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Expéditions

Auteur

Étienne Beaumont

La troupe se réveille tout tranquillement. Une journée assez chargée nous attend tout de même. J’hésite à tirer les rideaux parce que j’ai peur qu’il fasse la même température qu’hier lorsqu’on est arrivé. Je me risque enfin, mais j’ai à peine touché le rideau qu’un jeune s’écrie « Il fait Soleil! ». Le soulagement est complet. L’aventure est très belle même lorsqu’il fait moins beau, mais je crois que tous et chacun ont une petite préférence pour les journées ensoleillées. En approchant de la salle à manger, on devine déjà le déjeuner qui nous attend. Au menu, œuf, bacon fumé, céréale, toast, bref, il y a de tout, même pour les plus difficiles. La plupart sont encore tout endormis et réalise à peine l’endroit de rêve où nous sommes. Par la fenêtre, on peut apercevoir le lac qui dort tranquillement sous la glace entouré par un bataillon de conifères qui montent la garde pour passer le temps. La vue est tout simplement sublime. La cuisine juste à côté fourmille tant nos hôtes s’activent à régler la journée. Ils vont profiter du beau temps pour taper les sentiers de chien de traîneau. Les jeunes ne s’apercevront pas de grand-chose, mais il y a un travail colossal qui est fait pour organiser notre périple. Il faut dire que le territoire est immensément grand et notre expédition s’étale sur 5 longues journées. Pour l’heure, il faut s’activer parce que « Qui dit grands aventuriers, dits grande préparation ». Nous avons un tas de matériel et de consignes à donner à l’équipe et pour que l’avant midi soit complète il faut quand même se garder du temps pour aller se faire bronzer la couenne un peu.

L’épreuve des consignes commencent. Nous traduisons au fur et à mesure dans les deux langues et chacun des francophones et des anglophones profites du moment pour rafraîchir leur langue seconde. C’est beau à voir. Scott et Mathieu se débrouille fort heureusement dans les deux langues et deviennent rapidement des intermédiaires entre les jeunes. Simon quant à lui s’avère être notre clown en devenir. Il semble être très à l’aise dans tout cet inconnu. Vous savez, faire une expédition du genre requiert beaucoup de matériel (vêtements, accessoires, nourriture). En bon mannequin que nous sommes, Jeff et moi-même faisons la démonstration des vêtements à porter et comment bien les utiliser. Ça vire en cirque notre truc, mais nos clowneries semblent avoir tout de même donner de l’information pertinente à l’équipe. Il n’y a pas que le blabla bien sur. Après maintes explications, on commence à en perdre quelques-uns, alors il faut réactiver tout ce beau monde. On va donc aller se dégourdir le popotin. Dehors, c’est le réconfort le plus naturel qui soit. Une brise fraîche pour nous éviter qu’on reste sur place trop longtemps, un soleil éclatant pour faire briller la neige tout autour, des odeurs de grands espaces qui nous rappelle qu’on est très loin de la ville et des sons aussi subtil qu’apaisant qui s’entrecroisent dans l’harmonie la plus totale. Après quelques jeux à courir à gauche et à droite, la gang se dégêne de plus en plus. On sent déjà la proximité qui s’installe et ce n’est qu’un début rassurez-vous. À un certain moment donné, on fait le grand saut et on choisit de faire un jeu de confiance assez audacieux. Une personne se laisse tomber sur le dos (à partir d’un petit balcon) et tout le reste de l’équipe l’attrape. On croirait tomber dans un nuage ou dans du jello (ça dépend des jeunes J). Karolane nous confie sa peur des hauteurs, mais prend son courage à deux mains et s’élance les yeux fermés dans le vide. Tous la rattrapent et son sourire témoigne à lui seul, de l’immense fierté  d’avoir surmonté sa peur. On a devant nous, des jeunes battants qui ont du cœur au ventre et c’est très inspirant. Je me demande s’ils savent à quel point ils sont génial?

La journée décide de nous jouer un tour et passe à une vitesse folle. Dans le temps de le dire, nous sommes rentrés de faire de la raquette et on fait la surprise de voir que l’après-midi est déjà bien entamé. Chacun y va d’un petit moment pour lui. Mélanie se laisse aller à l’écriture tandis que Courtney plonge littéralement dans un livre, les gars jouent aux cartes ou aux échecs et Danika quant à elle, jase avec Héléna. On prend du bon temps comme on dit.
Il fait noir et les étoiles décorent le ciel au-dessus de nos têtes. L’horizon se fond en plusieurs teintes ombragés d’où l’on peut reconnaître la cime des grandes épinettes. Il y a un silence étrangement cacophonique comme si le sol sous nos pieds nous murmurait quelque chose qui s’en vient au loin. On est sortit sous la lune et on se tient là quant tout à coup arrive la meute de chiens tel des fantômes dans la nuit. Ils sont des dizaines et des dizaines et plusieurs traîneaux glissent derrière eux. Pourtant, on croirait entendre que les vieux mugissements du vent. C’est un spectacle incroyable qui démontre avec force la beauté de la nature et son incroyable réconfort. Nous accueillons chacun de ses chiens avec empressement. Ils sont le renfort que l’on attendait. Chacun de ses Husky a un nom, parfois drôle et d’autres fois plus mystique. On ne s’attarde pas trop car le souper est servit et les chiens doivent se reposer. Nous irons faire connaissance davantage demain. De toute façon, il faut bien se reposer car demain est le grand jour du départ. Les yeux encore remplis d’images nous prenons place au salon juste avant le coucher. On fait un retour sur notre journée. C’est notre première rencontre de groupe. Chacun est invité à parler de ce qui l’a amené à vivre cette expérience et une peur qu’ils ont envers le voyage. Le moment est chargé en émotion, mais très positif. Après seulement 2 jours, je peux voir devant mes yeux une équipe lié plus profondément que bien des amitiés. Les jeunes sont d’une authenticité qui m’enlève les mots, mais je peux vous dire seulement une chose, ils ont tous choisit l’aventure parce qu’il voulait aller au bout d’eux-mêmes et déjà, ils nous ont montré qu’ils avaient tous un courage incroyable et la force de nous avouer leurs peurs sans pour autant se sentir faible. Les expéditions sont toujours le reflet de ceux qui la vivent. Dans le cas qui nous concerne, je crois que ça va tout simplement être magique.

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