C’est lundi, on commence la journée en mode santé : Granola à l’ananas, yogourt, ‘’tite toast au beurre de peanuts’’, réchauffement animé par Dillan M., dernier tour du sac à dos de jour, du ‘’duffle bag’’ et de tout le tralala … c’est un départ pour la grande aventure de camping d’hiver!
Aujourd’hui, on marche environ 7 km sur un territoire relativement plat, avec quelques petites montées pour nous faire pomper et nous réchauffer. Les babines sont attachées aux bottines parce que ça jase en masse sur le sentier. On passe de lacs à chemin assez sinueux dans la forêt qui nous engloutie. Le ciel est couvert, mais il ne fait vraiment pas froid.
Nos méninges sont aussi de la partie grâce aux riches enseignements d’Élizabeth, guide au Triton. Saviez-vous que des puces vivent dans la neige? Savez-vous pourquoi les épinettes ont une forme conique? Savez-vous comment faire la différence entre une épinette et un sapin? Savez-vous comment on appelle un chat qui tombe dans un pot de peinture la veille de Noël… un ‘’Chat-peint’’ de Noël !!! Ok, elle est de moi celle-là, mon ajout tout personnel, à l’ouest de la grande sagesse partagée par notre guide.
On arrête luncher quelque part à mi-chemin : burritos chauds et grillés sur le feu, soupe aux légumes et excellent-délicieux-fou brownies maisons. La panse pleine, en fière gourmande assumée et en totale admiration de nos chefs cuisiniers, je pense déjà au souper gastronomique qui nous attend sans doute plus tard ce soir… et je sais que je ne suis pas la seule à saliver!
Arrivé au campement, le réel travail ne fait que commencer. Heureusement, le groupe semble encore déborder d’énergie. J’ai vu Ben carrément sauter dans le sentier pour aller chercher du matériel de groupe à transporter; en gambadant, il me partage aimer le défi! Je me demande si son ‘’boost’’ est en lien avec la gomme de sapin récoltée à même l’écore que Nicolas lui a fait déguster plus tôt aujourd’hui! Lui, il a littéralement ‘’gouté’’ au territoire et cette médecine semble lui faire le plus grand bien. Momo, pour sa part, me demande ce qu’il faut pour être bénévole avec la fondation, il aimerait s’impliquer dans l’avenir. La motivation, on aime ça!
Donc, je disais, le vrai travail : les troupes sont divisées en trois équipes. La première montera la dernière tente, la seconde gèrera le sapinage à installer au sol afin d’offrir confort et arôme à nos châteaux de toile et la troisième, affectueusement nommée la ‘’poo-team’’, aura l’honneur d’organiser le système toilette de brousse : un trône ‘’à solides’’ aux côtés d’un trône ‘’ à liquides’’, le tout bien cachés derrière un mur de neige à en faire baver les morveux de la Guerre des Tuques (un classique film québécois, à voir!).
Tout le monde prend sa tâche au sérieux, même Félycia, l’impressionnante femme-déesse-campeuse à un seul bras. En effet, malgré qu’elle se soit blessée à l’épaule plus tôt dans l’expédition, elle est là à travailler avec tout le monde. À moitié cachée sous sa grosse doudoune orange, un bras de ses bras est attaché à son corps dans une écharpe, en grand repos, alors que l’autre bien actif, se développe des aptitudes ambidextres. Remarquable!
Une fois le travail terminé, l’heure est au jeu! Jessica fait appel au cœur d’enfant de tous et toutes en animant une épique partie de chaise musicale, le tout avec rien de moins que musique et voix ‘’live’’ de Catherine et son fidèle banjo. C’est assez cool puisqu’à mesure que les gens sont éliminés, la chorale grossie tout comme la fête! La compétition est vraiment rude, nous faisons face à des joueurs et joueuses de chaise d’expérience. Après cabotinage, chutes et nombreux éclats de rire, la finale se dispute chaudement entre Jessica et Lana. C’est la dernière qui gagne, le sourire fendue jusqu’à ses longues tresses noires. Je suis sincèrement heureuse pour elle.
La soirée ira rondement autour du feu, après de judicieux conseils pour bien gérer sa chaleur en camping d’hiver, l’équipe du souper débarquera avec dequoi nous sustenter. Soupe crème de brocolis, bourguignon, petites patates, gâteaux et breuvages chauds nous remontent alors que le soleil descend. J’ai encore la chance de discuter de sujets profonds avec certain.e.s participant.e.s; j’apprends de manière décomplexée sur le cancer, c’est fou à quel point chaque histoire est unique. Ces échanges touchants font vraiment partie de notre paye de bénévole, c’est unanime. Comme me disait si bien Jessica ce midi : ‘’il y a des choses comme ça qui ne s’achètent pas’’. Bien d’accord avec elle!
Il fait bon dehors, ça veille autour du feu, les cœurs semblent légers (plus que les estomacs en tout cas!). Peu à peu les poêles des tentes laissent échapper leur fumée, les lanternes s’allument et la journée s’éteint. La nuit s’annonce douce.
À demain chers parents, familles et ami.es., c’est toujours un privilège de porter ces histoires jusqu’à vous. J’espère quelle nourriront votre imaginaire et qu’ainsi vous serez un peu avec nous, jusqu’ici. On vous envoie une grosse ‘’wiff’’ d’odeur d’épinette et un bec soufflé.
Marie-Hélène Beaudry
Bloggeuse-Photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds