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Expéditions

Auteur

Marie-Hélène Beaudry

♫ « On n’apprivoise pas les chats sauvages; pas plus qu’on met en cage les oiseaux de la terre »♫ : c’est au son de douces voix et de ukulélé que nos évadés se réveillent après une nuit crispie. Fraîche, mais tellement calme, qu’hier soir la grande ourse avait l’air d’être tombée dans le lac… Wow, une chanson « qui parle d’amour et de liberté »; décidément une toune de circonstance pour la grande évasion!

Après s’être enfilé un succulent taco-déjeuner (ou deux! Le double-repas c’est une vraie tendance dans cette expé; on y reviendra) le groupe a décidé de grimper le dos d’un éléphant. À pas de souris comme à pas de géant, tout le monde, solidaire, s’est élevé au sommet du dos de roc imposant. Ce fut un endroit de prédilection pour une première petite méditation.

En milieu de matinée, avec les nouveaux capitaines Mady et Gab à la barre, nos deux gondoles boréales se sont enfilées direction plage : un spot de rêve pour « chiller un bon coup » (de quoi déclasser Pointe-Calumet sur un moyen temps!) Le soleil nous a doré la couenne, une chaleur franchement appréciée après notre nuit frette. Aujourd’hui, Érika ne s’est pas fait prier pour rejoindre les deux bélugas de la veille pour une baignade, ma foi, très extensive pour la fraîcheur du réservoir. Les fesses dans le sable et la panse bien pleine d’un lunch délicieux, les cordes (celles des ukulélés comme les vocales) se sont laissé vibrer de nouveau. Le crépitement d’un petit feu de bois flotté faisait office de trame de fond. T’sais veux dire comme disait l’autre : un moment simplement LI-BÉ-RA-TEUR!

Malgré tout, sachez que l’expédition apporte son lot de défis. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que ce n’est pas si facile de partir de chez soi vers l’inconnu pour camper au froid, ramer, adapter ses habitudes, utiliser du nouveau matériel, passer autant de temps dehors en octobre, être entouré de nouvelles personnes, etc. Ah, oui! Et le tout en traitement… Seriez-vous « game », vous-là, qui me lisez, souhaitons-le en relative santé, probablement du confort de votre salon? Moi je ne suis pas certaine…

Sur ce, aujourd’hui, j’ai été témoin d’un instant magique au sujet duquel je tiens absolument à témoigner. À un moment, l’une des participantes en a eu assez de se dépasser au-delà de toutes ses limites; c’était rendu moins l’fun, voire plus pentoute. Heureusement, un précieux visiteur est alors venu supporter l’équipe médicale et offrir sa plus douce médecine. Avec ses robes orange et noires un grand papillon s’est posé humblement sur le bout de son doigt et a su instantanément ramener le sourire et la lumière dans les yeux de l’évadée fatiguée, mais encore capable de contemplation. La nature, ça guérit, il n’y a pas de doute.

Quand l’appétit va

Comme promis ci-haut, voici un peu plus de détails sur la note des doubles-repas : C’est une des bénévoles, « mi-femme-mi-cookie-monster » qui a lancé la « trend » en double-lunchant à la première occasion; plusieurs ont suivi le bal dès le repas suivant. En ramant, une participante m’a partagé sa joie immense à l’idée de manger en plein air, de pouvoir se laisser envahir par un appétit de loup grâce à la pratique du sport. Ça m’a marqué de la voir si réjouie à l’idée de quelque chose qui peut sembler aussi banal que d’avoir faim. Par son partage, elle m’a invitée à ressentir de la gratitude envers ma capacité de ressentir la faim et de la rassasier en mangeant une diversité d’aliments savoureux. Ça semble simple, mais j’ai appris que les traitements contre le cancer, ça donne souvent des foutues grosses nausées et que ça rend la relation à la nourriture parfois bien complexe. Ce soir, en soupant, tout le monde était tellement reconnaissant de la cuisine des Trois Mousquetons de la logistique. Ça y allait d’un grand concert de MMMmmm et de Miammmm; des sons doux qui maintenant prennent toute une autre dimension.

Les 15 mots de la fin

Pour ceux et celles qui sont familiers avec les expéditions de la fondation, vous savez qu’on s’offre un cercle de paroles le dernier soir où tout le monde est invité à partager un mot pour décrire leur séjour. Je vous en fait cadeaux :

« Acceptation, Beau défi, Qualité, Lucidité, Lâcher prise, Renouveau, Sérénité, Humilité, Découverte, Reconnaissance, Amour, Inoubliable, Résolution, Douleur (mais la bonne), Terminaison/réussite. »

Allez-vous-en pas trop loin, là, ce n’est pas tout-à-fait fini, une journée flambant neuve nous attend demain pour conclure cette grande évasion. J’ai hâte qu’on se retrouve, vous-là et moi, je commence à m’attacher à vos yeux bienveillants qui parcourent ces lignes et à vos sourires en coin qui percent l’écran! C’est tellement un privilège d’agir comme un porte-voix entre vous et les évadés, merci pour votre confiance. À très bientôt!

 

Marie-Hélène Beaudry

Blogueuse-Photographe pour la fondation Sur la pointe des pieds

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