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Auteur

Valerian Mazataud

Et bien voilà il fallait bien s'y attendre, cette fois c'est bel et bien fini. Chacun a regagné son chez soi sous la pluie et je ne vous écris plus depuis un fauteuil sous la lune.

Vous vous souvenez, le premier jour, nous avions tous ensemble fait une prière au totem de la base Air Eau Bois (avec un raton-laveur et un aigle, et un moniteur en bois dessus). Nous avions alors demandé : du soleil, un peu de vent frais (et si possible dans le dos), une éclipse de lune, et une aurore boréale. Nous en avons trois sur quatre, alors c’est quand même pas mal du tout.

En parfaite synchronisation avec nos demandes, les nuages ont retenu leurs gouttes jusqu’à notre départ, même au réveil du petit matin, le ciel n’était plus bleu comme à son habitude. Alors, on a entamé la série des derniers. Dernier réveil en guitare (Eric Clapton et Eddie Vedder ce matin), derniers toasts au beurre de peanut de Mario, dernier démontage de dôme, dernier pliage de sleeping, dernier portage de rabaska en gang, dernier cri de guerre, derniers coups de pagaie, pis finalement un dernier coup d’oeil au poisson blanc.

Ouais, on a rangé le bateau, les vestes de sauvetage, les pagaies, le drapeau, les bottes, les chansons, les chaussettes en néoprène, les vestes polaires, les lunettes de soleil, les guitares et les ukuleles, les pâtes et le beurre de peanut de Mario, les blagues sur le sel et vinaigre, et on est tous embarqués dans le minibus, direction les villes d’Ottawa, de Lachûte, de Montréal, de Saguenay…

C’était fini, mais pas complètement terminé, parce que les liens qui se sont tissés ici sont là pour durer et ont permit à chacun de changer. Sur la plage, juste après le dernier coup de pagaie, on s’est demandés ce qu’on avait appris : certains en connaissaient plus sur eux même, ou sur leurs relations avec les autres, d’autres en savaient plus sur les nuages et les arbres.

On a échangé quelques derniers mots autour du totem, des bye-bye en quittant le poisson-blanc, puis, comme on était quand même heureux d’avoir vécu tout ça, on a laissé le ciel pleurer à notre place…

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