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“Chaque minute que nous vivons est un hymne à la vie.” “Vivez votre vie comme si vous faisiez du sur-temps, par rapport à tous ceux qui nous ont quitté trop tôt.” Les paroles des deux Mario raisonnent jusqu’en dans nos coeurs. La soirée avant la dernière journée, nos deux “mentors” de notre traversée partagent avec nous une partie de leur histoire et de celles des jeunes. Mario Cantin nous raconte avec émotion comment il a essayé d’attraper les orteils et les pieds avec sa fille après l’avoir perdue à tout jamais. Mario Bilodeau nous raconte ses premières expéditions avec les jeunes et la triste disparition d’un membre de sa famille.
À leur tour de nous raconter leur histoire. Des histoires remplies de sagesse, de tristesse et d’espoir. Pendant cette soirée, recroquevillés dans une tente, les participants ont profondément connecté avec et entre eux.
Nicho, Marie-Ève, Jonathan…. tous les noms des jeunes qui ont participé par le passé aux expéditions de la fondation font échos à nos propres histoires et nous rappellent l’importance du moment présent. Les deux Mario nous réchauffent le cœur en nous récitant leur histoire. Le p’tit Nicho, si fragile et si fort qui, quelques semaines avant de mourir, avait nommé à quel point que la nature est thérapeutique en elle-même. La belle et flamboyante Marie-Ève, cette petite étoile filante qui continue de briller malgré qu’elle soit maintenant au ciel. Ou encore Jonathan, qui une dizaine d’année plus tard, racontait récemment comment sa participation à son expédition avait “pavé la voie de sa guérison”. Tous ces petits bouts d’histoire qui nous font frissonner d’admiration nous rappellent ce pour quoi nous sommes là. Nous sommes là pour ÇA. Pour vivre et comprendre ce que ces jeunes remplis de sagesse vivent.
Un mélange de douleur et de douceur.
Un soupçon d’espoir et d’émerveillement.
Tous les ingrédients sont là pour remplir le cœur des participants de ces mots. Ces mots qui sont un véritable appel au changement. “Pourquoi attendre la mort, la douleur ou la souffrance avant de changer? Pourquoi ne pas changer, là, maintenant” nous conseille Mario Cantin avec la voix qui tremble d’émotion. Pourquoi pas maintenant pendant qu’il est encore le temps, pendant que nous sommes là, vivant et fort malgré les intempéries de la vie.
N’est-ce pas cela le bonheur avant tout, être au bon moment, à la bonne place avec les bonnes personnes? Mario Cantin nous invite à revisiter de temps en temps cette simple liste de ce qu’est le bonheur avant toute autre chose et d’y poser un “check” quand nous l’avons accompli.
Ce matin, on sent encore les effluves de ces échanges remplis d’émotions parmi les participants. On pue, on est sale, on a froid, mais on est heureux. Heureux d’être parmi cette petite foule d’humain qui à la fin de la journée, aura accompli ce que bien des gens ne feront jamais dans leur vie.
Avec l’efficacité d’un régiment de l’armée, le groupe embarque sur leurs skis et leurs raquettes et débutent le dernier 7 kilomètres de la traversée.
Encore une fois la température est clémente et le soleil nous accueille à bras ouvert. Tous les participants ont mieux dormi cette fois-ci et se sentent d’attaque. Ça sent le bonheur, la détermination…. et le bon gruau au coulis de fruit parsemé de noix pralinées de notre équipe de cuisine!
Durant le trajet, la progression va de bon train et le groupe a un bon rythme. Le défi est de taille: garder le rythme tout en allant pas trop vite, pour éviter d’avoir chaud et geler sur place! Les deux Mario assurent donc un rythme qui respecte cette règle.
Au Village sur glace de Roberval, les spectateurs voient finalement apparaître au loin les marcheurs qui avancent tranquillement sur le lac. Les participants accélèrent le pas en voyant le village et la foule qui les attend. La tempête commence à gronder un peu au loin. Malgré tout, tous accélèrent le pas pour le dernier sprint. Les participants arrivent deux par deux, le sourire fendu jusqu’aux oreilles et les yeux pétillant de fatigue et de fierté. En franchissant la ligne, on assiste à une cacophonie de pleurs, de rires, de joies profondes, de retrouvailles, de longs baisers et d’accolades sous la banderole “Arrivée”.
On dit souvent que le bonheur ne peut être que vécu que s’il est partagé. Si en plus, nous le vivons ensemble, au bon endroit et bon moment, alors, on atteint un niveau qui dépasse l’imaginaire. Au milieu de la foule, si vous êtes attentif, on peut encore entendre tout haut certains participants pensé: “Check Mario”.
Laura Ducharme, blogueuse pour la fondation Sur la pointe des pieds