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Pause pour le lunch

«J’sais ben pas c’qu’y mettent dans leur pluie pour qu’à nous rende heureux d’même!»

Ces sages mots sortent de la bouche de Justine. Il n’y a pas de meilleure manière de résumer la journée qui vient de s’écouler…

Tout a commencé vers 4h45. Quelques uns d’entre nous se sont extirpés de leur sommeil afin de prendre un peu d’avance dans les préparatifs de la journée, sachant que celle-ci s’annonçait longue et ardue. Nous comptions lever les participants à 5h mais nous avons préféré attendre que le soleil se lève. Ils ont donc pu faire la grasse matinée jusqu’à 5h30, un lourd ciel gris limitant la lumière d’abreuver notre campement. Dès lors, la pluie a commencé à s’abattre sur nous. D’abord fine, presque douce; puis soutenue, drue et froide. Complètement à l’opposé de ce que nous avions connu jusqu’ici.

Par une combinaison de conditions climatiques qui ne portent pas au farniente et des compétences que les participants commencent à développer, nous avons fermé le camp en moins de 2 heures. Un véritable exploit lorsqu’on sait qu’il nous fallait habituellement entre 3 et 4 heures pour en faire de même.

La journée s’amorce par le portage de 300 mètres de la deuxième section du Staircase Canyon. Il s’agit d’un bon défi technique, encore plus avec la pluie qui ne cesse de nous tomber dessus. Tous et chacun prêtent main forte et portent des charges en fonction de leurs capacités respectives. Alors que nous avions prévu 3 heures pour compléter ce portage, il ne nous en faudra que 2!

Nous poursuivons notre descente en franchissant deux courtes sections d’eaux vives qui ravivent nos participants; à travers les gouttes d’eau de pluie qui nous viennent d’en haut et celle des rapides qui nous viennent d’en bas fusent de multiples « wou-hou! », « oh yeah! », « trop cool! » et autres onomatopées de canoteurs visiblement heureux.

Nous arrivons par la suite à un seuil relativement technique. Faisant primer une fois de plus la sécurité au détriment de l’excitation, nous prenons la décision de portager la moitié de bagages et nous laissons les guides et quelques accompagnateurs chevronnés effectuer la descente de ce rapide avec le reste des bagages et les canots allégés. Pendant ce temps, Sophie et Andrée-Anne réussissent l’exploit de démarrer un feu sous la pluie, avec du bois mouillé!

Notre descente se poursuit, encore et toujours sous la pluie… Nous franchissons un dernier rapide puis nous accostons. À ce moment, se dresse devant nous les Mountain Chutes, mais surtout, le renommé « Portage de l’enfer » qui permet d’éviter cette cassure de 20 mètres de dénivelé. En effet, comme il s’agit d’un portage long, techniquement très difficile et passablement exigeant, nous avons organisé une navette de 5 kilomètres par la route. C’est donc avec plaisir que nous profitons de cette quinzaine de minutes bien au chaud et au sec dans le minibus qui nous conduit un peu plus bas sur la rivière, tirant nos canots sur une remorque.

Notre chauffeur nous dépose en bordure de rivière et nous devons monter notre campement, bien évidemment sous la pluie qui tombe encore et toujours. Je prends un moment de recul et j’observe la scène… Tout le monde met la main à la pâte. Les participants s’entraident, se supportent mutuellement, apportent une contribution au bénéfice du plus grand nombre.  Mais surtout, toutes ces tâches se font dans la bonne humeur, en dépit de la fatigue, du froid et de la température maussade. Nos participants nous épatent au plus haut point.

En toute honnêteté, ce fut, et de loin, notre journée la plus difficile depuis le début de cette expédition; une véritable journée de misère! Nous nous sommes levés très tôt, nous avons parcouru une bonne dizaine de kilomètres en canot, nous avons complété 2 portages dont un assez imposant et nous avons composé avec des conditions climatiques somme toute difficiles.

À l’heure du souper, il fait bon se chauffer près du feu ou sous la bâche. Les premiers participants quittent le groupe pour aller se coucher dès 18h30. À peine une heure plus tard, tous les participants sont dans leur tente. Ils peuvent dormir d’un sommeil mérité, un sommeil digne des plus grands vainqueurs.

J-Charles Fortin, blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds

L’expédition sur la rivière Noire est présentée par la Fondation Bon départ de Canadian Tire du Québec

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