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La journée a commencé tranquillement ce mercredi matin, car le départ n’était prévu que pour 9h30. Nous avions le temps de déjeuner, de descendre nos bagages, de discuter et même de jouer au frisbee. Bien que nous ayons le temps, l’excitation était à son comble. Une excitation partagée entre avoir hâte de vivre l’expérience des 6 prochains jours et la peur de ne pas être prêt physiquement et mentalement pour passer au travers. En tout cas, de l’extérieur, tout le monde est très heureux. J’avoue que l’esprit d’équipe et de réconfort qui règne sur le groupe depuis le début aident énormément à apaiser les inquiétudes.
Après être passés par les bureaux de notre partenaire local dans les Rocheuses, Yamnuska, pour y déposer tous les effets dont nous n’aurons pas besoin, nous avons parcouru environ une cinquantaine de kilomètres pour nous rendre au point d’embarquement. En arrivant, les hélicoptères s’affairaient déjà à faire des aller-retours vers la station du parc Assiniboine. Nous avons reçu les indications pour l’embarquement et nous nous sommes placés dans la file d’attente. Plusieurs étaient nerveux croyant peut-être avoir le mal des transports. Finalement, la vue des parois rocheuses, des lacs et des sommets enneigés a complètement inhibé les mauvaises sensations. Tout le monde fut bouche bée par l’ampleur que nous offrait le décor. Cette traversée qui ne dura que 10 minutes à peine nous a tous complètement ravis.
Ensuite, Olivier nous a donné les directives en cas d’une rencontre avec un grand prédateur: le coyote, le cougar, l’ours noir et le grizzly. Ce fut sécurisant de voir qu’il y avait plusieurs alternatives. De plus, nous avons tous reçu une bouteille de poivre de Cayenne. En démarrant la route de 1,8 km pour nous rendre à notre camp de base pour les quatre prochaines nuits, il s’est mis à pleuvoir. Pas seulement de la pluie, mais aussi de la grêle. Ça ne nous a pas empêché de nous rendre à destination. Arrivés à notre campement, nous avons monté les tentes, installé une toile pour la salle à dîner et amassé de l’eau pour la filtrer. Des équipes ont été formées pour la préparation des repas et le lavage de la vaisselle. Pour éviter d’attirer accidentellement la faune indésirable, nous devons placer toute la nourriture ainsi que tous les effets odorants dans de grandes boîtes en métal fermées. Nous devons aussi y placer tous les déchets que nous produisons et ainsi les rapporter au refuge lorsque nous quitterons le campement.
Demain, nous envisageons une randonnée d’une dizaine de kilomètres, la plus courte des six. Maintenant, nous nous préparons à coucher pour la première fois dans nos tentes. Ah j’oubliais, notre soirée fut inoubliable entre autres parce que c’était la première fois pour la plupart qu’ils composaient avec autant de moustiques. Malgré ceux-ci, je termine l’écriture en entendant que des rires intenses, tellement que Mario ne réussit même pas à placer les mots pour conclure la discussion.
Voici maintenant une réflexion d’Aurélie. Une jeune participante qui s’est proposée pour partager ses impressions. Il se pourrait que d’autres jeunes tentent l’expérience lors des prochains jours. Je vous laisse avec Aurélie.
“Tout a commencé avec un groupe d’inconnus qui, chacun dans leur coin du Canada, ont pris la décision de se lancer dans une aventure tout aussi excitante que déstabilisante. C’est ainsi que je me retrouve en avion, direction de l’Alberta, pour 10 jours de randonnée dans les si magnifiques Rocheuses. Seulement quelques heures après la première rencontre de tous les participants, une connexion peu habituelle s’installe. Le cancer nous réunissant, heureusement tous en vie, il semble naturel que les conversations et les rigolades aillent si bien.
Mais bien que la maladie ait infligé à tous des conséquences différentes, ce que je vois présentement n’est qu’un groupe d’adultes avec une maturité acquise et une soif de vivre insatiable. Des humains s’unissant pour monter un projet en nature avec une acceptation inconditionnelle et une dose surprenante de bonheur, de sourire et d’amour. Un groupe de survivants qui ont vécu un nombre trop élevé de “claques dans face” et de mauvaises nouvelles.
Malgré cela ou grâce à cela, ils sont d’une force imposante et ils ont tous un esprit puissant et des personnalités à leur façon authentiques. Je suis avec eux ici depuis seulement 4 jours et je ressens déjà une nouvelle lumière en moi jadis brûlée. Propulsée par une nature environnante grandiose, les prises de conscience et même l’acceptation de nos conditions respectives tracent un chemin. Je considère être la plus chanceuse des malchanceuses parce que sans cette maladie, je ne pourrais pas être ici et je ne pourrais pas ressentir cet état d’esprit de laisser aller. Malgré les innombrables difficultés que le cancer m’a apportées et qu’il m’apportera certainement encore, je crois dur comme fer que rien n’arrive pour rien et ce genre de privilège en est la preuve. – Aurélie O.”
Nicolas Tremblay, blogueur et photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds