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Expédition réservoir de la Manicouagan

J’ai passé la nuit, entre rêve et éveil, à songer à tous les moments inouïs que je viens de vivre dans l’expédition. Ça me revient pêle-mêle, par bouffées : l’opéra céleste de Lily, la paroi rocheuse comme décor; Madeline qui comparait Samuel à un ourson inatteignable alors que celui-ci l’écoutait furtivement dans la tente voisine, Simon qui taquinait le brochet avec tout le sérieux dont il est capable; Florence qui se demandait ce que ça voulait dire le «F hashtag» sur la partition de musique; Blake heureux d’avoir gagné le tournois de roche-papier-ciseau, Zachery et Ina qui halaient leur feu victorieux dans la petite baie; Élijah qui pratiquait la béquille acrobatique; Sarah-Ève qui exécutait la danse du «Big fat poney » avec entrain, Adélie et Jack qui chantait avec allégresse autour du feu de camp le soir venu; Fabricio qui a pris des cours de français intensif avec les french frogs; et Lucas qui volait dans l’eau plus qu’il nageait!

Avant de remonter la côte vers la route une dernière fois, nous nous sommes tous recueillis une dernière fois sur le bord du réservoir de la Manicouagan pour lui rendre un ultime hommage. Reviendrais-je un jour jusqu’ici?

Je n’étais pas si enthousiaste de remonter dans l’autobus qui nous attendait tout près, sur le bord de la route. Je me rappelais encore des quatre heures interminables, tout en tournants, dans la forêt boréale, entre le réservoir et Baie-Comeau. Re-bonjour le mal des transports! Mais ce coup-ci, entouré de ma nouvelle gang, cela a été tellement plus agréable! On a fini ça en chantant tous ensemble «Take me home, country roads».

Heureusement, nous avons eu une pause au barrage de Manic V pour visiter les installations d’Hydro-Québec. Quand j’ai vu le barrage à l’aller, je dois avouer que je le trouvais plus impressionnant en photo que dans la vraie vie. Mais une fois au pied de la gigantesque arche de béton, j’ai quand même eu un petit frisson qui m’a parcouru l’échine.

Mariane, notre pimpante guide, a répondu à toutes les questions possibles au sujet de Manic V. Du tsunami de chiffres, j’ai retenu que le barrage fait 1.3 km de largeur, que cela a prit 13 ans aux quelques 3 000 travailleurs à le construire, que Daniel Johnson, premier ministre du Québec à l’époque, est mort sur le site, la veille de la date prévue pour son inauguration et que le barrage est fait d’assez de béton (27 mètres d’épaisseur!) pour bâtir un trottoir qui relierait le pôle nord au pôle sud. Ah aussi, qu’on pourrait faire entrer la tour du stade olympique de Montréal dans l’arche principale du barrage.

On pouvait même envoyer une carte postale du barrage gratuitement partout dans le monde. Quand vous recevrez la mienne, il y a de bonnes chances que je sois là pour la lire moi-même!

Là, on est rendu à la Pointe-aux-Outardes, tout près de Baie-Comeau, pour y passer notre dernière nuit dans des nichoirs à oiseaux. Moi, je suis avec les autres gars dans le nichoir de l’hirondelle des rivages. Pour se coucher, il faut entrer dans un trou, comme le fond les hirondelles qui creusent leurs nids dans les falaises en bordure du fleuve.

Demain, je reviens à maison! J’ai hâte de vous conter toute mon aventure en détail!