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Expéditions

Auteur

Valérian Mazataud

Notre camp

Nous quittons la civilisation, chargeons notre matériel, installons notre camp de base et testons le ski-hok avant de nous préparer à passer notre première nuit en camping d’hiver.

Sous la protection des montagnes

Sous le Shaputuan (maison longue) le groupe est assis en cercle et mange à la lueur des bougies. Les rires fusent autant que les compliments au chef, Fred qui cuisine dans la tente voisine (Poulet général Tao, recette disponible sur demande). À chaque extrémité de la tente, un poêle à bois réchauffe l’atmosphère. C’est aujourd’hui notre première nuit de camping d’hiver, une perspective qui en inquiète quelques un. Nous y avons été préparés depuis le début du voyage. C’est même toute une science : comment s’habiller, où ranger sa pâte à dent pour qu’elle ne gèle pas, comment se réchauffer sans sortir de son sleeping bag (Ève-Marie conseille les développements couchés). Mais surtout LA question existentielle que tout le monde se pose : «Sortir dans le froid pour aller faire pipi ou attendre jusqu’au matin ?» La réponse en bas de l’article.

Au dehors, Chandra, Vincent et Sarah font la vaisselle sous la constellation d’Orion. Nous avons monté notre camp au pied des Monts Groulx enfin de matinée. Peu avant nous laissions derrière nous les dernières traces de civilisation et les hordes de motoneigistes de la Station Uapishka. Après un kilomètre de marche nous nous retrouvons enfin seuls face au silence, entourés d’épinettes et de lagopèdes, sous la protection des montagnes. Aurélie y a trouvé un défi surprenant et facile à surmonter : «se déconnecter du monde et vivre le moment présent.»

Camp de base

Mais avant de nous retrouver au calme, il y avait beaucoup à faire. Tout d’abord charger tout notre matériel sur les traineaux des motoneiges. Je vous parle de beaucoup de matériel, pour dix-huit personnes : un Shaputuan, quatre tentes d’appoint, une vingtaine de duffel bags pleins de vêtement et d’équipement, plusieurs dizaines de paires de skis et de raquettes, plusieurs réchauds à gaz, deux poêles à bois, une gigantesque trousse de premiers soins, des réserves de nourriture pour plusieurs jours, une antenne satellite et surement quelques autres choses.

Une fois sur place, sous le soleil, un petit groupe entame la construction de la maison longue sous la direction de Fred. De longue et solides perches de bois sont dressés et attachées avec des cordes avant d’être recouvertes de plusieurs grandes bâches. À l’extérieur on s’active à installer les autres tentes, et un autre groupe sculpte un tas de neige pour servir de comptoir de service. On retrouve même de longs billots de bois enfouis, idéal pour servir de bancs. Ce sera notre camp de base pour les deux prochains jours.

Marcher en glissant

Et dans cette journée déjà bien chargée nous avons aussi trouvé le temps de tester notre nouveau moyen de transport : le ski-hok. Plus court et plus large qu’un ski de descente, on peut l’enfiler avec de simples bottes d’hiver, comme des raquettes, et le talon n’est jamais fixe. La moitié de sa surface est recouverte d’une peau de phoque (un anti-dérapant). Pour avancer on marche en glissant, sans autant d’inertie qu’en ski de fond et sans lever les pieds comme on le ferait en raquette. Le parcours d’aujourd’hui, moins de deux km, visait à découvrir le matériel et la technique. On peut dire que tout le monde s’est bien débrouillé, surtout au vu des difficiles conditions de neige, recouverte d’une couche dure et gelée. Pour Chandra, il y avait un autre défi à surmonter, «suite à mon traitement, j’ai perdu beaucoup de technique et j’ai eu un peu peur dans les descentes». Pourtant quand est venu le temps de rentrer c’est la première à avoir poussé le groupe à continuer plus longtemps la randonnée. Quant à Vincent, qui n’en était qu’à sa deuxième sortie de ski à vie, et malgré plusieurs chutes, il a avoué avoir «envie de trouver encore d’autres pentes à descendre avant de rentrer au camp».

Ce soir tout le monde va sans doute bien dormir. Et malgré le froid on entend encore les rires et les récits des constellations.

Réponse : Sortir dans le froid pour aller aux toilettes est la meilleure solution !

 

Valérian Mazataud, photographe-blogueur bénévole pour la fondation Sur la pointe des pieds