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Jean-Charles Fortin

Réveil sublime ce matin au pied des rapides St-Peters. Une fine brume recouvre les bouillons de la rivière Missinaibi sous un azur d’un bleu éclatant. Les oiseaux chantent et la rosée du matin diffuse l’effluve des peupliers baumiers. Un à un, les participants arrivent à la cuisine. Tous s’entendent pour dire que le portage de la journée précédente a approfondi leur sommeil… Céréales granola, bleuets et yogourt grec n’auront jamais eu aussi bon goût.

Avant de mettre à l’eau, nous nous permettons de faire quelques étirements, question de faire disparaître un tant soit peu l’acide lactique accumulé dans nos muscles durement sollicités jour après jour. Nous devons également mettre le groupe en garde : notre réserve de papier hygiénique baisse drastiquement! En conséquence, il importe de rappeler le caractère économe que doit revêtir son utilisation; le recours aux feuilles et mousses est dorénavant fortement encouragé…

À peine avons-nous le temps de tremper nos pagaies que nous devons affronter nos premiers rapides de la journée. De fait, 2 rapides de classe 1 jonchent les 3 premiers kilomètres de la journée. Nous les franchissons sans problème mais devons nous arrêter quelques kilomètres plus loin afin de portager le canyon des chutes Split Rock sis dans un paysage résolument enchanteur. Nous prendrons le temps de casser la croûte (bagels de saumon fumé = wou-hou!) et de faire saucette une fois ce portage de 300 mètres terminé.

Nous poursuivons notre descente accompagnés des meilleurs succès (?!?) de Britney Spears et Rihana, suivant une prestation sans précédent du bateau des filles et arrivons à notre deuxième et dernier portage de la journée, celui des magnifiques chutes Thunder. Nous remettons à l’eau quelques 200 mètres plus loin et bénéficions alors d’un point de vue spectaculaire sur ces impressionnantes chutes. Le meilleur de l’histoire est que nous n’avons qu’à traverser un autre 100 mètres pour trouver notre site de campement, sans aucun doute le plus beau de toute la rivière. Et ça drôlement tombe bien, car nous y passerons deux nuits, demain étant jour de repos. On profite du temps libre de la fin de l’après-midi pour faire un brin de toilette, de lavage, de séchage, de pêche et même de méditation pour certains.

En soirée, nous procédons à un échange de mi-parcours, tel que nous le faisons à chacune des expés de la Fondation. Essentiellement, il s’agit de faire le point sur l’expérience de tous et chacun afin de les amener à identifier ce que le voyage leur apporte jusqu’ici de même que ce qu’il peut leur apporter dans le futur. À n’en point douter, cette aventure a déjà un impact majeur sur les participants, leur faisant prendre conscience de nouvelles forces et de capacités d’adaptation dont ils ne se savaient pas vraiment capables.

C’est sur ces échanges remplis de sincérité et d’émotions que nous nous préparons à passer la nuit, encore une fois bercés par le ronronnements des chutes, à la fois doux et puissant, à l’image de l’aventure que nous sommes en train de vivre.