Bon voilà, on peut vous le dire maintenant qu'on est parti. Ce n'est pas vraiment une expédition de plein-air, c'est en fait une expédition de gastronomie. Tranquillement campés à l'abri des épinettes de l'île verte, nous avons décidé d'y ouvrir un restaurant cinq services. Nous n'accepterons que les clients qui arrivent en rabaska, canot, kayak...Pas de moteurs. On a monté le dôme qui accueillera nos prestigieux invités au coin du feu. On s'est bien réparti les rôles. Alexia et Etienne à la plonge, William coupe le bois pour le feu, Robin plante les piquets, Alexandre et Layla au service, Catherine et Marc-André pour l'ambiance musicale, Mario et Charles-Édouard derrière les fourneaux bien sure. Bon les autres, on sera goûteurs mettons.
Bon j’exagère, mais à peine. Imaginez. Ce soir. Crème de champignons, tortillas, et chocolat chaud aux guimauves. Et ce midi déjà. Après avoir préparés dans le rabaska au son d’authentiques chansons des pionniers voyageurs. Après une bonne heure de dur pagaie, nous abordons une île sauvage et reculée. Sommes-nous les premiers humains à débarquer ici? Ah non tiens. Mario nous attends déjà, souriant derrière une belle table parée d’une nappe à carreau. Soupe aux pâtes, couscous froid, carré aux dattes, pitas et tzatziki… Pour ajouter au menu, nous apprenons que nous avons débarqué sur l’île aux patates! J’espère qu’ils ne parlaient pas de nous…
Quand nous sommes repartis, il est à peu près moins le quart. En fait au poisson-blanc, il est TOUJOURS moins le quart, enfin selon Marc-André. On a pas vraiment moyen de le vérifier puisque nous avons tous abandonné nos montres et téléphones à la base de plein air.
Quand nous repartons, le soleil brille. C’est ça le bonheur des expéditions au mois de juillet. Ah bon comment ça on est fin septembre ? Nous repartons donc, et Catherine bât la mesure sur son Ukulele. Très efficace. Plus la gang se connait, et plus nos coups de pagaies sont synchros. Nous en profitons pour tester la technique canadienne qui consiste à laisser la pagaie dans l’eau en permanence. Pas facile. Nous traversons une nouvelle portion de réservoir. Son territoire est parsemé d’îles, des grandes, des petites, des plates, des montagneuses. Cette année l’eau est très basse. D’habitude les plus petites sont sous l’eau et leurs épinettes avec!
Même quant on pagaie on parle de bouffe ici. Tout à l’heure au détour d’une pause au milieu du lac, Alexia nous a confié qu’elle avait dû arrêter de manger du sucre pendant son traitement. Pour Alexandre, c’était le sel. Alexia pour fêter la fin d’un cycle de traitement s’offrait un MacDo, et Robin un Subway. Et soudain, voilà que, perdu sur un rabaska au milieu de ce grandiose réservoir tout bleu, chacun s’est mis à évoquer les souvenirs de ses traitements et a voulu en savoir plus sur la maladie de son voisin. Et puis nous sommes repartis, parce que bien sure, nous n’allions pas rester au milieu du lac, et qu’il fallait bien rejoindre notre prochaine destination, la paroi éléphant.
Nous débarquons sur le rivage rocheux, attachons notre embarcation et entamons une ascension. Une petite demi-heure de marche. Le chemin est étroit, rocheux, et parsemé de racines et d’aiguilles d’épinettes. Pas si facile de grimper avec des bottes en caoutchouc, mais une fois en haut… La vue est à couper le souffle. Toutes les îles du sud du réservoir s’étendent devant nous. Et au loin bien sure… l’île mystérieuse. Demain nous irons, c’est certain. Catherine nous l’a promis, bien qu’elle ait juré qu’elle même n’y débarquerait pas. Nous sommes au sommet de la paroi éléphant. Apparemment, de loin on y distingue un pachyderme dessiné dans la roche.
Encore un dernier effort, une petite demi-heure sur l’eau et nous abordons l’île verte, notre demeure pour la nuit. Après une petite séance de baignade, nous dressons le camp dans une vaste clairière à quelques dizaines de mètres de la plage. Notre tente, c’est un dôme. Un dôme gigantesque, construit pour l’Himalaya jure Mario. Encore une fois, comme le rabaska, monter la tente est une vrai activité de groupe. Impossible d’arriver à dresser la structure si on ne s’y met pas tous ensemble.
C’est de là que je vous écrit, assis tout seul au centre du grand habitacle. Dehors j’entend le feu qui crépite et les rires qui résonnent…
Bon désolé, je crois que je vais le rejoindre!