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Au final, il ne nous aura fallu que très peu de temps pour prendre le rythme des Îles-de-la-Madeleine. Initialement prévu pour 8h30, notre départ a d’abord été repoussé à 9h30, puis à 10h30 puis à 11h. C’est finalement à 11h21 que nous larguons les amarres, capitaine Roger effectuant une superbe manœuvre pour contrer le vent qui nous poussait à quai. Plaisanciers nautiques et badauds de tout acabit présents à la marina lui ont d’ailleurs servi une bonne main d’applaudissement. (Dans le même ordre d’idée, j’aimerais aussi profiter de l’occasion pour me remercier publiquement pour mon très excellent muesli aux bananes que tous ont apprécié au déjeuner de ce matin; il était presque aussi bon que ma cossetarde de bananes d’il y a 3 jours à ce qu’on m’a dit.)
La réputation de l’archipel du golfe n’est pas surfaite… Un fort vent bouscule violemment la mer lorsque nous quittons. Des vagues de 2 mètres se dressent devant nous. Le bateau tangue et retangue avec fracas. La proue s’enfonce dans l’onde et celle-ci nous éclabousse. Pour peu, on se croirait à La Ronde, dans un manège qui serait quelque chose comme un hybride entre la pitoune, le bateau de pirate et les autos tamponneuses (oui, je sais, je sais… mais il y a longtemps que je ne suis pas retourné à La Ronde…). La situation est telle qu’il faut parfois s’y prendre 3 fois pour effectuer un seul pas vers l’avant. L’équipe médicale se concerte… On a beau être amarinés, il est nécessaire d’élaborer une stratégie afin de limiter le mal de mer. Circulent alors les extraits de gingembre et les Gravol. De même, le lunch sera servi tôt, question de garder les estomacs remplis et conséquemment moins propices à vous-savez-quoi. Cette approche se révélera gagnante. Personne ne sera malade! Il faut aussi avouer que la mer s’est calmée progressivement au fil des heures…
Nous nous fixons comme objectif de nous rendre avant la fin de la journée de lundi dans la baie de Summerside sur la côte sud-ouest de l’Île-du-Prince-Édouard, un trajet d’environ 180 miles nautiques, soit un peu plus de 330 kilomètres. On doit donc recourir une fois de plus au système de quarts de travail afin de laisser progresser le Roter Sand sur une trentaine d’heures en continu; chiens, romantiques et ours reprennent donc du service. Entre temps, certains font la sieste tandis que d’autres besognent : Jasmin astique la cloche, Jyoti fait la cuisine, Alexandre N passe le balai sur le pont, Tomas et Ryan réparent les épissures.
Nous voguons sans anicroche et, pour un bon bout de temps, sans voir les côtes. On aperçoit même la courbure de la terre. Sans même que nous nous en rendions compte, il est déjà l’heure du repas du soir. Au souper, les plus vieux entonnent « Dès que le vent soufflera » de Renaud. Les jeunes sont médusés… (La pognez-vous? Les jeunes sont « médusés »… On est sur la mer… La mer, les méduses… En tout cas… Rappelez-vous qu’on n’a pas beaucoup d’heures de sommeil en banque… Merci de votre compréhension.)