« Allo. Moi c'est Carolane. J'ai 21 ans. Je viens de La Baie. J'ai eu un cancer. Une leucémie lymphoblastique aiguë il y a deux ans. »
«Présentement, pendant que je vous parle, il y a une petite gang qui est en train de nous préparer à souper. Dans le fond, comment ça fonctionne pour les repas, c’est qu’à chaque repas, le matin, le midi, le soir, il y a une équipe de trois personnes avec un adulte qui prépare le repas. Ils font également la vaisselle. Puis ensuite, on change de groupe à chaque fois, comme ça, c’est pas répétitif.
Pour les repas, on décide ce qu’on veut cuisiner. Mais, comme vous vous en doutez bien, il n’y a pas d’épicerie sur le bateau. Donc, il faut faire avec ce qu’il y a dans le frigo. Comme hier, mon équipe, on a cuisiné des pilons de poulet avec une salade de patates et une salade verte.
À matin, il est arrivé un petit problème avec le bateau. Il n’y avait plus de liquide de refroidissement dans le moteur. Donc, pour pas qu’on s’ennuie, on a débarqué avec le Zodiac qui nous a apporté à la plage. On a visité Tadoussac, on a fait un sentier pédestre. On a monté en haut d’un belvédère. On a pris des photos. On avait une belle vue. Dans le fond, c’était imprévu, mais c’était positif finalement. Pis, ils ont réparé le moteur et on est parti deux heures plus tard.
Aujourd’hui, j’ai remarqué que le monde commence à être un petit peu fatigué. Bien sûr, ça fait trois jours qu’on est parti. On dort bien, mais la nuit il faut qu’il y en ait qu’ils se lèvent pour faire des quarts de nuit pour surveiller le bateau pour pas qu’on parte à la dérive. Donc, c’est deux heures par nuit qu’on est réveillé, donc le monde sont un peu fatigués. Mais on tripe pareil au fond.
Hier, j’ai eu une bonne discussion avec une fille qui est sur le bateau. On a parlé de notre cancer, de ce qu’on a vécu. On s’est rendu compte qu’on a vécu pas mal la même chose. Je pense que c’est pareil pour tout le monde, on a vécu des affaires difficiles. Ça nous fait vraiment du bien d’en parler.
Ce qui est rough pour moi en ce moment, c’est que j’ai mal au dos. C’est pas tout le monde qui le sait. Il y en a qui me demande de faire des tâches que malheureusement je ne peux pas. Je me sens mal de leur dire que je ne peux pas. Ça, je trouve ça dur. J’aimerais ça le faire, mais là j’ai l’air de “ah j’ai mal au dos”, mais c’est vrai.
C’est sûr que j’aimerais ça ne pas avoir de limites et faire ce que tout le monde fait dans le fond, mais malheureusement, je ne peux pas.
L’expédition nous aide à surmonter les difficultés, pis d’en jaser surtout. »