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Expéditions

Auteur

Marie-Hélène Beaudry

Je ne sais même plus quelle chanson est venue m’arracher des bras de Morphée puisque, ce matin, c’était un « départ alpin »; en d’autres termes, ça veut dire qu’on a shifté le dieu soleil pour s’extirper de notre sac de couchage avant l’aube. Heureusement, le fameux trio des Mousquetons était déjà à l’ouvrage : le café coulait à flots, les bagels se grillaient sur la braise et les fruits se coupaient en éventail (digne d'une chaîne de resto déjeuner bien connue, mais en mieux!).

Aujourd’hui, on change de gamme, c’était quasi-militaire, fallait « goaler » sur les ordres de caporal Cath, qui usait d’humour : « Allez, mastique plus vite ton ‘’deuxième-déjeuner’’ si tu veux avoir le temps de prendre une douche! »

La brume sur le lac était tellement mystique que l’envie de se savonner a passé pour bien des évadés. La priorité semblait unanimement accordée aux beautés paysagères et cet état pur de l’âme qu’apporte l’art de la contemplation. On s’est tout de même mis en action pour pagayer les quelques coups qui nous séparaient du camp de base; c’était carrément magique de naviguer à travers les premiers rayons du jour, diffus par le brouillard léger.

Fidèle à lui-même, le groupe a été super efficace : on a dépaqueté nos barils, rempaqueté nos sacs, trié nos patentes, redonner toutes les tites-cordes qui servent à identifier notre équipement et, oui, on a pris une boonnneee douche chaude. L’idée du « double-douche » (selon la tendance du double-diner) a même été considérée question de bien se décoller les douze couches de crème solaire de la face. Cette séance de pouponnage a précédé la fameuse remise des diplômes : voilà, les nouveaux membres officiels de la grande famille de la fondation. Bravo aux évadés-diplômés!

Après s’être enfilé un dernier lunch au soleil en grosse gang, il est déjà le temps de dire au revoir aux Mousquetons et à Cindy. Rien ne sert d’être trop triste puisque ce n’est qu’un au revoir, espérons qu’on se reverra tous sur une plus longue expédition!

On saute dans le bus à midi tapant, les suspensions crient de joie à l’idée de nous revoir (voir le blog du Jour-1 pour la référence!) et berceront notre voyage jusqu’à Montréal où on se dira « bye » dans la bonne humeur et la camaraderie.

En route, j’en ai profité pour faire un petit vox pop. J’ai demandé aux participants : « En une phrase, basé sur ton expérience et ta nouvelle sagesse, qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui hésite à s’évader avec la fondation? »

En bons joueurs, c’est simplement, spontanément qu’ils m’ont répondu :

« It’s a must-do if you are looking for a fresh beginning and a chance to reconnect with yourself. »

« Do it, just do it, no matter what you are going through; even if you are really struggling mentally, and you think there is no hope. Just do it, anyway, you have nothing to lose. Do it because it’s going to reconnect you to yourself. This is what the outdoors does. »

« Si tu hésites, appelle Marie-Michelle ou Catherine, elles sauront te convaincre. Elles maîtrisent l’art d’être rassurantes et motivantes en même temps; ces deux-là c’est un peu le cœur de l’expé. Et de toute façon, tu vas apprendre sur toi-même, dans les moments faciles comme dans les moments difficiles. »

« T’as quoi de mieux à faire? Je veux dire, ce qui est important dans la vie, c’est d’être avec du monde le fun et de partager des bons moments. C’est rare dans la vie normale qu’on a le temps de prendre le temps et d’apprécier les petites choses. »

« Participe, peu importe ta condition ou tes capacités. Ne t’inquiète pas, tu seras bien entouré, il y a du monde pour t’aider à pallier tes besoins. Laisse tes limitations derrière. En expé, les gens seront heureux de t’aider. »

« L’expérience avec la fondation amène une douceur à l’âme, ce que la médecine ne fait pas nécessairement quand elle nous guérit. »

À entendre tout ça, je repartirais comme bénévole demain! Et vous?

Ainsi se referme la porte de l’expédition Évasion 19-29 ans 2022. C’est une porte imparfaite, un peu fêlée, craquée, effritée, pour laisser passer la lumière. On peut aussi à tout moment, regarder par les petits trous afin de se remémorer de bons souvenirs (comme les fous rires pendant le jeu des légumes et des fruits autour du feu, hahaha!).

J’ose penser que nos grands évadés partiront chez eux avec de nouvelles clés; des clés de terre et de roc, façonnées par l’eau et le vent à même le Poisson Blanc. Avec ces clés, ils pourront peut-être s’évader un peu plus aisément, au quotidien, entre un haut et un bas, afin de retrouver des effluves de liberté intérieure.

Subtilement, ils feront peut-être plus souvent des clins d’œil aux oiseaux, des « highs five » aux feuilles d’automne et des sourires au gazon. De petits instants de liberté urbaine, de connexion sans fil, accessible à celui ou celle qui détient le trousseau pour ouvrir son cœur à la simplicité de la gratitude. La nature, mère-médecine, nous accompagne tous et toutes maintenant.

Merci, merci, merci.

Marie-Hélène Beaudry

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