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Notre plan de match du jour a été modifié dès le réveil. Nous devions faire une randonnée avec un faible dénivelé. Cette décision avait été prise en raison de la température qui s’annonçait plutôt mauvaise. Cependant, en se levant ce matin la météo avait changé et l’option de faire la longue randonnée près du mont Assiniboine redevenait la bonne. Ceci a quelque peu déstabilisé ceux qui s’attendaient à une journée plus facile. Cela dit, aucune journée n’est nécessairement facile, entre autres à cause des moustiques qui ne nous lâchent jamais… jamais.
Et hop! Une petite danse matinale pour nous réchauffer, initiée par Dre Marie-Ève qui est toujours très enjouée à l’idée de motiver les troupes, puis on démarre! La distance prévue pour aujourd’hui était d’une dizaine de kilomètres. Dès les premiers pas, la vue du mont Assiniboine fut formidable. Et au dire des guides, elle le serait encore davantage une fois rendue au sommet.
En passant, les sommets que nous atteindrons dans ce parc n’incluront pas celui du mont Assiniboine. Il est beaucoup trop difficile d’accès. Seulement les experts peuvent s’y rendre, armés de cordes et piolets.
C’est au moment de dîner que nous avons atteint l’un des plus beaux points de vue du parc. En ce qui me concerne, c’est définitivement le plus beau paysage de montagnes que j’ai pu voir dans ma vie. Un paysage de la sorte qui te donne des frissons, n’a pas d’autre choix que de t’émouvoir. Du coup, je réalise à quel point la nature peut créer des effets non reproductibles.
C’est à ce moment que les guides nous ont offert des choix. Soit prendre le chemin du retour avec baignade garantie, soit monter au sommet avec le risque de terminer la randonnée sans baignade. Ceux pour qui les efforts étaient suffisants sont redescendus et ceux qui ne voulaient rien rater sont montés. J’ai fait partie du dernier groupe. C’est fou l’effet que peut faire un sommet sur l’envie de le gravir. Ce fut définitivement sans regret que nous l’avons atteint. Une fois en haut, le vent s’est levé et un énorme coup de tonnerre s’est fait entendre. Le temps de quelques photos et nous devions redescendre. D’énormes nuages gris s’avançaient vers nous. L’orage était inévitable. Wow! Quelle sensation! Un orage en pleine montagne, peut-être serons-nous bombardés par de la grêle encore? Finalement, une dizaine de grains de pluie nous sont tombés dessus, tout au plus. Pour un photographe, ce fut une chance. Plus loin, nous avons aussi eu le temps de nous baigner. L’eau était très froide, mais quand même supportable. Cindy y a même nagé pendant plusieurs minutes, ce qui lui a valu le surnom de Swimdy. Environ une heure plus tard, nous avons rejoint le reste du groupe pour une petite limonade et un morceau offerts par les responsables du lodge. Grand merci à Claude et Annick!
Petite anecdote : l’attache que j’avais acheté avant de partir pour tenir mon appareil photo sur mon sac s’est cassée, balançant du coup mon appareil au sol, dans les roches. À première vue aucun dommage. À deuxième vue, le “zoom” de l’objectif ne fonctionne plus… quelqu’un pourrait m’en apporter un autre s.v.p.?
Comme hier et comme tous les prochains jours, les tâches sont séparées en équipe pour les repas et la vaisselle.
Je vous ai parlé hier de l’intérêt des participants à écrire sur ce blogue. Ce soir, je laisse la parole à Cindy.
“Aux parents et amis, qui nous suivent probablement assidûment… Je pourrais vous parler pendant des heures des moments magiques qu’on vit ici. Je pourrais vous décrire la journée d’escalade, où on a appris à se faire confiance, individuellement mais aussi à nos coéquipiers d’expédition. Je pourrais vous parler de la beauté des paysages, ou encore, du respect et de l’écoute qui règnent ici, des moments de folie où on danse en ligne sur du Shania Twain (chanté par nous, étant donné l’absence de tout appareil électronique). Je pourrais vous dire que les échanges qui ont eu lieu au cercle de partage sont parmi ceux les plus touchants que j’ai eu la chance d’entendre dans ma vie. Je pourrais vous parler du tour en hélicoptère au-dessus du parc Assiniboine, (Aurélie dirait que c’était “sick” ou alors “f****** awesome”). Je pourrais vous dire qu’hier, un chevreuil est venu tout près de notre groupe. Mais je suis certaine que les magnifiques photos prises par Nicolas, notre photographe-blogueur, savent vous montrer à quel point ce voyage est extraordinaire… et je suis certaine que plusieurs d’entre vous nous envient et auraient envie d’être à notre place.
Toutefois, j’aimerais prendre la parole pour montrer un côté du voyage que vous ne voyez pas. Par exemple, les moments plus difficiles, ceux qu’on ne voit pas sur les photos… Chacun d’entre nous a eu sa part de moments d’inquiétude et d’appréhensions. Pour certains, c’est la peur de prendre trop de place dans le groupe, pour d’autres, la peur de devoir quitter la notion de confort telle qu’on la connaît. Une participante m’a fait rire en parlant de l’appréhension qu’elle avait eu d’être incapable de faire ses besoins dans la forêt, ce qui aurait pu compromettre son expédition. Pour plusieurs (m’incluant), c’est la peur d’une rencontre avec un animal sauvage, comme un ours ou un cougar. Certains sont inquiets par rapport à leurs capacités physiques. Chaque jour comporte son lot de pleurs, autant de fatigue que de gratitude.
C’est avec soulagement que j’annonce que toutes mes appréhensions se sont dissipées aujourd’hui. La journée a été magnifique, et plusieurs fois, je me suis sentie tellement chanceuse d’être ici. Un de mes rêves a été réalisé : celui de nager dans un lac, au pied d’un glacier… Le plaisir étant multiplié par le fait de le partager. J’ai pleuré moi aussi, hier, et avant-hier… vivre un cancer à deux reprises m’a rendue méfiante par rapport à mon corps et à mes capacités. Je pleure de joie en vous écrivant comment en cette fin de journée, après avoir gravi un haut sommet, j’ai retrouvé ma confiance et je constate que je suis capable de beaucoup plus que ce que je crois.
Et ceux qui me connaissent seront surpris de lire qu’en allant à mon rythme naturel, sans horaire, je suis une personne très efficace le matin!”
Nicolas Tremblay, blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe de pieds