C’est un soleil radieux, excité de débuter la journée, de paire avec un cristallisant -20 degrés qui nous attendent ce matin en nous levant. La journée débute par une prise de décision d’équipe concernant le parcours de cette journée de déplacement. On décide d’emprunter le chemin longeant le grand lac Martin-Valin, puis la rivière bras-des-canots, pour enfin aboutir sur la Baie d’Alexis. On le suppose riche en paysages époustouflants. Ce sera, par contre, le chemin qui sera le plus long et surtout le plus difficile. Après la journée « enblizzarée » d’hier, on s’attend à devoir évoluer sur un sentier plutôt enneigé. Le but de la journée est de progresser en équipe, on prend donc les mesures nécessaires pour rester groupés.
Levé du campement que l’on occupait au cours des deux deniers jours, de dodus geais gris viennent nous saluer pour l’occasion.
On prend par la suite la route en fin d’avant-midi. Le soleil est un délice, les rayons sucrés nous caressent le visage. Dans les sentiers, les arbres ployant sous la légèreté de la neige créent un spectacle d’ombres, dentelles délicates sur le tapis hivernal. Ce dernier nous porte sur un sentier surélevé de deux mètres, permettant un tout nouveau point de vue sur la nature environnante.
Petit vertige en arrivant au campement. Difficile de visualiser que sur ce champ de neige, on sera, dans quelques heures, au chaud et assez confortable pour se laisser cueillir par le sommeil. C’est le sublime du camping d’hiver, l’instant où cette incertitude laisse place au sentiment de confort et de bien être. On monte, en équipe, les trois tentes arctiques qui seront notre refuge pour les deux prochaines nuits.
Lentement, l’esquisse d’un campement invitant et chaleureux se dessine. L’heure bleue s’installe sur la Baie d’Alexis, ça sent le feu de bois et le confort des tentes chauffées au cœur de l’hiver. On boit une tasse de chocolat chaud à cette belle journée, à ces rencontres enrichissantes. Puis, tranquillement, la nuit tombe et on allume les fanaux dans nos tentes en lanternes chinoises.
Étonnant, le temps semble avoir filé, déjà rendu à mi-parcours, et bercé par le sentiment de se connaitre depuis longtemps. On s’installe dans la tente cuisine, baigné d’une ambiance d’expédition nordique, le poêle à bois craque, le vent nous bourrasque et on entend la neige tomber lourdement. S’ensuit un échange entre les membres d’expédition, donnant leurs impressions sur ce qu’on vient de vivre, ainsi que les attentes par rapport à ce qui s’en vient. C’est avec curiosité qu’on entrevoit la seconde partie de l’expédition.