisir à moitié, comme on dit. »

« Une fois c’est deux vers de terres qui jasent, comprends-tu. L’un demande à l’autre comment il va. Le deuxième vers de terre de lui réponde : Ça va mal, je m’en vais à la pêche. »

Pour être honnête, les blagues nous font rire, mais le vrai plaisir est de voir Mario s’esclaffer après chacune d’entre elles.

L’expérience commence à rentrer

À force de lancer nos lignes, nous remarquons que chacun d’entre nous s’améliore constamment. C’est vraiment impressionnant. Anik, par exemple, en éblouie plus d’un avec son aura de professionnelle émanant sûrement de sa confiance à toute épreuve. Sophie quant à elle développe sa propre technique de lancer qui s’appellera finalement après plusieurs heures de réflexion le « revers ». Pour sa part, Catherine B, la médecin-accompagnatrice descendue spécialement pour nous de Kuujjuaq, tente de se démarquer en pêchant en profondeur avec de l’eau jusqu’à la ceinture de son wader.

La première apparition de Céline

Suite à ce bel avant-midi, nous retournons au campement en écoutant Céline Dion chanter « Tel est mon destin. Je vais mon chemin ». Marie-Claude et Anik en profitent pour chanter de tout cœur les mots de Jean-Jacques Goldman. Un spectacle d’une qualité avoisinant ceux de la mi-temps au Superbowl.
Après un dîner bien relax, nous nous reposons tout en préparant des smores sur le feu de la seule et unique manière possible d’en faire.

Bien reposés, nous retournons, souper en main, tenter notre chance une fois de plus aux fosses à saumon. Chloé et Catherine A prennent avantage de ce moment pour pêcher très calmement durant les derniers instants de clarté.

Sur le chemin de retour, nous avons droit à un coucher de soleil absolument « supercalifragilisticexpialidocious » pour reprendre les dires d’Anik. Quelques minutes plus tard, la nature nous gâte encore sous la forme d’un orignal se promenant nonchalamment sur la route. Quelle chance nous avons quand même!

Aussitôt revenus à nos tentes, nous prévoyons rapidement le plan pour le lendemain avant d’aller se coucher, assez fatigués merci.

Jean-Mathieu qui en profite pour remercier spécialement Karl dont le café a définitivement propulsé ce texte.

Blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds