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Marche après la pluie

Ce matin, quand nous étions encore couchés dans la noirceur, le tonnerre m’a réveillé. Quelle heure était-il? Comme nous n’avons pas nos montres ni no téléphones pour l’expédition, on ne sait jamais l’heure. Parfois, on se risque à demander aux organisateurs de nous orienter dans le temps.

Il est quelle heure?

Moins quart!

Ils se trouvent bien drôles… Il est toujours moins quart!

Toujours est-il qu’après le tonnerre, le déluge a commencé et la pluie s’est mise à jouer de la batterie avec furie sur le toit de tôle du baraquement. Je m’imaginais déjà au milieu du lac, à surfer entre les éclairs, détrempé jusqu’aux os. L’aventure, c’est l’aventure!

Je me suis rendormie, bercée par cette douce musique jusqu’à ce qu’on vienne nous réveiller pour le déjeuner. J’étais contente de revoir les gens du groupe. Je me sens plus à mon aise avec la gang. C’est bien de pouvoir parler de tout et de rien avec des gens qui ont vécu le cancer comme moi. C’est nouveau pour moi de pouvoir parler de la maladie, de l’hospitalisation et des traitements sans que la personne devant moi se sente tout coche, coincée entre un fond de pitié et une peur de la maladie. Ici, je peux parler de chimiothérapie et de radiothérapie en terrain connu. Nous partageons tout cela.

C’est quoi le plan? Est-ce qu’on va vraiment aller faire du canot dans la tempête? Heureusement, les organisatrices ont un plan A, un B, un C, et probablement un D, E, F…. Après le déjeuner il ne pleut plus, mais on annonce d’autres orages pour le reste de la journée, avec des rafales de vent jusqu’à 70 km/h. Pas le meilleur moment pour une balade sur l’eau quoi!

On a quand même envie d’un peu de défi. On ne veut pas rester toute la journée dans le baraquement! Nous partons donc, avec nos barils étanches sur le dos pour aller établir notre campement dans la forêt à un peu moins d’un kilomètre du poste d’accueil. Après toute la pluie qui est tombée en fin de nuit, bonjour la bouette! Chacun fait sa part pour que notre exil se vive dans la joie.

Une fois arrivés à destination, nous nous sommes attaqués à l’immense casse-tête 3D que représente notre tente. Quand j’ai vu la grande toile blanche et orange étendue sur le sol et tous les arceaux, je n’ai d’abord pas compris comment cela était possible que cela devienne une tente pour 13 personnes!

Et pourtant, sous la direction de notre chef d’orchestre, nous avons réussi à relever le défi, et la tente, secondés par Myles qui, du haut de ses 6 pieds, a fait office de grue pour soulever le tout. J’étais pas mal fière de nous tous!

J’ai remarqué aussi Dylan qui donne un coup de main aussi souvent qu’il le peut, à l’équipe technique ou aux autres participants. Il a même aidé le blogueur à monter sa tente. C’est inspirant de le voir aller.

Déjà l’heure du lunch?

Oui, il est déjà moins quart!

Soupe et sandwiches au pain naan en plein air. Merci aux cuistots! Nous en avons profité pour explorer un peu la forêt en laissant les adultes parler de leurs trucs à eux. Ce moment de liberté entre amis, c’est clairement mon moment fort de la journée.

Enfin, c’était l’heure de pagayer. Le vent s’est adouci et le soleil s’est même montré le bout du nez le temps qu’on remette les rabaskas à l’eau pour les conduire jusqu’à notre campement, pas très loin. On n’a peut-être pas fait les 10 kilomètres prévus sur l’eau, mais on est déjà prêts pour demain et on espère bien pouvoir explorer un peu le réservoir du Poisson blanc demain.

Là, c’est quoi le plan? Certains veulent se baigner pendant qu’il fait relativement beau. Quoi, se baigner? Ce n’est pas pour moi. Je ne les ai pas vus, mais il parait que Emily et Jocelyn, les braves, ont sauté à l’eau pour se rafraîchir.

Moi, j’ai préféré me joindre à la rando jusqu’au petit lac Hypocrite. Le lac Hypocrite? Quel nom surprenant! En chemin, Catherine nous a fait découvrir la petite cascade, les pruches avec leurs épines vertes sur le dessus et blanches en dessous et les grands ormes avec leurs « graffitis » laissés par les ours noirs de la région. Sur le bord du lac en haut, une minute de silence. La paix. La nature.

Nous sommes revenus de justesse avant que le vent se déchaîne de nouveau et le ciel se déverse sur nous. Heureusement, nous étions déjà tous bien installés à l’abri.

Regardez! L’eau rentre dans la tente!

Vite, vite, nous avons creusé une petite tranchée à l’extérieur de la tente pour faire dévier les flots. Il paraît que dans la région, il y a même eu des tornades qui ont fait des ravages, mais rien de tout ça ici.

J’ai bien aimé qu’on se retrouve tous dans la grande tente pour le souper. Vanessa, Louis et Charles-Antoine sont aux petits oignons avec nous pour nous préparer et nous servir le repas. Je suis allée leur donner un coup de main pour la vaisselle pour les remercier.

Là c’est l’heure du feu de camp et des smores (« you want some more? »). Je ne connaissais pas ça : une guimauve avec du chocolat fondu en sandwiche entre deux biscuits Graham’s. Spécialité locale : on y rajoute une framboise sur le dessus.

Il est moins quart, c’est l’heure du dodo. Je veux aller me reposer pour être en forme sur le coup de pagaie demain! Je quitte le feu de camp où les plus énergiques rigolent encore, pour remonter à la tente.