Date

Catégories

Expéditions

Auteur

Gabrielle Desbiens

De retour au clavier pour vous partager cette dernière journée d’expédition. Bon, techniquement, il nous reste 8 km à faire demain, encore un dodo à Pine Grove, puis le retour à Montréal, mais ce soir était notre dernière nuit sur un campement, alors je me permets d’introduire la notion de fermeture de cette aventure. Question de nous (vous, eux, elles, l’équipe et même moi) préparer à revenir, à rentrer à la maison, vous retrouver, retour à la vie normale, quoi !

Avant de vous raconter aujourd’hui, je voudrais quand même vous partager quelques éléments de la soirée d’hier. Après la rédaction collective du texte de blogue, l’équipe (coordos et bénévoles) a aussi choisi d’ouvrir son high and low. À l’intérieur : des bonbons, du chocolat, des bleuets lyophilisés et autres gâteries, mais aussi de la poudre à feu multicolore.

Tout le monde s’est rassemblé autour du feu, j’y ai lancé le sachet de poudre et le feu est devenu un arc-en-ciel coloré magnifique qui a réjoui tout le monde. On a ri, chanté et la soirée autour du feu s’est conclue avec Jimmy qui nous a fait une prestation dansée et chantée de la chanson de son bac en génie de l’Université de Toronto. Tout le monde a été invité à danser. Une grande finale de soirée, pensez-vous ?

Mais non ! Cela s’est poursuivi, plus calmement, sur le bord des roches, à côté de la tente de Vincent, Mathieu et Jimmy, à regarder les étoiles en gang, avec Caroline, Mylène, Lysianne, Manu et Quentin. La voie lactée était visible et nous avons vu quatre étoiles filantes. À chaque fois, nous poussions toustes des exclamations de pure joie, comme des enfants. Catherine a même dû intervenir et nous encourager à ne pas trop veiller tard.

Quelle fin de soirée magique.

La matinée d’aujourd’hui a commencé par une leçon de canot en solo avec Hippolyte, dès 5 h 30 du matin. Quelques braves matinaux ont reçu ses enseignements : Jimmy, Quentin, Manu et Vincent.

Déjeuner. Ménage. Embarquement. Huit kilomètres à faire sous un soleil radieux, à peine quelques nœuds de vent, ça se fait bien en t-shirt. Mylène et Quentin sont sur le canot qui lead la troupe. Le rythme est doux. On sent que tout le monde maîtrise la navigation tant à la barre qu’à la proue.

Ça s’est tellement bien passé que nous avons choisi de poursuivre jusqu’au campement, plutôt que de s’arrêter en route pour dîner.

Plusieurs participant.e.s ont demandé à Catherine et Marie-Michelle de faire un autre moment d’introspection. Marie-Michelle en a profité pour expliquer la manière dont Mario Bilodeau, fondateur de la Fondation, clôt une expédition. Il y a le moment d’introspection, celui de partage et de célébration (salut Mario, tu nous manques !). Ce moment de silence était donc l’opportunité idéale pour faire une introspection. Marie-Michelle a proposé à tous et toutes, équipe comme participant.e.s, de penser à un mot pour définir leur expérience. Ce mot sera partagé lors du retour en groupe, ce soir, sur le campement.

Ce moment de silence, tous et toutes ancré.e.s les un.e.s aux autres sur nos canots, dérivant doucement dans le vent, a duré assez longtemps pour nous combler d’un sentiment de plénitude.

Le reste du chemin s’est pagayé avec gaieté, doucement, facilement.

La répartition des tâches s’est faite différemment cette fois-ci : ce sont les bénévoles et l’équipe qui ont hérité des tâches régulières à faire : repas, vaisselle, toilettes, eau et feu. Il semble que ce soit la tradition de libérer les participant.e.s le temps d’un après-midi à la dernière journée d’expé.

Cela leur a permis de passer un merveilleux après-midi à la « plage sur les roches », à nager jusqu’à l’île d’en face, ou encore à trouver une roche où s’étendre sur l’autre rive, bref, à relaxer et profiter de ce site incroyable.

Pendant la baignade, Quentin et Judith, qui pataugeaient, ont eu la visite d’un huard qui a émergé de l’eau entre eux deux. Cela a subjugué l’ensemble du groupe, tellement que Tobiasz s’est cogné contre la pancarte d’identification du site ! Alors, ils et elles ont toustes spontanément entonné : « I saw the sign… » (au lieu de I saw the sun… oui, encore une fois, et selon Catherine, le groupe qui a le plus chanté de toute sa carrière).

Le souper fut copieux : poulet au beurre et croustade aux pommes sur le feu (l’un des desserts les plus attendus semble-t-il, selon Mathieu). Après le souper est venu le moment du partage. Toustes ensemble, en rond, dans la lumière du soleil couchant, chacun.e a révélé son mot.

Comblé.e, renouveau, parfait, unicité, découverte, reconnaissant.e, dépassement, lâcher-prise, communion, landscapes, transcendant, connexion, chant, beauté, richesse, douceur, silence, couches (layers), growth, profiter, alignement.

Catherine nous a ensuite partagé une cordelette que nous avons toustes tenue, le temps d’y déposer notre plus beau moment de l’expédition. Cette cordelette deviendra un bracelet que nous pourrons porter, comme un ancrage dans cette bulle de temps qui, bien que la possibilité de se retrouver tous et toutes ailleurs se puisse, ne se reproduira jamais exactement pareil. Comme un souvenir tangible à garder avec nous.

J’espère que ces mots résonnent avec les histoires que vous avez lues dans les derniers jours. On y retrouve le pouvoir de la nature, sa beauté, sa force, son impact sur notre esprit, son effet apaisant, aidant à tourner les pages d’un ou des chapitres dans nos vies. On y retrouve les liens tissés et créés, nourris pendant ces quelques jours à partager, écouter, aider, comprendre, découvrir les personnes qui composent notre petite communauté. Enfin, on y sent l’espèce de synergie qui se génère et se crée dans les projets d’expédition, d’intervention par la nature et l’aventure, la capacité d’un projet de susciter des choses plus grandes que soi, un peu intangibles, mais bien réelles, qui contribuent à générer du sens dans nos vies.

On se retrouve ce soir pour la célébration.

Gabrielle