Date

Catégories

Expéditions

Auteur

Jean-Charles Fortin

C’est dans une véritable purée de poids que nous amorçons cette 2e journée sur l’eau. Il fait froid, il vente, on n’y voit rien à 50 mètres, bref, nous sommes sur la côte océanique. Lentement mais surement, le brouillard se lève et on aperçoit la rive de Poulamon Bay dans laquelle nous sommes ancrés. Dans la foulée de notre lever matinal, il devient donc possible de lever l’ancre dès la fin du déjeuner, soit vers 8h. Cette tâche, procédure lente et complexe pour un bateau de 53 tonnes, sera exécutée par Tomas, Ryan, Anna-Maria et Camille qui se sont portés volontaire pour hisser la lourde ancre à bord.

Quelques cinq miles nautiques parcourus à moteur nous permettent de traverser le passage Lennox qui lui nous mène au canal St-Peter’s. L’éclusière du canal nous apprend qu’il s’agit d’un ancien sentier de portage fréquenté par les autochtones de la nation Mi’kMaw qui est devenu une véritable voie commerciale ouverte par l’explorateur Nicolas Denys au milieu du XVIIe siècle. Aujourd’hui lieu historique national, il s’y trouve une écluse qui nous donne accès au lac Bras d’or, ni plus ni moins qu’une mer intérieure emprisonnée au cœur de l’Île du Cap-Breton. Véritable bijou, ce plan d’eau bénéficie du statut de réserve mondiale de l’UNESCO. C’est également au cours de cette première portion de déplacement que les jeunes auront l’occasion de pratiquer des nœuds et d’apprendre quelques unes des bases du vocabulaire marin décrivant les gréements que nous serons appelés à utiliser : drisse, balancine, hauban, ketch….

Sans vraiment que nous nous en rendions compte, le brouillard se dissipe complètement. Et tandis que nous voguons sur les premières vagues du lac Bras d’Or, le vent se lève chassant les nuages et de garnissant le lac de jolis moutons blancs sur fond de ciel bleu. Il est donc temps de hisser les voiles! Encadrés de mains de maître par l’équipage, les jeunes mettent la main à la pâte. En un peu plus de 10 minutes, la grand voile et le foc sont montés, mais surtout, le moteur est éteint, générant cris et applaudissements. Bonheur! On se laisse alors caresser la peau par le suroît et bercer les fesses par les vagues qui atteignent parfois un mètre. Nous bénéficions également d’un autre atelier des rudiments de marin, celui-ci portant sur les allures de vent.

Notre traversée complétée, on affale les voiles pour longer le détroit de Barra et ses ponts-levis en direction du quai du bucolique village côtier de Baddeck où nous amarrons pour la nuit. Destination touristique primée, cette bourgade est également connue pour être le port d’attache d’Alexander Graham Bell dont on peut encore apercevoir aujourd’hui l’opulente résidence. Profitant des derniers rayons de soleil, on passera le début de la soirée à errer oisif aux abords du quai. On regagne ensuite le bateau pour un premier cercle de discussion au cours duquel tous et chacun sont invités à partager leurs états d’âmes (moyenne de groupe de 9,73928 sur 10!) et à cibler leur moment fort du voyage jusqu’ici. Les intervenants se réunissent par la suite pour faire le point sur le déroulement du voyage tandis que les jeunes discutent mais surtout rigolent et jouent une première partie de loup-garou. En définitive, cette journée aura peut-être débuté dans le froid, le vent et le brouillard, mais elle se terminera en crescendo par une soirée ensoleillée agrémentée d’une douce brise chaude à la fois sucrée et salée, à l’image des succulents bonbons à base d’eau salée typiques de Baddeck.

Découvrez en :