Wow! Mais quelle belle journée! Vraiment. C’est en ce lundi matin que notre expé s’est véritablement amorcée. Au-revoir Blind Bay, nous te quittons pour mettre à l’eau à partir de la plage de Kilcoursie afin de mettre le cap en direction de Pancake Island, un trajet d’un peu plus de 6 kilomètres
Toutefois, avant de partir, quelques précautions : discussions sur l’herbe à puce et aussi sur la présence possible mais très peu probable de serpents à sonnettes. En effet la région est habitée par les Mississauga Rattlers, nous informent les garde-parcs. Ces derniers nous affirment également que nos chances sont pratiquement nulles d’en croiser un puisque nous nous situons à l’extrémité nord de leur habitat, qu’il s’agit d’une espèce menacée et rarissime et aussi parce nous séjournerons sur des îles. D’ailleurs, personne n’en a vu jusqu’ici cette année. Bon, si vous le dites, mesdames les garde-parcs… Et toute façon, nous sommes accompagnés de personnel médical compétent!
Dans un mélange de surprise et de soulagement, nous avons réussi à faire entrer notre tout matériel dans nos kayaks. Pis encore, il aurait été possible d’en apporter davantage! Du reste, nos efforts à utiliser chaque centimètre cube disponible pour empaqueter notre équipement sera récompensé : tout d’abord par le passage d’une mère chevreuil accompagnée de ses deux bambins encore tachetés, puis par le saumon fumé qui nous est servi pour dîner.
Nous mettrons finalement à l’eau en début d’après-midi. Un ciel voilé rend l’air légèrement frais, une température parfaite pour pagayer. La Baie Georgienne est calme, les conditions sont i-dé-ales. On avale les kilomètres comme des pros. Les jeunes s’amusent et nous aussi.
Bien calés sur les rochers de notre campement, on les entend discuter. Ils sont heureux. Ils peuvent enfin échanger avec des gens qui comprennent réellement leur vécu. Ils rigolent entre eux en partageant leurs expériences parfois ésotériques, fruits des effets secondaires des traitements qu’ils ont eus. Ils font des constats sur leurs repousses de cheveux, sur les menus d’hôpitaux, sur l’évolution de leurs goûts culinaires en fonction de l’avancement de leur maladie et de leur traitement. Visiblement, ils sont heureux.
Et nous aussi.
À l’heure d’écrire ces lignes (lundi, 22h), le vent se lève et un front nuageux menaçant s’avance vers nous. L’équipe de guides fait le tour des tentes pour s’assurer qu’elles sont solidement arrimées. Ça pourrait fort bien secouer cette nuit…